Église et sexualité ou le mythe de la pureté

Église et sexualité ou le mythe de la pureté

 

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« Il n’est pas de grande fondation qui ne repose sur une légende. Le seul coupable en pareil cas c’est l’humanité qui veut être trompée. » 

Ernest Renan, La vie de Jésus

                                              

Parler sexe dans l’Église reste encore un sujet relativement tabou. Je veux dire prendre le sexe pour ce qu’il est : une réalité proprement humaine, un bienfait, un plaisir parmi d’autres. Non plus pour ce que la théologie en a fait : un péché de la chair. « Qui veut faire l’ange fait la bête », disait déjà Blaise Pascal. Mais, comment expliquer cette défiance de l’Église à l’égard de la chair (et de la femme en particulier) ? Et comment en sommes-nous arrivés aux dérives, en particulier sexuelles, que traverse paradoxalement le clergé (pédophilie, orgies, thérapies pseudo-spirituelles, etc.) ? Il n’est possible, à mon sens, de comprendre l’ampleur du fléau qu’en remontant aux origines de l’abîme, aux « racines du mal » : au véritable « péché originel ».

Pour mettre au grand jour ce qui reste encore trop souvent caché, débutons par un peu d’histoire religieuse… 

 

À l’aube des religions, Dieu était une femme

« Les premières définitions de la virginité féminine ne relevaient pas de l’anatomie, mais de la religion. »

Knibiehler

 

Les premières représentations divines, remontant à vingt mille ans, étaient figurées sous des traits physiques féminins. En effet, la  déesse-mère ou la Grande Déesse sont les plus anciennes des figures sacrées identifiées à la fois dans le monde méditerranéen, européen ou indien,  avec notamment la figure de la femme donnant naissance à un taureau. Les déesses auraient ainsi précédé les dieux.

Merlin Stone, dans son livre Quand Dieu était une femme. À la découverte de la Grande déesse, source du pouvoir des femmes [1], nous apprend ainsi une réalité essentielle, curieusement perdue de vue depuis : à l’aube des religions, Dieu était une femme, Créatrice de la Vie, Reine du Ciel. Elle a été adorée par plusieurs peuples depuis le début de la période néolithique jusqu’à la fermeture de ses derniers temples, environ 500 ans après J.-C. Son culte s’est éteint, mais pas de lui-même : il a été victime de siècles de répression de la part des adeptes des nouvelles religions judaïques, chrétiennes et islamiques qui imposèrent la suprématie des divinités mâles. C’est de ces nouvelles religions que nous viennent le mythe de la création d’Adam et Ève et la fable du Paradis perdu.

Le pouvoir des mythes est tel qu’ils orientent notre perception du monde, conditionnent notre pensée et même notre sensibilité. Ainsi, il n’est pas sans intérêt de se poser, sans plus tarder, une question essentielle : pourquoi les adeptes des nouvelles religions se sont-ils battus si férocement pour effacer jusqu’au souvenir de ce premier culte, et pour imposer l’image de la femme éternelle servante ou séductrice ? Il s’agit bel et bien de briser des stéréotypes anciens et mis volontairement en place par trente siècles de pouvoir de la religion des hommes.

Ainsi, le culte de la Déesse Mère avec l’enfant dans ses bras fleurit jusqu’à l’apparition du christianisme où il est peu à peu remplacé par la vénération de Marie proclamée « Mère de Dieu » (Théotokos) par le premier concile de Nicée (en 325) : selon cette définition, Marie est une femme ayant donné naissance au fils de Dieu engendré en elle par le Saint-Esprit.

Des Vierges antiques à la Vierge catholique

Le concept de fils de Dieu, né d’une vierge, remonte à des millénaires, en Égypte déjà, donc bien avant le christianisme.

Le nouveau-né pharaon, d’origine égyptienne, est obligatoirement d’essence divine. Le nom du Dieu est associé à son nom : TOUT-ANKH-AMON (symbole vivant d’Amon), HOR-EM-HEB (Horus est en fête), RA-MES-SOU (Râ l’a engendré).

La mythologie grecque révèle également que trois déesses, Junon, Minerve et Diane, portaient l’épithète de partheneia, virginale. Pour les Grecs, l’idée de virginité et de maternité ne s’excluaient pas. Vierge-mère signifiait être mère sans le concours de l’homme.

La religion chrétienne n’a fait que reprendre à son compte cette mythologie, mais dans un sens malheureusement historique.

Ainsi, dans son livre Des eunuques pour le royaume des cieux (Eunuchen für das Himmelreich, 1989), la théologienne allemande Uta Ranke-Heinemann évoque de manière critique et documentée les questions de sexualité et de morale sexuelle dans la théologie et l’histoire de l’Église catholique, particulièrement dans ses relations avec la sexualité féminine. Son parcours des vingt siècles du christianisme montre comment se sont installés, à partir d’un héritage qui nous vient de l’Antiquité grecque, et se sont perpétués jusqu’à nos jours par l’intermédiaire du christianisme, « la méfiance à l’égard du corps et du plaisir, le pessimisme en matière de sexualité » [2].

Cette défiance maladive à l’égard du corps se traduira par le fait que Jésus serait le dernier enfant-roi né d’une mère enfantée par un Dieu. Dans la foulée, l’Église a promu, au fil des siècles, le développement d’une mariologie qui va faire de la mère de Jésus un être asexué, ni femme, ni épouse, ni mère authentique. Un être « pur » censé racheter Ève, la femme tentatrice, Adam et l’humanité déchue des suites du « péché originel », invention si chère à saint Augustin (élaborée au IVe siècle seulement).

Ainsi, le culte marial trouve son origine au IVe siècle lorsque l’évêque d’Éphèse était confronté à l’engouement des Éphésiens pour le culte de la grande déesse, Reine du Ciel : Artémis. C’est le concile d’Éphèse qui proclame que la vierge Marie est mère de Dieu. Elle est également proclamée « innocente et sans péché, inviolée, sans tache, qui a fleuri comme un lis parmi les épines… ignorante des mauvais penchants d’Ève ».

Dans son livre précité, Uta Ranke-Heinemann explique que « cette image de la conception virginale découle de la tradition métaphorique et mythique de l’Antiquité qui consistait à faire descendre les personnes célèbres de divinités du Panthéon. […] Seuls les chrétiens eurent ensuite l’idée de prendre ces images à la lettre, de les interpréter dans un sens biologique, non pas bien sûr celles qui concernaient les dieux païens, mais celles qui avaient trait à leur propre Dieu » [3].

On ne s’étonnera donc pas que de nombreux théologiens, dont Hans Küng ou Eugen Drewermann [4], mettent en doute le « fait », la réalité de la conception virginale de Jésus. Ce dernier relève ainsi qu’ « il y a longtemps que le vieil argument de l’historicité du christianisme, mis en avant depuis l’époque des Pères de l’Église, ne fait plus le poids face aux données de l’histoire des religions : ce qui dans les traditions des ‘païens’ n’est que pieuse invention (ou aveuglement diabolique) devient réalité historique dans le christianisme » [5].

