« L’unité était considérée comme plus importante que notre propre conscience. J’avais renoncé à tout pour ce saint objectif dans lequel j’espérais trouver l’accomplissement. Mais je ne réalisais pas que le prix en était ma personnalité la plus authentique. Plus je sombrais dans la vie d’unité, moins j’étais capable de former mes propres opinions et de maintenir un point de vue critique. J’étais sans identité. »
Monique VAN HEYNSBERGEN
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Interview de Monique VAN HEYNSBERGEN, par Johan DETRAUX (SAS Belgique)
Le livre « BEVRIJD » (traduction : « LIBÉRÉE ») de Monique VAN HEYNSBERGEN (54 ans) a été récemment édité. Depuis l’âge de 10 ans, Monique a été membre de la Communauté Focolare dans la ville où elle est née, Eindhoven, en Hollande. Elle est devenue le modèle idéal des jeunes Focolare. Sa photo était même sur le mur dans le centre mondial à Rome. Surtout, Monique a été membre de cette « secte » catholique pendant 25 ans. Nous voudrions attirer l’attention sur son histoire et sur son livre.
Comment êtes-vous entrée dans les Focolare ?
Enfant à l’âge de 10 ans, je suis entrée en contact avec les Focolare, un mouvement démarré en Italie en 1943 par Chiara Lubich récemment défunte. Le but du mouvement est de vivre étroitement conformément à l’Évangile, comme faisaient les premiers chrétiens : dans l’amour envers Dieu et dans l’amour mutuel envers tous les proches. L’objectif est de réaliser cette unité à travers le Monde.
Mon père venait de mourir et notre famille, qui comprenait ma mère et quatre jeunes enfants, fut invitée à une rencontre d’été des Focolare, une rencontre qui a duré plusieurs jours. Attristée par tout ce que je devais traverser durant cette période, j’étais réceptive à l’amitié des gens dans les Focolare et à la façon dont ils me souriaient si gentiment. C’était exactement ce dont j’avais besoin. J’avais été élevée avec une foi solide, et la réalisation de la spiritualité était déjà présente très tôt dans ma vie.
Ce que j’entendis dans les Focolare me fascina. Cela me paraissait merveilleux d’être si unis les uns aux autres et de reconnaître que l’on était une partie d’un plus grand ensemble.
À Eindhoven, où je vivais à cette époque, il y avait une communauté Focolare, Focolare étant le mot italien pour foyer (coin du feu). Après l’école, j’allais souvent là, presque chaque jour. Quelquefois je restais la nuit. Je recherchais là la sécurité.
Naturellement, souvent je participais à des rencontres et j’aidais à organiser des activités pour des jeunes. Le soir, au lit, je lisais les livres de méditation de Chiara et j’y prenais plaisir. J’étais enthousiaste et de façon fanatique j’essayais de convaincre autant de gens que possible au sujet de notre grand idéal d’Unité. J’étais certaine que j’avais la vocation de devenir une « focolarina ». Je voulais dédier ma vie à Dieu et, en tant que disciple de Chiara, je voulais renoncer à tout pour aider à réaliser les paroles de Jésus : « Qu’ils soient un. »
Puis j’arrivai à mes 19 ans, je reçus l’approbation du centre romain pour mon entrée. On me permettait de vivre chez les Focolare d’Amsterdam. C’est là que j’ai vécu jusqu’à l’âge de 34 ans. En 1988, j’ai quitté le Mouvement.
Comment était la vie dans la communauté ?
Durant de nombreuses années, j’ai fait partie de la communauté Focolare, vivant d’ordinaire avec cinq ou six autres femmes. De façon occasionnelle la composition changeait. De temps à autre, quelqu’un était envoyé dans une autre maison des Focolare dans un autre pays et quelquefois une nouvelle personne nous rejoignait. À part nous, il y avait aussi des Focolare hommes.
La plupart d’entre nous avaient un job en dehors des Focolare. J’étais employée comme travailleuse sociale et je donnais tout mon salaire à la communauté. Tout le monde le faisait. Les soirées étaient toujours occupées par des réunions pour notre propre communauté, pour les jeunes ou pour les sympathisants de la sphère tournant autour des Focolare. Nous écoutions des discours donnés par Chiara ou parlions de nos propres expériences de vie dans l’unité.
Des réunions se tenaient souvent dans notre maison, quoique nous voyagions fréquemment à travers le pays dans notre mission apostolique. Nous étions occupées jusqu’à une heure tardive en soirée et ce n’était pas facile de trouver du temps pour la prière et la méditation (sur la base des écrits de Chiara) mais cela faisait aussi partie de notre programme quotidien. En outre, les week-ends étaient également occupés avec des rassemblements ou la préparation de grands événements. En plus de tout ceci, il fallait trouver du temps pour accomplir les tâches ménagères. Il n’y avait jamais de temps pour autre chose que les Focolare. J’avais un manque de sommeil chronique.
