Une autre vie après la vie ?

Une autre vie après la vie ?

 

Et juste au moment où quelqu’un près de moi
dit: « Il est parti ! »
il en est d’autres qui le voyant poindre à l’horizon
et venir vers eux s’exclament avec joie: « Le voilà ! »

William Blake

 

Le bébé dans le ventre de sa mère n’a pas conscience de la vie qui l’attend. C’est un nouveau monde qui va pourtant s’offrir à lui. Après une vie intra-utérine forcément limitée, voilà que ses sens vont s’éveiller sur l’inconnu. Et, à mesure de sa curiosité, de ses capacités, de son dépassement de soi, il ira de découverte en découverte, de remise en question en remise en question.

Cela me fait songer au mythe de la caverne de Platon. Rappelez-vous : « Figure-toi, écrit Platon, des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. » Puis, un jour, un des prisonniers est conduit à la lumière du jour, et là, il voit les objets naturels et le soleil tels qu’ils sont réellement. D’abord aveuglé, il sera, par la suite, heureux de cette connaissance et ne voudra pas retourner en esclavage. Si par amour pour ses semblables, il retourne quand même dans la caverne, il n’y distinguera d’abord que peu de choses, ses yeux s’étant habitués à la lumière. Puis, il expliquera à ses anciens compagnons l’erreur qu’ils commettent à prendre pour réalité ce qui n’est qu’illusion. Mais ils le prendront pour un fou et tenteront de le punir pour de telles affirmations.

Osons nous affranchir des dogmes religieux, de notre savoir matérialiste et de nos cinq sens parfois trompeurs. Osons changer un instant de paradigme, voulez-vous. Je voudrais évoquer ici les expériences de mort imminente (EMI ou NDE pour Near Death Experience[1], telles que rapportées notamment par Jean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste réanimateur, membre d’honneur du Centre d’Étude des Expériences de Mort Imminente, conférencier et auteur de plusieurs livres dont Les 7 bonnes raisons de croire à l’au-delà, Les 3 clés pour vaincre les pires épreuves de la vie, Cette chose... ou encore La conscience intuitive extraneuronale. Dans son ouvrage Les 7 bonnes raisons de croire en l’au-delà, il explique comment il est passé du rationalisme acquis au cours de son cursus universitaire à son adhésion aux hypothèses de la survivance de la conscience après la mort.

Charbonnier distingue ainsi l’existence d’une conscience analytique cérébrale (CAC), qui globalement est celle avec laquelle nous percevons notre environnement au quotidien et qui s’éteint au décès, d’une conscience intuitive extraneuronale (CIE), occultée en journée par cette conscience analytique cérébrale, mais qui se manifeste dans les phases de sommeil profond ou sous hypnose ou lors de la prise de certaines drogues ou encore lors d’une expériences de mort imminente (EMI) ou bien encore après la mort clinique définitive.

François Brune, prêtre, théologien, chercheur s’intéresse également au monde invisible, rompant ainsi le tabou de l’église sur les contacts possibles avec l’au-delà. Il a notamment écrit Mes entretiens avec les morts, fruit de ses recherches et de ses contacts personnels avec l’au-delà par le biais de la transcommunication instrumentale. Il fait également le lien entre la foi et les avancées de la science.

En Belgique, l’université de Liège s’est aussi penchée sur les expériences de mort imminente. Un nouveau champ de recherches a ainsi été ouvert par l’équipe du Coma Science Group du Docteur Steven Laureys [2].

La plupart des personnes ayant fait l’expérience d’une mort imminente racontent sensiblement la même chose : quand elles reviennent à leur corps, elles disent qu’elles ont été profondément transformées. Plus précisément, leur expérience leur a enseigné que le but de la vie est d’apprendre à aimer. Et elles n’ont plus peur de la mort, puisque leur expérience les a convaincues que la mort n’est qu’un passage et qu’elles seront plongées dans un amour inconditionnel et infini.

Ces expériences ne rejoignent-elles pas, d’une manière ou d’une autre, ce qu’ont pu vivre, depuis la nuit des temps, les « mystiques » de toute tradition ?