L’Évêque anglican, John Shelby Spong, affirmera également que « la compréhension de la personne de Jésus comme incarnation de la divinité théiste doit être […] abandonnée. La christologie traditionnelle n’est plus crédible » et qu’ « interpréter le dogme de la naissance virginale du Christ comme une vérité biologique, rend incompréhensible l’affirmation de sa divinité » [6].

Force est encore de constater que le discours sur les femmes (son génie féminin)  est théorisé par des hommes. Force est ainsi de partager les propos tenus par Maud Amandier et Alice Chablis : « Les femmes n’auraient certainement pas inventé le récit du chapitre 2 de la Genèse, qui met en scène une femme, Ève, créée pour être une aide de l’être masculin, et qui est cause de son malheur. Elles n’auraient pas davantage imaginé une femme, Marie, tout à la fois vierge et mère, sans péché, humble, soumise et effacée. Elles ne l’auraient pas non plus donnée explicitement en modèle impossible à toutes les autres, avec une vocation au service jusqu’au ‘don total de soi’ » [7].

Cette vision archaïque et infantilisante de la femme « pécheresse » au service de l’homme fondera – théorisera –, nous allons le voir, l’ensemble de la théologie romaine : d’un côté, la chair diabolisée – en particulier celle de la femme, rangée aux côtés de Satan – et, de l’autre, la pureté exaltée, celle de Marie (nouvelle Ève), de son Fils (nouvel Adam) et de ses représentants célibataires (asexués)… le clergé.

Entre « pureté » et « sexualité »​ : de la Tradition à la modernité

« Les trois monothéismes – je dis bien  les trois – professent fondamentalement une même détestation des femmes, des désirs, des pulsions, des passions, de la sensualité, de la liberté, de toutes les libertés. » 

       Onfray

 

C’est un fait : les religions ont toujours exalté la virginité, signe de pureté. Le sexe, lui, étant le fruit du « péché ». Et c’est précisément cette « alliance » mortifère – cet idéal imaginaire – qu’il conviendrait de « briser » définitivement.

La sexualité serait donc la grande coupable, quand bien même la nature est sexualisée. Et c’est, précisément dans ce contexte que le clergé, lui, n’aurait pour seul modèle féminin que Marie, seule femme désirable de par sa virginité et sa soumission au projet de Dieu pour le Salut de l’humanité. Alors que la modernité s’est affranchie des mythes, la Tradition reste fondée sur des archétypes profondément ancrés : un monde divisé en deux, entre bien et mal, salut et perdition, chasteté et sexualité. Pareille vision de l’humanité ne peut être source que de graves dérives. Une vision proprement désastreuse, inhumaine.

Jean-Paul II, dans son exhortation Pastores gergis, parlait de « l’instinct sexuel », associé à de « l’idolâtrie » : « Il (l’évêque) encourage les prêtres, qui, appelés par la grâce divine, ont librement assumé l’engagement du célibat pour le Royaume de Dieu. Pour l’Eglise et pour le monde d’aujourd’hui, le témoignage de l’amour chaste constitue, d’un côté, une sorte de thérapie spirituelle pour l’humanité et, de l’autre, une contestation de l’idolâtrie de l’instinct sexuel » [8].

Ainsi, il s’agirait de racheter la faute originelle, en vue du Salut de l’humanité, préfigurant ainsi un « au-delà » asexué. Les prêtres, de par leur vocation, auraient cette mission de premier plan : configurés au Christ sans péché, ils participeraient à leur tour à la rédemption du monde.

Cette théologie du sacrifice trouvera son aboutissement dans la doctrine de l’Eucharistie, sacrement dans lequel le prêtre agirait « in persona Christi ».

John Shelby Spong a l’immense mérite de redire des évidences, lorsqu’il s’agit de revenir enfin à la raison et non plus à des croyances moyenâgeuses : « […] L’Église est le seul endroit où l’on puisse venir pour être sauvé. C’est l’Église qui contrôle le pardon et elle a intérêt à nous rendre aussi pécheur que possible afin que nous désirions davantage ce qu’elle a à offrir. La culpabilité est au cœur de son message. Le sentiment de culpabilité est ce que l’Église offre sans cesse et toujours davantage. Le péché est sans doute caractéristique des limites de notre humanité, mais le châtiment de Dieu est l’enfer éternel. Quelle justice ! Disons encore un mot sur Darwin. Sa théorie de l’évolution s’oppose à l’idée de la chute de l’humanité perdant une perfection originelle. L’évolution dit que l’humanité évolue vers une perfection dans un avenir éloigné qu’elle est loin d’avoir jamais connu. On n’atteint pas la perfection avant d’avoir terminé l’évolution. La tradition chrétienne dit qu’on est tombé de la perfection dans le péché originel. Darwin dit qu’il n’y a jamais eu de perfection originelle et qu’il n’y a donc jamais eu de chute. La doctrine du péché originel n’a pas de sens. Notre problème n’est pas que nous sommes tombés dans le péché, notre problème est que nous n’avons pas encore atteint notre perfection » [9].

C’est donc à un changement de paradigme qu’est invitée l’Église. Elle doit entièrement repenser la femme et l’homme, et donc sa théologie du sacrifice, si elle désire réellement redevenir audible à nos contemporains.

Disons-le clairement : son discours en matière de sexualité n’est tout simplement plus crédible, qu’il s’agisse du rôle de service dévolu à la femme, de la contraception, de l’homosexualité, de sa conception de la virginité, de la « famille chrétienne » ou de la prêtrise. Bref, ce que l’Église ne cesse de qualifier de « péché », dès qu’il y aurait déviance à une « loi naturelle » ou « divine » qu’elle seule édicte, doit être abandonné. Il s’agit bel et bien de désacraliser le christianisme et d’en revenir à nos réalités proprement humaines qui requièrent nécessairement une réponse adaptée aux situations particulières et aux époques que l’humanité traverse. Ainsi que le souligne André Paul, théologien et historien : « La ‘loi naturelle’ est en fait une pure fiction idéologique : on la découvre chez Platon puis chez les philosophes juifs de culture grecque, enfin chez les premiers codificateurs chrétiens, au IIe siècle. Je note que bien souvent, des textes bibliques ont été sélectionnés, biaisés sinon manipulés afin de mieux justifier le système, officiellement la Tradition » [10].

Force est de constater que la modernité est bel et bien apparue avec la fin de la tutelle exercée par les autorités religieuses sur la manière de penser et d’agir.

Comme le montrait déjà Jacques Ellul, dans « La subversion du christianisme » [11], il n’existe pas une simple dérive entre l’Évangile et le christianisme, mais une contradiction fondamentale, une véritable subversion.

Ainsi, il s’agirait pour l’Église de déconstruire sa vision d’un Dieu anthropomorphique, d’un Livre révélé (dont elle seule serait la bouche autorisée !), ainsi que le rôle qu’elle s’est attribué au fil des siècles [12]. Venons-en à ce dernier.

De la séparation du politique et du religieux : de la soumission à une Vérité à la liberté de ne pas croire

« Nous avons assez de religion pour haïr et persécuter. Et nous n’en avons pas assez pour aimer et pour secourir. »

Voltaire

 

La religion au pouvoir s’exerça tel un régime totalitaire dans lequel le peuple se voyait assujetti à une pensée doctrinale unique. La servitude était alors forcée ou c’était la mort.

