À l’enfant éternel
Longtemps, tu es resté empêtré dans ta « vie de martyr ». Tu ne voulais pas lâcher l’ « oppresseur » avant qu’il n’ait reconnu ses torts. Tu attendais que change le monde autour de toi. Tu te débattais avec le passé, incapable de vivre le présent, d’envisager l’avenir. Tu refusais cette vie, tu en voulais une autre, plus belle, celle à laquelle tout enfant a droit. Plus le temps passait et plus la vie t’était insupportable. Le monde entier ne pouvait suffire à combler ton abîme. Un jour, n’en pouvant plus de ce mal-être grandissant, tu as compris que tu étais le seul à décider : renaître ou te laisser mourir. L’entame et la poursuite de cette mutation intérieure furent la plus rude épreuve de ton existence. Tu t’enfonçais seul dans des contrées inconnues, loin de tes semblables. Tu faisais abandon de tes certitudes et détruisais un à un tous les murs que, pour ta survie, tu avais érigés contre les autres et contre toi. Il te fallut briser le silence qui tue et remonter les mots qui sauvent. Malgré la honte de l’aveu, il te fallut reconnaître que tu allais mal, plus mal que d’autres peut-être. Il te fallut regarder en face ce que tu avais toujours fui et que personne ne devait savoir. Il te fallut traverser la haine, la honte, la culpabilité, l’angoisse du vide, la peur de devenir fou comme ton père. Il te fallut inventer un présent à partir du néant. Et tu n’avais d’autre choix que de poursuivre ce que tu avais imprudemment entrepris. Pour toi et pour les tiens. Pour tenter de ne plus perpétuer l’héritage familial, pour t’affranchir du passé, pour ériger des lendemains meilleurs. Tu le savais confusément : tout retour en arrière était impossible. Et chaque victoire s’avérait irréversible. Tu avais le sentiment angoissant de briser le silence pesant de ta mère, de trahir un honteux secret de famille. Peu à peu, tu découvris que ton aventure n’avait qu’un seul but : ressusciter l’enfant mort, rebâtir tes fondations. Et, à cette fin, exhumer le passé que tu n’avais cessé de refouler. C’était une question de vie ou de mort, un besoin vital. Mais, aujourd’hui, tu le sais d’expérience, aucun autre voyage, aucune croyance n’aurait permis de mieux te connaître et de porter sur la vie un regard viscéralement neuf. Aucun voyage, aucune croyance ne t’auraient permis de remonter des enfers et de naître au monde. Aujourd’hui, pour en avoir payé le prix fort, tu connais le prix inestimable de la vie. Désormais, les apparences ne comptent plus guère, tu vois et comprends la détresse cachée qui déchire tant de tes semblables, tu sais les mille et un détours de l’esprit pour ne pas voir ce que le corps sait infailliblement. Tu sais la quête – parce que singulière, mais universelle – qu’à leur tour il leur faudrait mener. Tu sais que tu es loin d’être le seul à avoir connu l’enfer. Tu sais aussi que, jusqu’à ton dernier souffle, il te faudra encore lutter pour que la lumière pénètre davantage tes terres. Tu sais qu’il n’y a pas d’autre vie à attendre. Contre toute espérance, tu sais enfin que la vie peut être belle et désirable. Et tu voudrais que tes mots rejoignent ceux qui se sont perdus en chemin. Tu voudrais leur dire qu’ils portent en eux leur rédemption. Qu’à leur tour, ils peuvent sortir de leur «détresse impensable».
Tu voudrais leur tendre la main.
Pascal HUBERT
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Les dictateurs s’entendent à camoufler, avec les mots grandiloquents de la morale érigée,
nos besoins naturels et nos émotions légitimes. Ou par des violences de toutes espèces…
Ou, alors, pour justifier lesdites violences qui nous massacrent, nous asphyxient, ils nous emprisonnent dans un corps dont ils nous ont dépossédés, criminellement.
Leur emprise a structuré lentement notre pensée colonisée.
Notre métabolisme se révoltait de diverses manières.
Car il s’affolait de voir notre instinct brisé par l’homéostasie.
Car Il fallait avoir l’air normal, dans l’aliénation.
Nommer les émotions nous était interdit.
Donc le corps était déshabité.
Et camouflée, notre réalité, avec des discours qui prétendaient paralyser notre force naturelle pour s’y substituer et l’asphyxier.
C’est là l’héritage des religions séculaires qui contrôlent la culture familiale, qui imposent leur culture du viol, psychique et physique.
VICTOR KHAGAN
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