Chacun.e porte en lui.elle sa propre rédemption
Les blessures qui ne se voient pas
Nous font du mal bien plus que toutes les autres
On les enferme au fond de soi
Mais est-ce que toute une vie on les supporte ?
Florent Mothe [1]
Partir à l’aventure
J’écrirai l’amour comme j’ai écrit la mort. J’écrirai la lumière comme j’ai écrit l’obscurité. J’écrirai l’apaisement comme j’ai écrit l’angoisse. À mesure de ma renaissance, à mesure de la remontée du gouffre. J’écrirai pareil, le jour comme la nuit. Le jour après la nuit. Et j’emmènerai avec moi tous ceux qui connaissent l’effroi, le vide, la tentation d’en finir. Je leur ferai goûter la lumière de mes mots, l’espoir au-delà du désespoir. Je les empêcherai de renoncer à la vie. Je leur dirai qu’ils portent en eux leur propre rédemption. Qu’ils peuvent renaître à partir de leur nuit.
Il est une aventure hautement spirituelle, profondément humaine. Elle exige que nous abandonnions tout savoir, toute croyance, tout faux-semblant. L’être nouveau naît d’une dénudation, d’un silence intérieur, d’une profonde solitude. Lorsque nous croyons avoir tout perdu, jusqu’au sens même de cette vie, peut alors commencer une lente mutation.
Avant ton prochain, tu commenceras par t’aimer
Commencer par s’aimer, intégralement. Voilà le difficile pour qui a connu l’abandon, la solitude, la maltraitance ou toute autre épreuve. Pourtant, c’est par là qu’il nous faut commencer. S’autoriser à s’aimer, rejoindre peut-être l’enfant qui dort en soi. Rejoindre son cri silencieux, son angoisse mutique, son innocence originelle. Se donner à soi-même ce que nous n’avons peut-être pas reçu enfant. Cet enfant qui a parfois subi l’horreur, n’est responsable de rien. « Regarde-le enfin, tends-lui la main. » Pour le sortir, peu à peu, du gouffre où il est peut-être tombé.
Renaître de ses cendres
J’écrirai avec des mots fragiles, qui ne font pas de bruit. La vérité, la connaissance de soi, l’amour de l’autre. Tout cela est si délicat. Simple murmure qu’un rien balaie. Mais reprendre encore, sans crainte, sans plus désespérer. Le jour revient après la nuit, la paix après l’angoisse. Au fond de l’épaisse forêt, là où se vit parfois le « corps à corps », la lente mutation se poursuit, la source jamais ne s’éloigne ni ne tarit. Descendre en soi, la « chose sans nom » est là. Impalpable encore, à l’état brut, affreusement abîmée peut-être. Mais il est possible de renaître de ses cendres, de devenir enfin ce que nous sommes au plus profond. Si nous consentons à mourir, à tout perdre. Étrange paradoxe s’il en est. Mais d’une réalité bouleversante. La vie se découvre à mesure de nos pas vers l’inconnu. Jamais elle ne s’arrache, toujours se reçoit.
J’écrirai encore son « nom de chair »
Cette « chose sans nom », c’est notre chemin d’intériorité, c’est la « source », c’est l’ « amour ». Et cette vie nouvelle qui commence à surgir, je la dois à tous ces êtres bienveillants qui ont su m’aimer, lorsque je ne croyais plus en moi. Et même s’ils l’ignorent, moi je ne peux l’oublier. Et de renoncement en renoncement, de découverte en découverte, de toi à moi et de moi à toi, j’écrirai encore son « nom de chair ».
Pascal HUBERT, Golias Hebdo, n° 527
[1] Florent Mothe – Les blessures qui ne se voient pas (Audio Officiel), https://goo.gl/Ht25Yj
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