En 391, Théodose décrète que le christianisme est la religion d’État de l’Empire romain. En interdisant les cultes « païens », il met en place une intolérance généralisée et institutionnalisée à laquelle les autorités ecclésiastiques adhèrent. L’attitude autoritaire de l’Église s’appuie sur la doctrine de la « persécution juste » de Saint Augustin (354 – 430) : « Si nous voulons donc être dans le vrai, disons que la persécution exercée par les impies contre l’Église du Christ est injuste, tandis qu’il y a justice dans la persécution infligée aux impies par l’Église de Jésus-Christ. (…) L’Église persécute pour retirer de l’erreur, les impies pour y précipiter. Enfin, l’Église persécute ses ennemis et les poursuit jusqu’à ce qu’elle les ait atteints et défaits dans leur orgueil et leur vanité, afin de les faire jouir du bienfait de la vérité, les impies persécutent en rendant le mal pour le bien, et tandis que nous n’avons en vue que leur salut éternel, eux cherchent à nous enlever notre portion de bonheur sur la terre. Ils respirent tellement le meurtre qu’ils s’ôtent la vie à eux-mêmes, quand ils ne peuvent l’ôter aux autres. L’Église, dans sa charité, travaille à les délivrer de la perdition pour les préserver de la mort; eux, dans leur rage, cherchent tous les moyens de nous faire périr, et pour assouvir leur besoin de cruauté, ils se tuent eux-mêmes, comme pour ne pas perdre le droit qu’ils croient avoir de tuer les hommes. » [13].

La chasse aux hérétiques est ouverte. Elle dura environ 1.400 ans.

Et qui ne se souvient de l’axiome « Hors de l’Église, pas de salut », promulgué par le concile œcuménique de Florence, le 4 février 1442, dans la bulle Cantate Domino ? Celle-ci affirme, à propos de l’Église : « [La très sainte Église romaine] croit fermement, professe et prêche qu’aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l’Église catholique, non seulement païens, mais  encore juifs ou hérétiques et schismatiques, ne peuvent devenir participants de la vie éternelle, mais iront “dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges” (Mt 25, 41), à moins qu’avant la fin de leur vie ils ne lui aient été agrégés ; elle professe aussi que l’unité du corps de l’Église a un tel pouvoir que les sacrements de l’Église n’ont d’utilité en vue du salut que pour ceux qui demeurent en elle, que pour eux seuls jeûne, aumônes et tous les autres devoirs de la piété et exercices de la milice chrétienne enfantent les récompenses éternelles, et que personne ne peut être sauvé, si grandes soient ses  aumônes, même s’il verse son sang pour le nom du Christ, s’il n’est pas demeuré  dans le sein et dans l’unité de l’Église catholique » [14].

Notez bien, c’est toujours en se fondant sur l’autorité de la Bible (un mot, une phrase, dans tel Évangile, selon telle interprétation) que l’Église affirme et condamne !

Ce fut l’époque où la théologie était la reine des sciences, les sciences naturelles étant seulement à son service, de même que la philosophie. À partir du XVIIe siècle, la virulence de l’Inquisition ayant diminué, les sciences se sont émancipées de l’Église et du « savoir » aristotélicien. Elles ont pris leur autonomie, ce qui a permis le développement qu’on leur connaît.

Souvenons-nous également un instant de la crise moderniste qui frappa l’Église de plein fouet au XIXe siècle et la manière dont celle-ci y répondit. Celui qui déclencha la crise en 1902, Alfred Loisy, prêtre, prônait alors une lecture critique de la Bible, et donc de la Tradition. Il ne craignit pas d’affirmer que « le croyant ancien est […] un homme qui pratique l’obéissance intellectuelle, admettant en principe tout ce que l’Église enseigne, et acceptant sans examen tout ce qu’il connaît de cet enseignement ; ne discutant ni le sens ni la portée logique de ce qu’il croit ; se considérant dans l’Église comme un disciple qui apprend d’elle ce qu’il doit penser sur tous les grands sujets qui intéressent l’existence, ce qu’il doit faire pour être homme de bien, ce qu’il doit pratiquer pour être chrétien. C’est un homme dont toute l’activité se trouve ainsi réglée par une autorité extérieure, et qui n’a pas souci de penser par lui-même, qui se croirait coupable de prendre cette hardiesse, qui regarde comme une vertu la timidité intellectuelle. Il se défend de penser sur les questions religieuses, par crainte de penser mal ; il s’instruit de la religion dans les bons livres que lui recommande son directeur, et il n’a pas d’autres idées que celles qui lui sont garanties comme très orthodoxes et très sûres. Ce type de catholique existe, il ne faut pas le nier. Il n’est pas très répandu, tout au moins ceux qui le réalisent dans la perfection ne sont pas nombreux, quoi qu’on ait fait pour les multiplier. C’est que ce type n’est réalisable qu’au prix d’une abdication contre nature, à laquelle beaucoup résistent comme d’instinct, et que d’autres repoussent consciemment comme une violation de leur personnalité » [15].

George Tyrrell, autre moderniste et jésuite, résuma également bien l’enjeu : « J’ai toujours été […] presque exclusivement préoccupé de l’enseignement traditionnel dogmatique et de la difficulté de le concilier d’une part, avec les nécessités de la vie intérieure, et de l’autre avec les récentes découvertes de la Critique historique religieuse » [16]. Ainsi, la théologie contre laquelle il s’élève, « c’est celle qui puise ses idées dans les idées et non dans l’expérience ; qui nous donne des ombres d’ombres, au lieu d’ombres de réalités ; qui s’éloigne de plus en plus des faits et se perd au milieu des déductions invérifiées ; qui se fait le tyran et non le serviteur de la vie religieuse ; qui impose ses conclusions comme divinement révélées ‘sous peine de damnation éternelle’. C’est l’horreur qu’une théologie de ce genre inspirait au Christ qui a été la cause de sa mort concertée par les ‘Curalistes’ de Jérusalem » [17].

Le décret « Lamentabili » [18] du 4 juillet 1907 et l’encyclique « Pascendi » [19] du 8 septembre 1907,  tous deux de Pie X, condamnèrent le modernisme. La lettre pastorale du cardinal Mercier résume bien quelle sera l’attitude de l’Église à l’égard de ses membres qui tenteraient de faire entrer le « Siècle des Lumières » dans une doctrine qui se pense immuable, mais qui, aux yeux de certains, apparaissait de plus en plus obscurantiste. À défaut d’user encore de l’échafaud, il serait désormais fait usage de la menace de l’excommunication : « Oui ou non, avez-vous foi à la divine autorité de l’Église ? Acceptez-vous, extérieurement et de cœur, ce que, au nom de Jésus-Christ, elle vous propose à croire ? Oui ou non, consentez-vous à lui obéir ? Si oui, elle met à votre disposition ses sacrements et se charge de vous conduire au port du salut. Si non, vous brisez délibérément le lien qui vous unissait à elle, dont elle avait serré le nœud, que sa grâce avait sacré. Devant Dieu et devant votre conscience, vous ne lui appartenez plus » [20].