Nous voilà, peut-être, invités à révolutionner notre manière d’envisager la mort et donc notre rapport à la vie. Loin de nos conceptions religieuses traditionnelles : péché originel, jugement, purgatoire, paradis ou enfer. Quoique nous en pensions, croyants, agnostiques ou athées, il est depuis toujours une énigme sans réponse rationnelle : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Et davantage encore : quelle est l’origine de ce qui existe ? La matière est et nous sommes là. La matière nous précède et que se passe-t-il à notre mort ? Et s’il fallait entendre jusqu’au bout le conseil de Descartes : « Le véritable doute consiste à douter de tout, y compris du bien-fondé de ce doute. »

Il est des témoignages pour le moins interpellants…

Pascal Hubert

 

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[1] En Conscience (Documentaire d’Anthony Chene), intervenants : Olivier Chambon (Docteur psychiatre), Jean-Jacques Charbonier (Médecin anesthésiste-réanimateur), Sylvie Déthiollaz (Docteur en biologie moléculaire, directrice de l’ISSNOE), Eric Dudoit (Docteur en psychologie et psycho-pathologie), Marc Boucher de Lignon, Nicole Dron, Philippe Raboud (témoins d’expériences de mort imminente), Akhena, Claude, Tara (témoins d’états modifiés de conscience), https://www.youtube.com/watch?v=sb2s7dbvChA; voy. également : « On a vu la mort. La science a découvert comment la vie s’éteint », Science & vie, août 2018.

[2] « Near death experiences – Expériences de Mort Imminente », Université de Liège, https://www.youtube.com/watch?v=7gWwtQw7EfU; M. Thonnard, C. Schnakers, M. Boly, M.A. Bruno, P. Boveroux, S. Laureys, A. Vanhaudenhuyse, « Expériences de mort imminente : phénomènes paranormaux ou neurologiques ? », http://www.coma.ulg.ac.be/papers/french/Thonnard_RMLg08.pdf

 

 

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5 réponses sur « Une autre vie après la vie ? »

  1. Bonjour Pascal

    Concernée par une EMI de quelques minutes le 22 janvier 1990, j’avais à l’époque un peu plus de 18 ans, lors d’un coma dépassé, j’ai été surprise d’expérimenter que l’on pouvait sortir de son corps et continuer de vivre, d’exister au plus profond et d’éprouver tout un tas d’émotions, de ressentis sans que cela passe par le corps physique (qui n’est qu’un véhicule temporaire). Et puis, ce qui était absolument fabuleux, c’était de découvrir Dieu autrement et dans un immense élan d’Amour. Je mets une majuscule tellement c’était une étreinte amoureuse comme je n’avais et n’ai jamais pu en avoir une dans cette vie terrestre et matérielle. Même au plus intense et passionné des moments amoureux.
    Cette étreinte, je la garde précieusement depuis en moi tous les jours et elle me guide, me soutient, continue de m’aider au fil du temps à avancer dans mon parcours terrestre, au plan relationnel, spirituel, introspectif.

    Et cette expérience a totalement changé mon rapport à Dieu, à la mort, à la spiritualité.
    J’en avais avant une approche très cléricale et soumise, réduite à ce qu’on m’en avait dit dans ma famille et au catéchisme, sous un aspect davantage enfantin, folklorique, j’allais dire. Une fois l’expérience faite, Dieu et la spiritualité que j’ai découverte à ce moment-là, n’avaient plus grand-chose à voir avec ce qui m’avait été enseigné.
    Notamment dans l’approche de jugement, d’autorité, tels que définis par le clergé, comme le monde en général. Et c’était d’une liberté complète qui m’était révélée, très peu en rapport avec le carcan religieux humain, quelle que soit la religion.

    Le Dieu que j’ai rencontré est essentiellement Amour. Et n’a l’intention de juger personne du moment que ces personnes découvrent même au seuil de la mort, l’intensité de Son Amour. Donc le peu que j’ai compris, c’est que ce qui compte au final, c’est juste de se laisser aimer pour pouvoir aimer à notre tour et transmettre cet amour divin. Si nous y parvenons même un tout petit peu, là, c’est…indescriptible!
    Si les gens réalisaient à quel point chacun(e) est aimé(e), il n’y aurait plus aucune raison d’être méchant(e) avec ses congénères ni avec quelque élément que ce soit de son environnement.