De quels éléments de type sectaire avez-vous fait l’expérience dans les Focolare ?
Un des concepts clés dans les Focolare est l’image de rêve d’un Monde idéal. Mais ceci doit se conformer à une importante hiérarchie spirituelle. S’il s’agissait de la vie dans la communauté ou d’un rassemblement impromptu, il y avait toujours une capo, une « responsable » avec qui vous deviez « faire l’unité ». Cette personne avait la grâce d’exprimer ce qu’était la volonté de Dieu. Y faire objection était inacceptable, on ne posait pas de questions. Les émotions, la créativité ou une idée personnelle devaient être gardées pour soi de façon à être un avec la capo, parce que c’était la façon d’être unifié avec Chiara, et elle avait le « charisme de l’unité ». C’était comme si nous étions unies à travers les vaisseaux sanguins d’un grand corps mystique. Nous utilisions les slogans donnés par Chiara. De cette façon-là nous avions notre propre langage insaisissable pour les gens de l’extérieur. En de nombreuses occasions, on m’a dit : « Monique ne doit pas exister, Monique doit mourir pour l’unité. »
L’unité était considérée comme plus importante que notre propre conscience. J’avais renoncé à tout pour ce saint objectif dans lequel j’espérais trouver l’accomplissement. Mais je ne réalisais pas que le prix en était ma personnalité la plus authentique. Plus je sombrais dans la vie d’unité, moins j’étais capable de former mes propres opinions et de maintenir un point de vue critique. J’étais sans identité.
L’an dernier j’ai entendu une déclaration intéressante de Job COHEN, maire d’Amsterdam : « Nous les humains sommes tous semblables et nous sommes tous différents les uns des autres. La beauté est d’assembler ces différences. » Dans les Focolare je n’ai jamais fait l’expérience de l’unité comme une humanité commune, mais comme une commune soumission à une doctrine, à une personne.
Pour garder en main le mouvement qui se développait, il y avait un système de contrôle total. J’ai fait l’expérience de la façon dont tout, jusqu’au plus petit détail, était rapporté à la responsable. Tout était enregistré, tout était partagé. Il n’y avait pas de liberté de pensée personnelle. Même les pensées les plus intimes devaient être « apportées à l’unité ». Il n’y avait pas de vie privée en aucune façon.
Pour les plus grands rassemblements, les dénommés « anges gardiens » étaient désignés pour passer le temps avec les gens qui étaient là pour la première fois ou pour garder un œil sur les « personnes difficiles ». Les soirs, nous devions rapporter qui avait dit quoi. D’une façon régulière, tout était rapporté au centre à Rome. Je n’ai jamais ressenti la plus petite occasion pour une action spontanée de ma part, parce qu’en agissant ainsi, je me serais mise en dehors de l’unité.
Pouvez-vous dire un peu plus au sujet du livre que vous avez écrit à propos de votre vie dans les Focolare ?
Je suis maintenant âgée de 54 ans et j’ai écrit un livre sur ma vie, sur la route sur laquelle j’ai cheminé depuis ma naissance, sur ma prise de conscience, sur mon développement et sur l’exploration de ma force – l’histoire de ma guérison. Quoique cela fasse plus de 20 ans que j’ai quitté les Focolare, rétrospectivement et en travaillant sur mon livre, j’ai progressivement réalisé combien la secte avait eu un impact envahissant sur ma vie – c’est le chapitre le plus essentiel de mon livre, parmi plusieurs autres.
Élevée en transition entre le signe du Poisson et le signe du Verseau, mon livre – et ma progression personnelle – traite beaucoup de la façon de prendre distance des gourous et leaders ; de la façon d’accroître la découverte de mon autonomie et de ma liberté. Il traite du dépassement de la croyance enfantine dans laquelle la « mère » dicte et j’obéis comme un enfant, et plutôt vers une spiritualité adulte, c’est la façon de trouver une profonde relation personnelle avec la Source de Vie – une relation dans laquelle aucun Mouvement ou aucun leader ne peut interférer.
Bien sûr, je prends mon inspiration de personnes avisées, intéressantes, d’un bon livre ou d’un bon film, ou simplement des choses que la vie m’apporte. Cependant, c’est juste comme prendre de l’essence – quelquefois j’ai besoin de carburant pour avancer, mais le propriétaire de la station d’essence ne me dit plus quelle route emprunter. Maintenant, je fais mes propres choix. C’est ma voiture et je suis derrière mon volant à moi.