Pour son « modernisme catholique », Loisy fut ainsi excommunié par le pape Pie X le 7 mars 1908. Tyrell sera expulsé de la Compagnie de Jésus en 1906 et excommunié l’année suivante, en 1907. Une sépulture religieuse lui sera déniée, s’étant refusé à toute rétractation publique.

C’était l’époque où tout ce que le chrétien doit savoir est contenu dans la Bible, dont l’auteur est Dieu, ceci valant aussi bien pour le récit de la création du monde, tel qu’il figure dans la Genèse que pour la vie, la mort, la résurrection de Jésus-Christ, racontées dans le Nouveau Testament. Et l’Église pensait encore pouvoir affirmer que « l’unité de la foi chrétienne n’est sauve que dans l’Église catholique, l’Église catholique n’est stable que sur le siège de Pierre » [21] !

En réalité, seul un État laïc est capable de garantir le « vivre ensemble », la diversité d’opinions, de races, de croyances. [22]

En France, l’on se souviendra de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État. Elle couronne, en particulier, le combat pour l’émancipation du corps social du religieux, initié dès l’avènement des républicains à la tête du régime. Selon les mots de Michel Winock, dans l’Invention de la démocratie : « La laïcité est devenue un combat contre l’intransigeance catholique ; elle devient la base de la culture républicaine. » L’Église comme corps constitué est vue comme l’ennemi de l’émancipation politique des hommes.

Comme le souligne Élisabeth Badinter, philosophe française : « […] toutes les religions sont admises au sein de la République, pas les sectes. C’est cela la laïcité. L’État garantit une protection générale à tous afin que les personnes puissent pratiquer leur religion, mais il ne se mêle de rien. Chacun doit comprendre que les religions n’ont pas à faire   la loi en politique. Et j’insisterai, en second lieu, sur la séparation du public et du privé. C’est déterminant. La religion doit se limiter à l’espace familial et aux lieux de culte. La religion, c’est une affaire personnelle » [23].

La nécessité d’une stricte séparation du politique et du religieux montre bien, a contrario, les dangers intrinsèques de la religion qui voudrait imposer sa morale à tous au nom d’un prétendu « Plan divin ».

En somme, l’évolution des sciences dites « profanes », l’émancipation de la femme, l’avènement des droits de l’homme, la liberté de penser et de conscience, la liberté religieuse, l’État de droit, la confiance en la raison n’ont été rendus possible qu’en se dégageant, peu à peu, de la tutelle religieuse. Cela donne à penser sur le poids déraisonnable de la religion, sur la nécessité impérieuse de s’en libérer.

Au fond, ce n’est pas l’Église qui a changé, mais la société qui s’est sécularisée. Pour le plus grand bien de l’humanité. Avec Marcel Délèze [24], je suis d’avis que l’Église n’est pas une référence morale crédible.

Et retenons déjà bien ceci : « […] la morale exige de rejeter toute religion qui fait passer l’évitement du scandale avant la protection des enfants contre les atteintes sexuelles. Qu’il existe des prêtres pédophiles est choquant, certes, mais pas plus que les enseignants pédophiles. L’égarement de l’Église est ailleurs : alors que les enseignants sont immédiatement dénoncés à la justice et placés à l’écart des enfants, les prêtres pédophiles sont protégés par leur hiérarchie, simplement déplacés, et peuvent continuer leurs forfaits ailleurs. Les directives du Vatican imposaient le silence sous peine d’excommunication. Dans l’ordre moral défendu par le catholicisme, l’honneur de l’Église passe avant l’intégrité des enfants. Si la situation a récemment évolué, c’est n’est pas à la suite d’une prise de conscience éthique, mais parce que la société civile l’a forcée à agir mieux » [25].

De la liberté de ne pas croire. Plus l’ignorance et la peur reculent et plus il devient difficile de faire coexister dans un même individu les croyances religieuses et la modernité. De fait, je crois avec d’autres que ce n’est plus la Tradition, mais l’existence qui est le lieu de la vérité.

La religion ayant pour habitude de nous sortir du réel (le fameux Dieu « bouche-trou », de Bonhoeffer), il convient d’en revenir à un socle qui nous est commun : le respect des droits humains, de notre humanité commune.

Un peu de féminisme : du patriarcat vers l’égalité des sexes

Emma Goldman écrivait déjà en 1906 : « Il est de toute nécessité que la femme retienne cette leçon : que sa liberté s’étendra jusqu’où s’étend son pouvoir de se libérer elle-même. Il est donc mille fois plus important pour elle de commencer par sa régénération intérieure ; de laisser tomber le fait des préjugés, des traditions, des coutumes » [26].

Religion et sexe n’ont jamais fait bon ménage, nous l’avons vu. Il en découle, fort logiquement, que féminisme et religion sont pareillement incompatibles. Le féminisme ne peut qu’être laïc et universel, c’est-à-dire dégagé de la gangue du patriarcat et des idéologies religieuses qui sous-tendent la place réservée aux femmes.

En effet, Dieu est masculin, conçu par et pour les hommes. Dans cette construction, la place de la femme ne peut être que secondaire, au service de l’homme, soumise aux dieux misogynes [27].Il Au fond, il serait dans la nature des choses que la femme soit soumise.

L’institution catholique n’a d’ailleurs pas manqué de se montrer critique à l’égard du féminisme. Ainsi, le cardinal Joseph Ratzinger, devenu ensuite le pape Benoît XVI, avait reproché, dans une lettre de la Congrégation pour la doctrine de la foi adressée aux évêques de l’Église catholique en juillet 2004, au « féminisme radical » de vouloir reconstruire une identité féminine aux dépens de l’identité masculine : « Une première tendance souligne fortement la condition de subordination de la femme, dans le but de susciter une attitude de contestation. La femme, pour être elle-même, s’érige en rivale de l’homme. Aux abus de pouvoir, elle répond par une stratégie de recherche du pouvoir ». Ainsi, l’inégalité entre les sexes – cause de tant de discriminations injustes et injustifiables – est purement et simplement niée.

Il est vrai que Saint Paul préconise la soumission de la femme à son époux, tout en recommandant à ce dernier de l’aimer comme un autre soi-même : « Soyez soumis les uns aux autres comme au Seigneur Jésus. Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ; en effet, le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses. Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église, et s’est livré pour elle […] Les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Aimer sa femme, c’est s’aimer soi-même » (Épître aux Éphésiens 5.22 à 5.28). Il est encore dit que « tout homme qui prie ou prophétise le chef couvert fait honte à son chef. Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophétise, la tête non voilée, déshonore son chef : c’est comme si elle était rasée. Car si une femme n’est pas voilée, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Or, s’il est honteux pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasée, qu’elle se voile. L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme » (Corinthiens, 11, 4-7).