    J’ai découvert tardivement les travaux de Charbonnier via une émission radio de France Culture en 2011 ou 2012. J’avais auparavant lu quelques livres documentés (anglais et américains) quelques années après ma EMI mais il y avait relativement peu de livres sur le sujet dans la bibliothèque que je fréquentais. Et j’ai toujours eu tendance à me méfier des livres un peu trop dithyrambiques sur ces sujets.

    Je reste assez circonspecte vis à vis de cette expérience. Ca reste une expérience intime, très personnelle, dont je ne peux pas faire une vérité universelle ni même une quelconque vérité. Je n’aime d’ailleurs pas le mot. Je lui préfère celui de réalité. Ce fut une réalité pour moi lors du coma et je l’ai bien vécue. Ca peut aussi mal se passer pour d’autres. Ou paraître totalement invraisemblable aux personnes qui n’ont pas vécu ça.

    Beaucoup de gens peuvent la considérer comme une illusion fabriquée par le cerveau.
    Et je peux tout à fait comprendre ça. C’est même la réaction que je comprends le mieux chez les gens qui n’ont jamais vécu ce type d’expérience. Scientifiquement, je ne suis pas assez calée pour en déduire des choses très rigoureuses. C’est essentiellement sur le registre spirituel, relationnel et émotionnel que je me situe. Et ce que j’y ai gagné est juste phénoménal. Maintenant, je pense qu’il faut l’avoir vécu pour se rendre compte réellement de ce que ça provoque et ce que ça induit en terme de changement dans l’approche générale de la vie, de la mort.

    Je mesure donc la chance que fut cet évènement, même si le contexte du coma et de la maladie qui a provoqué à l’époque ce coma, était douloureux; et que douloureux fut le retour à la vie et aussi la rééducation. Cet aspect-là, je ne le souhaite à personne.
    Malgré tout,cette EMI a participé et je pense accéléré une certaine maturité spirituelle, ce qui aurait été plus difficile sans. Donc merci à Dieu de m’avoir ouvert cette porte qui continue de me nourrir, de m’émerveiller et de me sécuriser par rapport à tout un tas de choses dures de la vie.

    Ce qui m’intéresse en rapport avec ce type d’expérience, se sont les travaux sur la physique quantique. J’écoutais l’an dernier des conférences magnifiques sur les variétés stochastiques et les degrés ludiques diffusées par Laborigins (au théâtre de la Reine Blanche à Paris) et j’ai trouvé ça passionnant.

    Alors que je ne suis pas du tout du domaine. Mais ça rejoint en partie ce que j’ai ressenti non de façon intellectuelle mais de façon sensible dans cette EMI. J’ai eu l’opportunité au printemps dernier de rencontrer la vulgarisatrice de ces conférences, Emma la Clown, qui fait des spectacles individuels très forts aussi et sur des thèmes pas faciles (dont celui de la mort et de Dieu). Ce fut une très belle rencontre humaine. Elle était étonnée que je connaisse ces conférences et les apprécie autant, car ce n’est pas ce qui est le plus connu de son travail artistique.

    Je suis aussi curieuse des expériences de Nicolas Tesla, qui bien que purement scientifiques, permettent de toucher quelque chose il me semble de bien plus profond que la seule matérialité. Comme si l’on atteignait via ses travaux à la vibration première matérielle comme spirituelle, donc avec une proximité d’avec une dimension divine primordiale. Je ne sais pas comment dire ça autrement. Je me trompe peut-être totalement, mais c’est l’impression que son travail m’a laissée.

    J’avais aussi été très touchée par le conte de Maurice Maeterlinck qui s’appelle l’Oiseau Bleu (qui évoque une espèce de connaissance et d’existence spirituelle pré-naissance, ainsi qu’un lien étroit avec nos chers disparus justement par la spiritualité qui se défie complètement d’un espace temporel). Je me suis demandée si Maeterlinck n’avait pas vécu ce type d’expérience pour tenter d’en parler de cette façon.