Naturellement, prendre sa vie en mains n’est pas facile après qu’il y ait eu tant de « pensées » pour votre propre compte pendant plus de 20 ans. Le processus de croissance a été douloureux. Mon développement a été stoppé pendant si longtemps, aussi je devais m’accrocher pour apprendre. Je devais considérer les questions suivantes : « Qui suis-je ? », « Quelles sont mes limites et comment est-ce que je respecte les limites d’autres personnes », « Comment je me définis par rapport à la sexualité ? », « Comment puis-je, en tant que femme adulte dans le monde, avoir un cœur ouvert pour les autres et avoir encore confiance en moi-même ? »
Une grande partie de mon livre décrit les embûches que j’ai rencontrées. Après quinze ans de chute et de redressements, avec des thérapies intensives et le soutien d’amis que je me suis fait le long du chemin je peux maintenant dire : « Je l’ai fait. » Je suis devenue qui je suis, un être humain parmi beaucoup d’autres. Je suis allée si loin que je peux maintenant signifier quelque chose pour d’autres qui ont des expériences comparables, sans chuter moi-même. Je me tiens forte et je suis heureuse d’aider d’autres qui ont des problèmes dans le domaine des sectes.
Finalement, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de cet article ?
Dans mon passé, y compris la période Focolare, je ne voyais ni bien ni mal. Il n’y avait pas de « blâme ». Je me demande maintenant : « Pourquoi est-ce que j’ai laissé les choses dont je ne suis pas fière et pourquoi est-ce que j’ai suivi si fanatiquement les gens des Focolare à ce moment-là ? » Personne ne me forçait. Je l’ai fait moi-même. C’est arrivé de la façon dont c’est arrivé parce que, d’abord comme enfant et plus tard comme adolescente, j’étais incapable d’agir autrement ou de voir comment je pouvais faire les choses d’une autre façon.
Dans mon livre, je décris ma vérité, comment j’ai fait l’expérience des choses. Outre des expériences positives, j’ai aussi des souvenirs négatifs de certaines personnes et de certains événements. Mais ce que je vois aussi c’est que les gens des Focolare sont attrapés dans leur propre « système ». Ils n’ont pas de mauvaises intentions, mais, probablement, ils ne sont pas capables de faire les choses différemment. À partir de là, mon livre n’est pas une accusation ou une critique des Focolare. Tout être humain, homme ou femme, a son propre cheminement à faire. Je veux avoir un regard de tendresse sur les autres – et sur moi-même.
Monique VAN HEYNSBERGEN, ex-membre du Mouvement des Focolari (Nederland)
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« BEVRIJD ! »
Over identiteitsverlies en de lange weg naar heelwording
Dit boek beschrijft hoe ik er in mijn jeugdjaren toe kwam mij aan te sluiten bij de religieuze Focolare Beweging, twintig jaar doorbracht in wat een sekte bleek te zijn, en hoe het na mijn uittreding evenzoveel jaar duurde om het heft in eigen handen te nemen. Een aantal hoofdstukken geeft een beeld van wat zich achter de façade van een sekte afspeelt, de indringende impact van hersenspoeling en manipulatie, en vervolgens de moeite die het kost om er van los te komen. Toch is dat niet de kern van het boek.
Het is een healing-story. Door een reeks gebeurtenissen in mijn leven was ik wel ‘in de wereld’, maar in zekere zin ook geïsoleerd in mezelf. Om te overleven functioneerde ik gemaskerd. Het Focolare-hoofdstuk is slechts één onderdeel, ook al is het een groot onderdeel, van de reis die ik tot nu toe moest gaan. De lijn die ik door alle hoofdstukken laat lopen, is vooral gericht op het healingproces, de ontdekkingstocht van mijn kracht. Ik heb geprobeerd zo te schrijven, dat de lezer deze tocht kan meemaken.
Het verhaal speelt zich af tussen 1955 en 2004, aanvankelijk in Eindhoven, een korte periode in Italië, later in Amstelveen/Amsterdam. Ik beschrijf een aantal gebeurtenissen. Het lijken losse vertellingen, maar al lezend wordt duidelijk dat ze met elkaar verband houden. Ik vertel terugkijkend, soms beschouwend, maak regelmatig gebruik van flashbacks en in een later stadium ook van korte citaten uit dagboeken en brieven. Naarmate het boek vordert, verander ik van taalgebruik: van kinderlijk-dromerig naar volwassen-krachtig. De gedichten en illustraties zijn van eigen hand en bedoeld om emotionele beschrijvingen te ondersteunen.
Een eerlijk verhaal over misbruik, macht en grenzeloosheid. Maar vooral ook over de drang om te léven, ontwikkeling en bewustwording, over autonomie en essentie.
In een epiloog vertel ik hoe het mij nu vergaat: ik ben vrij, zichtbaar, ik ga ‘mijn weg’, een mens te midden van anderen.
Monique VAN HEYNSBERGEN
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