L’encyclique Casti Connubii de Pie XI, en 1930, dénonçait ainsi les « maîtres d’erreurs qui […] n’hésitent pas à attaquer la fidèle et honnête subordination de la femme à son mari. […] Ils proclament que tous les droits sont égaux entre époux ; […] ils prêchent orgueilleusement une émancipation de la femme, déjà accomplie ou qui doit l’être. »

Ainsi, une fois encore, à bien y regarder, ce sont les textes sacrés et leur interprétation par le magistère masculin qui entendent fixer de manière immuable – principe de la continuité dans la discontinuité [28] – la place qui serait réservée aux femmes dans la « création divine », c’est-à-dire de toute éternité et pour l’éternité.

Cette réalité, trop souvent ignorée ou occultée, ressort d’autant mieux lorsque les droits des femmes demeurent quasi inexistants dans certaines sociétés musulmanes, aujourd’hui encore, du fait d’une religion qui voudrait imposer sa doxa comme seule vérité. Cette tragédie est parfaitement décrite par des femmes, telles que, parmi d’autres, Leïla Slimani [29]. Ainsi, dans ses ouvrages Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc ou Dans le jardin de l’ogre et Chanson douce, où elle décrit une société schizophrène où les femmes n’ont pas d’autre choix que d’être vierge ou épouse.

Fawzia Zouari [30], dans son livre Le corps de ma mère, décrit également avec justesse la vision de la femme chez les islamistes. De même que Zineb El Rhazoui [31] dans Détruire le fascisme islamique. Elle affirme ainsi, en clôture de son manifeste sans langue de bois, que « les libres penseurs issus de l’Islam n’ont pas attendu l’aval des islamistes ou de leurs collaborationnistes occidentaux pour entreprendre un travail de raison face aux mythes sacralisés de la religion de Mahomet ». Sans oublier Chahdortt Djavann [32] qui, dans Bas les voiles !, affirme sans ambages que « si l’islam avait jamais été un agent de l’émancipation des femmes et un antidote à la violence, ça se saurait ! ».

De fait, toutes les religions ont au moins en commun leur profonde misogynie, en refusant aux femmes jusqu’au droit fondamental de disposer librement de leur corps.

Aussi invraisemblable que cela puisse être, force est de constater, avec l’historienne Élisabeth Dufourcq, que « quatre-vingts générations de femmes se sont succédé sans qu’on leur ait jamais demandé leur avis. La pensée du Magistère sur elles est exclusivement masculine et il n’a pas été permis aux femmes catholiques d’écrire sur elles-mêmes, encore moins d’écrire sur les hommes.  Ces écrits pourtant déterminent leur condition » [33].

Et bien peu d’hommes d’Église osent aborder la sujétion de la femme et réclamer plus d’égalité. Avec quelques autres, le théologien Moingt fait exception : « Mais voici que la femme des temps modernes, émancipée des cadres où l’emprisonnaient les sociétés traditionnelles, se dérobe à la vocation d’engendrer des petits chrétiens […]. Celle-ci [l’Église] tend donc à s’opposer le plus possible à l’émancipation de la femme, laquelle en vient à voir dans l’Église le plus gros obstacle à sa promotion sociale : cette hostilité réciproque compromet gravement l’avenir du catholicisme » [34]. C’est le moins que l’on puisse dire.

Rien d’étonnant donc à ce que la femme – certaines du moins, les plus éveillées aux réalités patriarcales – ait entendu se libérer du joug des religions. Rien d’étonnant donc à ce que le concept de nature soit toujours invoqué par le magistère pour définir l’identité de la femme et lui assigner les rôles éternels d’épouse et de mère. Les autorités romaines condamnent de ce fait féminismes et études de genre pour leur volonté à vouloir revisiter les rapports sociaux de sexe et remettre en cause la structure de la famille traditionnelle.

Au fond, seules les femmes ont réellement servi la cause des femmes. Je ne voudrais pas terminer ici sans citer encore quelques grandes figures marquantes : Olympe de Gouges, George Sand, Simone Veil, Benoîte Groult, Annie Leclerc, Virginia Woolf, Elisabeth Badinter, Judith Butler, Hélène Cixous, ou encore Mona Eltahawy.

Et, comme que le relevait déjà avec lucidité Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant » [35].

Du mythe des religions à l’humanité incarnée : de l’imaginaire à la réalité 

« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant. »

Jaurès

 

Les religions, avec leur fatras de dogmes et de morale pieuse, sont un mythe. Et comme tout mythe que l’on cherche à incarner malgré soi, il révèle, un jour ou l’autre, sa monstruosité en termes d’humanités sacrifiées.

Dans son livre « Je voudrais vous parler d’amour… et de sexe » [36], la religieuse sexologue, Marie-Paul Ross, affirme : « Entre 10% et 20% des prêtres et des religieuses que j’ai croisés en formation ou soignés affirment avoir respecté ou respectent leurs promesses de célibat sacerdotal et religieux… Ce qui veut dire qu’environ 80% d’entre eux ont eu des écarts. » Plus loin, la religieuse à l’honnêteté d’ajouter crûment : « Ni la prière, ni les célébrations, ni l’eau bénite ou les formules de consécration ne purifient la perversion. » Elle s’insurge également contre le double discours de l’Église, si conservatrice et bornée à l’égard des laïcs, et si compréhensive quant aux abus sexuels commis par les religieux. Il suffit, en effet, de voir l’infantilisation des couples par la morale de l’Église : « Que les époux chrétiens sachent bien qu’ils ne peuvent pas se conduire à leur guise, mais qu’ils ont l’obligation de toujours suivre leur conscience, une conscience qui doit se conformer à la loi divine ; et qu’ils demeurent dociles au Magistère de l’Église, interprète autorisé de cette loi à la lumière de l’Évangile » [37]. Deux poids, deux mesures. Selon que vous serez intouchable ou simple laïc…

En demandant au clergé d’être des « eunuques pour le Royaume des cieux » (Mt 19, 12), l’institution-Église se montre parfaitement hypocrite et sacrifie en réalité la sexualité masculine. Et c’est là le drame. La pulsion sexuelle n’est-elle pas, en effet, inhérente à l’être humain, fut-il prêtre célibataire ? La fameuse « grâce d’état », censée suppléer au désir charnel, n’est rien d’autre qu’un mythe construit sur les braises ardentes de la chair.

Aussi, le déni de la sexualité – tant et tant de fois dénoncé – et donc de la nécessité d’un développement humain intégral ne pouvait que conduire aux scandales qui traversent désormais l’Église et que les médias dévoilent enfin. Après une loi du silence millénaire, la réalité toute crue apparaît au grand jour et c’est la réputation de l’Église qui vole en éclats.

Eugen Drewermann, dans son livre retentissant Fonctionnaires de Dieu [38], avait déjà eu le mérite et l’audace de décrypter la psychologie du prêtre biberonné à la dogmatique catholique (on ne s’étonnera plus de savoir qu’il fut privé de chaire au séminaire universitaire et ne peut plus célébrer ou conférer les sacrements). Ainsi, en passant au crible de la psychanalyse la vocation et la condition cléricales, il s’est attaqué au tabou le plus sensible de l’Église catholique. Son diagnostic est implacable : aliénation de l’esprit évangélique, fonctionnarisation de la foi, oubli des acquis fondamentaux de la Réforme, des Lumières, de la modernité…

Une réalité que nous avons ici également dénoncée et qui conduit aux dérives sexuelles que nous connaissons. Et, de fait, comme Drewermann le rappelle avec justesse : « Celui qui songe à guérir psychiquement ne serait-ce qu’un seul être ne peut éviter de mettre en cause le système qui l’a rendu malade. ».