    J’avais découvert le conte de l’Oiseau Bleu bien avant ma EMI via le texte original, puis via un film colorisé de 1940 avec Shirley Temple,et curieusement c’est la première chose connue que j’ai pu rattacher à mon expérience de mort imminente, peu après.
    Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais strictement rien. Mais c’était un repère…

    Et j’ai aussi beaucoup aimé le bouquin de Kandinsky (« du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier »). Pour moi, sans avoir fait une EMI, il me semble que Kandinsky a touché et tenté d’expliquer un tout petit peu ce qui traverse spirituellement l’artiste et qui le dépasse et qui est en réalité ce courant d’amour que j’ai ressenti en EMI et qui traverse chaque humain, chaque végétal, chaque minéral, chaque atome de l’Univers. L’abstraction lyrique a été pour lui une espèce de EMI où il a compris en partie ce qui se passe lors d’une EMI.

    Plus tard, quand j’ai opéré le travail psychothérapeutique de l’enfant intérieur de Carl Gustav Jung, ce fut un autre type de résonance avec cette expérience. Cela faisait sens avec. Il y avait comme une espèce de correspondance. Qui m’a permis aussi de découvrir et d’activer des choses de cette expérience que je n’avais pas été capable sur le moment de conscientiser ni mobiliser complètement et encore moins de transformer pour avancer.

    Dernière référence, un belge: Marc Luyckx Ghisi: et qui il me semble, sans pour autant avoir vécu une EMI, a perçu quelque chose aussi de ce moment bascule que nous vivons actuellement et où tout ce qui relève du spirituel et d’une certaine conscience générale, émerge et entre en obstruction majeure d’avec le matérialisme et les totalitarismes qu’ils soient industriels, financiers, politiques et religieux.
    J’en discutais l’autre jour avec une élève qui est prof de taïchi et qui enseigne la médecine traditionnelle chinoise. Et nous partagions tout à fait le constat que fait Ghisi. Et que nous sentons émerger en nous et autour de nous. Je vous passe cet entretien qui même si je n’en partage pas toutes les orientations, loin de là (y a des moments où Ghisi me semble un peu partir dans une prospective un peu trop fantaisiste), me semble, par delà tout ce que nous pouvons vivre de dur et de dramatique actuellement, quelque chose qui exprime assez justement la mutation sociale, politique, spirituelle mondiale.
    Et qui était nécessaire pour casser le mécanisme des totalitarismes et des folies meurtrières humaines. Maintenant, est-ce que ces forces spirituelles positives gagneront? On serait tenté de ne pas le croire et de penser que cet éclair, ce sursaut, n’est qu’illusion temporaire.

    Personnellement, et ça n’engage que moi, je pense que le mouvement est plus profond et s’ancre dans une énergie souterraine qui parcoure l’inconscient collectif profond, émergeant au niveau conscient depuis les dernières décennies du 20ème siècle.

    C’est pourquoi il me semble qu’on parle de plus en plus de EMI. Mais aussi de neurosciences, de spiritualité, de mécanique quantique, d’astronomie, d’écologie. Pour cela aussi qu’on échange de plus en plus entre nous sur ces dimensions. Il y a dedans je crois, un réflexe de survie, mais aussi comme une énergie puissante qui nous pousse à le faire.

    Ce qui me paraît essentiel est toujours de garder à l’esprit et au coeur que personne ne peut posséder cette Energie. Elle nous traverse, nous étreint, mais reste libre et indomptable. Plus on cherche à l’enfermer, à la circonscrire à certaines activités, la limiter à certaines personnes, à certains groupes humains, à la faire dépendre d’une quelconque autorité humaine, plus elle disparaît ou devient poison mortifère. Moins on exerce un contrôle dessus, plus elle infuse et travaille de façon bénéfique et originale sur les êtres, leur fait prendre conscience de tas de choses positives non seulement pour lui mais pour l’environnement qui l’entoure.
    Chacun étant unique, chacun recevra la révélation qui lui est nécessaire et qui lui est propre.
    Il n’y a donc pas possibilité de conversion ni de prosélytisme comme le suggèrent les religions qu’elles soient monothéistes ou polythéistes. Dieu est capable de faire ça tout seul, sans relais.