Et de fait, que voit-on ces dernières années ? Le crime de la pédophilie qui a submergé l’Église de par le monde, qu’elle a tenté maladroitement de cacher, qu’elle n’a pas su gérer efficacement et qu’elle a considéré trop longtemps comme un… « péché » !

Ainsi, dans son livre Sexe au Vatican, enquête sur la face cachée de l’Église [39],  Carmelo Abbate, au terme d’une enquête inédite qui l’a mené de la Ville Éternelle à l’Amérique du Sud, livre un reportage qui dévoile des secrets inavouables sur le Saint-Siège : avortements clandestins de religieuses, pédophilie chez les prêtres, pensions alimentaires versées par le Vatican pour acheter le silence des mères élevant la progéniture des ecclésiastiques, etc. Des révélations uniques sur les dessous de l’Église, qui posent à l’évidence la question du célibat des prêtres.

Comme le relevait également Marie-Paul Ross, déjà citée, la chasteté est un mythe. « À force de pratiquer la politique de l’autruche, certains chefs ecclésiastiques vacillent sur leur piédestal. Un grand nombre de leurs membres naviguent entre leur engagement et leur difficulté à orienter adéquatement leurs pulsions sexuelles », écrit-elle.

Plus récemment, l’on se souviendra qu’en mars 2017 [40], l’équipe de Cash Investigation et des journalistes associés au site d’information Mediapart, à travers leurs articles et un livre Église, la mécanique du silence [41], ont dénoncé le « silence » de l’Église et accusé 25 évêques – dont 5 sont en poste, les autres étant à la retraite ou décédés – d’avoir « couvert » 32 « agresseurs », ayant fait 339 victimes. Des affaires qui remontent jusqu’aux années 60, mais dont la moitié des faits « ont été établis après 2000 » [42]. La mécanique de l’Église catholique consistait ainsi à couvrir des dizaines de prêtres coupables d’abus sexuel. Un mode opératoire tacite, fait de dissimulations, de déplacements et d’exfiltrations, qui a réduit, partout en France, plus de trois cents victimes au silence. Cette situation avait été dénoncée par une association de victimes, La parole libérée [43].

En l’espèce, c’est bien le système mis en place par l’Église catholique qui est malade et non seulement quelques-uns de ses membres.

Prenons un peu de hauteur : que reste-t-il des croyances d’antan ?

« Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’au bout ? J’aime à faire table rase. »

Nietzsche

 

La place assignée par l’Eglise à la femme n’est qu’une pièce – bien qu’une pièce maîtresse –  d’une immense construction humaine échafaudée au cours des siècles sur l’ignorance et la peur des fidèles [44].

Le temps où le magistère pensait l’homme et la femme comme étant créés par Dieu et au centre du monde est révolu. Ainsi, l’humanité n’a pas débuté avec Adam et Ève. Ainsi, il n’y a pas eu de « péché originel » ni de Chute. Ainsi, il ne peut y avoir de Sacrifice ni de Rédemption. Ainsi, Dieu n’a assigné aucun rôle à l’homme et à la femme. Ainsi, la Genèse est un mythe.

De même, le « peuple juif » est une invention [45], ainsi que le sacerdoce, le pouvoir de Pierre et la théologie des sacrements.

Abraham et Moïse n’ayant jamais existé, il n’y a pas non plus de révélation qui leur aurait été faite de la part de Dieu [46].

Il n’existe pas plus de « Parole de Dieu » que de « plan divin », de Dieu théiste, de miracles, de Fils de Dieu, d’incarnation de Jésus dans une Vierge-mère ni de Résurrection ni de Trinité ni de Paradis ou d’Enfer [47].

C’est donc bel et bien toute « l’histoire du salut » qui doit être revue par l’Église…

Ainsi, sans plus attendre, le croyant est pareillement invité à repenser intégralement ses croyances, c’est-à-dire ses catégories mentales de l’ « ici-bas » et de l’ « Au-Delà », ses représentations de notre présence sur terre [48].

Voilà une bonne nouvelle : il appartient à tout un chacun de vivre pleinement son humanité, débarrassé enfin de tout ce carcan religieux qui n’était que peau morte.

Concluons : de « veritate splendor » à « la vérité ‘tout court’ » ou de la chaire de Pierre à la chair brûlante

« Votre vérité ? Non. Vous vous la gardez ! La vérité. Nous allons la chercher ensemble. »

Machado, poète

 

La Vérité avec un grand V est l’apanage des religions et des totalitarismes. Ce qui n’était que mythologie antique est devenu Vérité de foi. Une foi asexuée, qui soumet l’homme aux dieux et la femme à l’homme. Dans l’Évangile pourtant, ni papauté, ni hiérarchie, ni Vatican ni droit Canon ni rituel. Rien que Jésus ne dénonça déjà : ces « Curalistes » de Jérusalem qui avaient pour eux la Loi d’airain. Ainsi, déjà : « Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? » (Jean 8 : 5) Une loi hypocrite, inhumaine, prétendument divine dont l’ « idéal » figé vous dessèche autant l’esprit que le corps. La splendeur de la vérité – si chère à Jean Paul II – n’est pas un magma de vérités indémontrables, descendues d’un Ciel imaginaire, elle ne peut être qu’une vérité de chair, une vérité patiemment élaborée et vécue au fil de notre Humanité et au creux de notre vie de femme et d’homme. À défaut, l’Église traverse exactement les mêmes déviances que celles qu’elle entend dénoncer dans la société. C’est dire que sa « Parole » n’est ni prophétique ni crédible. C’est dire qu’on ne peut laisser un mythe – fut-il ancien – dicter encore notre conduite. La vie est décidément ailleurs. Après XX siècles de christianisme, il est plus que temps de penser par soi-même, et d’aimer la chair.

Pascal HUBERT, Église et sexualité ou le mythe de la pureté, Golias Magazine, n° 176

(Pour télécharger l’article : GoliasMagazine176Net)

 

Simone de Beauvoir : « On ne peut pas attendre la Révolution. »

« Tout n’est pas bon à prendre dans la mesure où justement, quelque fois les choses qu’on « donne » aux femmes sont simplement un os à ronger aux femmes : une mystification, une manière de les démobiliser.

Au contraire, en leur faisant croire qu’on faisait quelque chose pour elles alors qu’en vérité on ne fait RIEN. C’est une manière de récupérer la révolte des femmes, mais c’est même une manière de la contrer, de la supprimer, de feindre qu’elle n’est plus de raison d’être. »

« Nous refusons cette démobilisation et nous voulons continuer la lutte. Nous voulons que la lutte soit faite PAR LES FEMMES et pour les femmes et non pas à travers les institutions. »

« Il faut qu’il y ait une lutte menée spécifiquement par les femmes. »

 

NOTES :

[1] Editions l’Etincelles, 1978 (téléchargeable à l’adresse https://matricien.files.wordpress.com/2013/03/quand-dieu-c3a9tait-femme-merlin-stone.pdf); https://matricien.org/essais/merlin-stone/; E. O. James, Le culte de la Déesse-Mère dans l’histoire des religions, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1962, trad. de l’anglais par S. M. Guillemin ; Frédéric Lenoir, Petit traité d’histoire des religions, Plonb, 2008, p. 33 et s.; « Et si Dieu était une femme ? », Le monde des religions, n° 60, juillet/août 2013.

[2] Uta Ranke-Heinemann, Des eunuques pour le royaume des cieux. L’Église catholique et la sexualité, Paris, Robert Laffont (« Pluriel », 8591), 1990, p. 15. Voy. également : André Paul, Éros enchaîné. Les chrétiens, la famille et le genre, Albin Michel, 2014 ; André Paul, La « Famille chrétienne » n’existe pas. L’Église au défi de la société réelle, Albin Michel, 2015.

[3] Op. cit., p. 38.

[4] Eugen Drewermann dans son livre De la naissance des Dieux à la naissance du Christ (Seuil, 1992) relève, dans l’histoire qui précède le christianisme, de nombreux exemples de conception virginale.

[5] Op. cit., p. 34. Voy. également pp. 52 et s.: « 1. ‘Elle s’est éveillée sous le parfum de Dieu’, ou le mythe égyptien de la naissance du pharaon et la scène de l’Annonciation (Lc 1, 26-38) ».

[6] https://protestantsdanslaville.org/john-s-spong/js45.htm

[7] Maud Amandier et Alice Chablis, Le déni. Enquête sur l’Église et l’égalité des sexes,  Bayard, 2014, p. 169. Voy. également le livre très éclairant de Benoîte Groult, Ainsi soit-elle, Les cahiers Rouges, Grasset, 2011 (dans le chapitre 6, l’auteur revient en détail sur l’implication de l’église dans l’oppression féminine).

[8] Jean-Paul II, Pastores gregis, Exhortation apostolique post-synodale sur l’évêque, serviteur de l’Évangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde, 17 octobre 2003, n° 21.

[9] John Shelby Spong, « Pourquoi le christianisme tel que nous le connaissons est en train de mourir », https://protestantsdanslaville.org/john-s-spong/js114.htm

[10] https://enfantsdusilenceblog.wordpress.com/2014/10/06/eros-enchaine-les-chretiens-la-famille-et-le-genre-par-le-theologien-et-historien-andre-paul/

[11] Jacques Ellul, La subversion du christianisme, Seuil, 1984, p. 9 ; voy. également : Frédéric Lenoir, l’édito : « La chrétienté est morte. Vive l’Évangile ! », https://www.youtube.com/watch?v=fELBzF4iSg4

[12] Voy. également, Pascal Hubert, « Pour un nouveau credo », Golias Magazine, n° 175.

[13] Lettre 185 d’Augustin à Boniface, préfet militaire en charge de la répression des donatistes (http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/lettres/s003/l185).

[14] Denzinger-Hünermann, Symboles et définitions de la foi catholique, Cerf, 1996, n° 1351.

[15] Livre autobiographique, téléchargeable à l’adresse : https://ia600209.us.archive.org/12/items/chosespasse00lo is/chosespasses00lois.pdf.

[16] Georges Tyrrell (1861-1909), Suis-je catholique ? : examen de conscience d’un moderniste, ou réponse au mandement quadragésimal de S.E. le cardinal Mercier, 1908, p. 120 (livre téléchargeable à l’adresse gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k758642).

[17] Op. cit, p. 37-38.

[18] https://fr.wikipedia.org/wiki/Lamentabili_Sane_Exitu

[19] http://w2.vatican.va/content/pius-x/fr/encyclicals/documents/hf_p-x_enc_19070908_pascendi-dominici-gregis.html

[20] Lettre pastorale de S.E. le cardinal Mercier, La condamnation du modernisme, 1908.

[21] Cardinal Mercier, op. cit.

[22] Pour approfondir : Émile Poulat, Notre laïcité ou les religions dans l’espace public. Entretiens avec Olivier Bobineau et Bernadette Sauvaget, D.D.B., 2014 ; Gabriel Ringlet, L’évangile d’un libre penseur, Dieu serait-il laïc ?, Albin Michel, 2002. Voy. également deux conférences : « Religions et laïcité : Débat entre Régis Debray et Kamel Daoud à l’IFA (29 octobre 2015) », https://www.youtube.com/watch?v=5ViFc6Myybc et « Table ronde autour d’Émile Poulat : ‘Laïcité et religions’, IEA de Nantes – 22 novembre 2016 », https://assr.revues.org/27688

[23] http://le1hebdo.fr/numero/41/il-faudrait-d-abord-enseigner-la-lacit-aux-parents-684.html

[24] Marcel Délèze, « Quelques manquements de l’Église catholique à la morale laïque », https://www.deleze.name/marcel/philo/morale/morale.html

[25] Marcel Délèze, op. cit, p. 1.

[26] Emma Goldman, « La tragédie de l’émancipation féminine », 1906, traduit par E. Armand (1914), in Lutte des sexes, lutte des classes, p.185, éditions Agone.

[27] Quelques ouvrages ou articles utiles : Maud Amandier et Alice Chablis, Le déni : Enquête sur l’Église et l’égalité des sexes, Paris, Bayard, 2015 (avec une préface de Joseph Moingt) ; Joseph Moingt, « Les femmes et l’avenir de l’Église », Revue Études, 2011/11 ; Lucetta Scaraffia, Du dernier rang. Les femmes et l’Église, Salvator, 2016 ; Anne SoupaDieu aime-t-il les femmes ?, Mediapaul, 2014 ; Aurélie Godefroy, Les religions, le sexe et nous, Le livre de Poche, 2013 (avec une préface de Frédéric Lenoir) ; au moment où les droits des femmes sont remis en cause en différents endroits de la planète, notamment sous la poussée des religions, les auteures du livre Le déni ont également publié un dossier intitulé « L’Église et les droits des femmes », dans Golias Magazine, n° 170, septembre/octobre 2016 (http://golias-editions.fr/ article5414.html). Voy. également sur leur blog : http://ledeni.net/leglise-et-les-droits-des-femmes/

[28] Ainsi que le relève Ignace Berten : « L’affirmation de la continuité de l’enseignement dogmatique de l’Église est en fait une idéologie dont l’objectif est de fonder le pouvoir non discutable de Rome, en contradiction flagrante avec les données de l’histoire », in « Miséricorde et doctrine : Enjeux théologiques et ecclésiologiques du synode sur la famille. », Bruxelles, novembre 2014, http://www.laicsdominicains.be/author/igbe/

[29] http://www.liberation.fr/debats/2017/09/01/leila-slimani-il-est-reducteur-de-lier-la-question-de-la-misere-sexuelle-seulement-a-l-islam_1593573

[30] http://www.liberation.fr/debats/2016/09/21/il-ne-saurait-y-avoir-de-feminisme-d-orient-ou-d-occident1505367

[31] http://www.lepoint.fr/societe/zineb-nous-sommes-tous-menaces-par-le-fascisme-islamique-20-10-2016-2077332_23.php#xtor=CS2-238

[32] https://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=NSS_122_0208

[33] Élisabeth Dufourcq, Histoire des chrétiennes, Bayard, 2008.