    Tout se passe à un tel niveau d’intimité, de sensibilité, de liberté intérieure, dans le respect de son intégrité totale, qu’il n’est raisonnablement pas possible de forcer les choses sur ce plan. Sinon, c’est du viol.
    Et ça me paraît d’une telle violence, d’une telle absurdité et d’une telle suffisance aussi, que je préfère personnellement depuis ma EMI, laisser faire les choses pour chacun(e), à son rythme, et quand il ou elle le juge opportun, nécessaire.
    Il me semble qu’ainsi seulement, on permet la libre circulation de l’énergie divine et augmentons sa puissance de feu et sa diffusion.
    Le reste ne nous appartient pas. Et n’entre pas dans le registre de nos compétences.

    Nous ne pouvons parler que de ce qui s’est passé et se passe pour nous. Ce qui est forcément très limité. Et qui n’est pas transposable à autrui. Chacun doit parcourir son propre chemin qui ne sera jamais celui de son voisin ou de sa voisine. Chemin unique donc. Mais où nous sommes sûrs d’être accompagnés, soutenus, aimés, quoi que nous fassions, décidions. Et où Dieu trouvera toujours un moyen de nous murmurer son Amour à l’oreille et au coeur.

    Voilà. Je vous ai fait un peu le message fourre-tout. Mais c’est assez difficile de parler de ce sujet d’une façon claire et non touffue. C’est un peu comme une balle rebondissante.

    Meilleurs voeux, Pascal!
    Et plein de bonnes choses pour vous en 2019.

    Amitiés
    Françoise

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  2. Merci Françoise. Vous avez le don d’être complète, précise et nuancée. L’EMI est effectivement une expérience « impartageable » pour qui ne l’a pas vécue. Difficile alors de ne pas rester dans l’intellect. D’autant que les sens peuvent nous tromper et que toutes les EMI ne se vivent pas pareillement, mais se trouvent aussi influencées par la culture, les croyances, etc de celle ou celui qui la vit. Sans compter le fait qu’il est bien difficile d’affirmer que l’EMI donne réellement à voir « l’au-delà ». C’est notamment Cyrulnik qui, dans son livre « Psychothérapie de Dieu », donne aux EMI des explications scientifiques. Bref, nous ne saurons sans doute pas avant d’avoir franchi le « pas ». Situation qui m’a toujours parue bien étrange…

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    1. Je pense et j’ai pu constater que l’intellect n’a rien à voir avec ce type d’expérience, Pascal.
      C’est vraiment de l’ordre du sensible. L’intellect vient bien bien après, comme tentative de rationalisation, de théorisation un peu matérialiste…mais ne dit pas l’expérience.
      Ca reste hors cadre, hors courses, hors tentative d’explication.
      On ne peut en donner que des indices, des pistes de réflexion, des pistes de recherche scientifique aussi et encore, si on savait tout du cerveau, ça se saurait…
      Cyrulnik a construit une espèce de système presque de rentabilisation-normalisation morale et spirituelle de l’individu (ahhhh son truc sur la résilience devenue presque un passage obligé pour les victimes de quelque drame que ce soit, c’est presque une tarte à la crème), qui me paraît tellement à côté de la plaque…même si je conçois que comme pour les contes de Jacques Salomé, c’est devenu un mode de communication tout à la fois rassurant, codifié et un thème d’écriture super rentable pour eux.
      Pour moi, ce n’est pas possible de schématiser ce type d’expérience ni de vécu.
      Chacun est trop différent, trop particulier pour pouvoir théoriser dessus.

      Par contre, oui, je suis d’accord. Chaque expérienceur pour reprendre un terme de Charbonnier, arrive à la EMI avec son bagage religieux, culturel, spirituel donc forcément la EMI est aussi liée à ce bagage de départ, très certainement pour pas mal d’individus. Mais ce qui me frappe quand même assez régulièrement quand j’écoute différents témoignages, c’est que généralement, ces repères culturels sont explosés par l’expérience EMI. C’est à dire que la EMI n’a finalement pas grand-chose de commun avec les bases culturelles et religieuses.
      Dieu utilise par contre très certainement plus ou moins ces repères pour ne pas trop chahuter certains. Il dose si je puis dire l’expérience suivant ce que chacun(e) peut ou pas supporter.
      Dans mon cas, Il s’est lâché! Mais j’ai pu lire que pour d’autres, c’était resté très sage, très en rapport avec leur culture et leur approche religieuse, familiale.