[34] Joseph Moingt, « Les femmes et l’avenir de l’Église », Études, n° 414, janvier 2011, p. 69.

[35] Simone De Beauvoir, Le deuxième sexe, Gallimard,  1949.

[36] Marie-Paul Ross, Je voudrais vous parler d’amour… et de sexe, M. Lafon, 2011. Pour une présentation du libre par l’auteur : « Sexe et pédophilie : les tabous du Vatican. Entretien avec Sœur Marie-Paul Ross », https://www.youtube.com/watch?v=auy9smdLYMo

[37] Concile Vatican II, Gaudium et spes, n° 50, § 2.

[38] Eugen Drewermann, Fonctionnaires de Dieu, Albin Michel, 1993.

[39] Carmelo Abbate, Sexe au Vatican : Enquête sur la face cachée de l’Église, Poche, 4 mai 2012. Pour une présentation du livre par l’auteur : « Le Grand Journal : Carmelo Abbate – Sexe au Vatican », https://rutube.ru/video/72975f622cbdaf8a980329e04f5890d2/

[40] « Pédophilie dans l’Église : le poids du silence – Cash Investigation », https://www.youtube.com/watch?v=0-YvIB63nHU; voy. également : http://www.alterinfo.net/Dans-le-silence-des-Eglises_a129409.html

[41] http://www.rfi.fr/emission/20170423-eglise-mecanique-silence-perisse-gastaldi-martiniere

[42] http://www.20minutes.fr/societe/2034947-20170321-pedophilie-eglise-quatre-revelations-emission-cash-investigation-diffusee-soir

[43] Il s’agit d’une « association d’aide aux anciens du groupe saint Luc et aux victimes de pédophilie en général » (https://www.laparoleliberee.fr/).

[44] Pour une exégèse critique : voy. John Shelby Spong, John RobinsonPaul Tillich, Don Cupitt, Karen Armstrong, Marcus BorgMatthew FoxLloyd Geering, Michael Goulder, Joseph Moingt, Eugen Drewermann, Rudolf Bultmann, Jürgen Moltmann, Dietrich Bonhoeffer, Hans Küng, etc.

[45] Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Flammarion, Champs, 2010 ; Joseph Moingt, Croire quand même – Libres entretiens sur le présent et le futur du catholicisme, Champs, 2010.

[46] Joseph Moingt, op. cit, Champ, 2010.

[47] Voy. également les auteurs cités à la note 44.

[48] Voy., par exemple, le livre majeur de Yuval Noah Harari, Sapiens : une brève histoire de l’humanité (Albin Michel, 2017), qui propose une vue d’ensemble de l’histoire de l’humanité et de son évolution depuis les premiers hommes de l’Âge de pierre jusqu’au xxie siècle. Et le second volet : Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir (Albin Michel, 2017). Pour une présentation des deux livres : https://medium.com/numa/pourquoi-homo-deus-de-yuval-harari-est-un-livre-majeur-pour-linnovation-d64f1eb5889f

 

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ou à m’écrire à deviens.ce.que.tu.es333@gmail.com

7 réponses sur « Église et sexualité ou le mythe de la pureté »

  1. Concernant l’Islam, il a quand même produit le premier manuel d’érotologie mondiale, avant même le Kamasutra, toujours vendu et lu sous le manteau par les musulmans et depuis déjà un certain temps, accessible à la lecture pour tous: le Jardin Parfumé du Cheikh Nefzaoui. Disponible aux éditions Picquier Poche. Un vrai plaisir de lecture, où le sexe, la sexualité, le plaisir masculin et féminin sont abordés sans tabous à l’orientale.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Prairie_parfum%C3%A9e

    http://www.editions-picquier.com/ouvrage/le-jardin-parfume/

    Et dedans se trouve même une critique du fondamentalisme musulman disant clairement que l’islamiste a une sagesse inversement proportionnelle à la longueur de sa barbe et de ses prêches. Ca m’avait beaucoup amusée à la lecture. Par la suite j’en ai discuté avec des musulmans qui ne connaissaient pas le texte et qui en le découvrant ont été très surpris , amusés, fiers également.

    Concernant Marie, son culte a été fabriqué pour imiter en version aseptisée, celui de la Déesse Mère païenne. Ce qui a permis au christianisme de pénétrer plus facilement les cultures païennes et de les remplacer façon soft power à l’américaine ou presque. Parce que on passe des vierges noires et vierges parturientes proches des représentations de la déesse mère, c’est à dire autorité, pouvoir, majesté, sexualité sacrée via la mise en scène de l’accouchement et de la grossesse, aux vierges sentimentales et enfantines, asexuées, soumises. Et pour passer de l’une à l’autre représentation entre le 11ème et le 14ème siècle, le clergé jette les jeunes filles et les femmes jugées encore trop païennes du haut de précipices et collines, centres telluriques où se tenaient autrefois les initiations et rituels sexuels sacrés païens saisonniers traditionnellement vécus en mai (les fameux lieux appelés sauts de la pucelle), et ensuite y installe des chapelles, des églises dédiées à Marie qui doit purifier les lieux (l’église du Puy en Velay par exemple en Haute Loire est un exemple typique de cette métamorphose et de ces pratiques). Et le clergé complète ces intimidations avec la chasse aux sorcières.Qui permet aussi par la même occasion de diaboliser le savoir de guérisseuses et d’éducatrice sexuelle des femmes, de condamner leur indépendance financière, sexuelle, leur autonomie. Et de les ramener par obligation morale et religieuse sous la coupe des hommes. Donc sous un contrôle total.

    Je vous conseille « Sorcières, la puissance invaincue des femmes » de Mona Chollet qui évoque en partie ces chasses et la diabolisation des femmes, vieilles, célibataires, autonomes ou simplement rebelles à l’autorité.

    Sur les vierges noires, quelques références depuis ce site.

    https://matricien.org/vierge-noire/

    Il y a aussi le livre de Louis Bréhier dont un extrait se trouve ici.

    https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1935_num_79_3_76648

    Autre bouquin très intéressant sur les religions et les femmes, c’est Elsa Dorlin qui l’a écrit en expliquant la diabolisation des règles dans le judaïsme par les religieux, prétendant que ce sang des règles est une malédiction de Dieu sur les femmes pour montrer leur péché, leur impureté et qu’à ce titre elles doivent se purifier chaque mois au moment des règles jusqu’à redevenir pures et fécondables via le rite du mikhvé.

    Sexe, genre et sexualités : introduction à la théorie féministe, Paris, PUF, coll. « Philosophies », 2008

    Spécifiquement sur les rites de purification menstruelle des femmes juives, vous allez trouver un superbe documentaire d’Anat Zuria (documentariste israélienne): Purity. Dispo peut-être encore sur Youtube en plusieurs parties. Une merveille!

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