      La tentation post EMI est d’en faire une vérité universelle révélée. C’est le principal piège, il me semble. Où l’ego, l’amour propre s’agite et finit par obscurcir le bénéfice de l’expérience, prendre le dessus sur l’expérience elle-même. Et ça c’est quelque chose dont heureusement, je me suis énormément méfiée et dont je me méfie encore. Car les tentatives de récupération, d’instrumentalisation sont juste énormes. A proportion des accidents ou maladies et états de faiblesse qui ont amené les comas dépassés.
      Les groupes dérivants sectaires, principalement dans le catholicisme romain et le protestantisme, les charismatiques, sont les plus gros artisans de ces manipulations-instrumentalisations à visée financière et mafieuse.
      Le genre de truc écoeurant, quand on sait tout l’univers New Age et l’escroquerie intellectuelle, spirituelle que ces groupes constituent.

      Or l’EMI défie complètement tout ça. Mais à condition de rester hors de tout sentier balisé.
      Il faut accepter ce flou, cet inconnu complet, déphasant, déroutant, sans lien avec notre univers terrestre. Ne pas chercher sur terre de truc équivalent pour se rassurer. Ni religieusement, ni spirituellement.
      Sinon ça devient du prêt à penser, de l’illuminisme et chacun(e) peut être guetté(e), rattrapé(e) par ça.
      Cette acceptation du non-sens, d’absence de repère, n’est surtout pas facile.
      Il est beaucoup plus rassurant d’aller se faire conforter, j’allais écrire réconforter par un clergé, une secte, des manipulateurs, des escrocs qui voient bien eux, tout le bénéfice qu’ils peuvent tirer des expérienceurs pour se faire reluire la panse, mais aussi pour pouvoir acheter des consciences, abuser des naïfs et candides, promouvoir des mystiques dévoyées, se faire de l’argent à bon compte, etc, etc.
      Et une fois le doigt mis dans ce type d’engrenage, l’enfer n’est pas loin pour l’expérienceur, dans la mesure où il devient esclave de son expérience et n’est considéré qu’au travers de cela, ce qui est absolument réducteur, faussé et absurde. On ne peut pas réduire un individu à ce type d’expérience. Ce serait stupide et mesquin. Dangereux aussi à tous les niveaux.

      Ce n’est pas cette expérience qui compte, c’est l’évolution de l’individu qu’elle amène et sa capacité à en faire quelque chose ou pas, à l’utiliser (dans le bon sens du terme) sans en faire un théorème ni une espèce d’autorité incontournable.

      De toute façon, ce qui est vrai à un moment M ne l’est plus à un autre moment et dans un autre contexte. Donc ça devrait permettre un peu plus de pragmatisme et de recul sur tout ça.

      Dans cent ans, on en saura sans doute encore plus sur le cerveau et sur ce qui se passe réellement en coma dépassé, plus qu’aujourd’hui. Ce qui certainement pourra permettre d’en dire un peu plus sur ce type d’expérience, comparativement à ce qu’on peut en dire actuellement, aussi bien scientifiquement que religieusement, spirituellement, etc.

      Je ne serai plus là pour ça, mais je suis sûre que de l’éternité, ce sera amusant d’aller écouter ce qu’en dit le genre humain à ce moment-là. Juste pour en sourire et envoyer de l’énergie supplémentaire pour accélérer le processus de compréhension.

      J’ai toujours l’impression d’être un peu brouillonne et de mal expliquer les choses. Et c’est encore pire sur ce type de sujet.
      Si mon commentaire vous va, vous me rassurez un peu. 😉

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  3. Helloo : Tant mieux si une EMI peut détourner du « cléricalisme » (ainsi que le texte de Françoise s’y réfère) et de toutes les bondieuseries que sectes et religions entretiennent pour leurs incroyables arnaques (crimes contre l’Humanité, selon moi). Me concernant, l’EMI n’est qu’une protection dissociative. Ce passage atemporel de quelques secondes a, néanmoins, le bénéfice de nettoyer hypnotiquement les sujets de tous leurs traumas et de les rendre à eux-mêmes, de la même façon que quelques séances en hypnose ericksonienne. Donc n’attendez pas une hasardeuse EMI pour tenter de vous libérer de vos traumas, injonctions et conditionnements manipulateurs et, en quelques heures, réappropriez-vous votre existence et votre identité.

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