Ma bibliothèque : peut-on perdre la foi ?

Peut-on perdre la foi ?

« Ce que je crois, allez le demander à Rome. »

Brunetière

Un croyant ne perd jamais la foi. Il perd seulement ses illusions, ses conditionnements. Ses idées sur dieu, ses croyances religieuses. Il reprend seulement sa vie en main, entend exercer sa raison critique. Non, un croyant ne perd jamais la foi. Il redevient un humain parmi les autres, celui qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un être en chemin, singulier et universel par nature, avec ses doutes. Non plus un être divisé en soi et avec les autres, mû par les croyances de son époque et de son milieu. Trop souvent, d’un autre temps. Avant que la raison et les sciences, précisément, ne passent par là. Personne ne naît croyant, on le devient sous l’influence des religieux. En somme, la liberté n’est pas naturelle, elle ne tombe pas du ciel, elle est un chemin à rebours. Une connaissance de soi, un creusement, un désentravement toujours plus profond. Remise en question après remise en question…

Aussi, la critique des religions est non seulement un droit mais un devoir impérieux. Il est indispensable de s’en affranchir, de retrouver la raison, d’œuvrer ici-bas à notre humanisation. Liberté de conscience et de religion, auto-détermination et émancipation des humains, Démocratie et droits humains n’ont jamais été l’apanage des religions. Au contraire, elles auront lutté de toutes leurs forces contre tous ces droits pourtant fondamentaux, sous prétexte qu’il faudrait se soumettre au droit divin dont elles seules seraient la dépositaire et la garante patentée. Quitte à étouffer les consciences et à répandre la guerre au nom de leurs dieux ! Quitte à devoir se réformer par la suite, contraintes et forcées par la modernité honnie !

Voici donc quelques énoncés critiques entièrement basés sur la raison :

  • Spinoza : religion = superstition et esclavage politique (Traité théologico-politique) ;
  • Hume : religion = « les rêves d’un homme malade » au service des pouvoirs existants (L’Histoire naturelle de la religion) ;
  • Kant examinant La religion dans les limites de la simple raison : toute une part de la religion est à la fois irrationnelle et déraisonnable, comme le fait de croire que le culte pourrait être un signe de mérite pour Dieu, alors que seule la moralité l’est;
  • Rousseau : les chrétiens sont « de mauvais citoyens » car ils s’occupent plus de Dieu et de leur salut personnel que des hommes (fin du Contrat social) ;
  • Feuerbach : la religion est une aliénation de l’homme qui projette ses désirs dans un monde imaginaire au lieu de les satisfaire « ici-bas » (L’essence du christianisme);
  • Marx : la religion vient du malheur social auquel elle offre une compensation de substitution, qui détourne de le combattre, c’est une idéologie conservatrice (Critique de la philosophie du droit de Hegel, Introduction);
  • Nietzsche : la religion comme la morale (selon lui !) est une « anti-nature » qui dévalorise et mutile la vie terrestre (Le Crépuscule des idoles) ;
  • enfin, Freud : la religion est une « névrose collective » issue de l’enfance et, tout autant, un ensemble d’illusions dans lesquelles nous croyons pouvoir satisfaire des désirs que nous ne pouvons réaliser dans notre existence effective (L’avenir d’une illusion).

Quand on a compris cela, ce qui relève du simple exercice de l’intelligence rationnelle et scientifique de l’homme nous rappelle Yvon Quiniou, on comprend aussi que la religion, toute religion, relève d’un obscurantisme qui doit être dénoncé et dépassé pour rendre l’homme plus libre et autonome, théoriquement et pratiquement. « Ose penser par toi-même », disait Kant, « sois à toi-même ton propre maître » ! Comment refuser cette leçon pleinement humaniste que les religions ne cessent, elles, de récuser ? Et que lui opposer qui soit rationnellement crédible ?

Et puis, un constat sans appel, qui devrait suffire à renoncer à toutes les religions, s’il n’y avait leur emprise depuis la nuit des temps : « Je rappelle seulement, pour terminer, le bilan politique des religions qu’il m’est déjà arrivé d’évoquer ici : 1. Censées unir les hommes, elle n’ont cessé d’être en conflit ou en guerre les unes contre les autres. 2. Elles ont toujours été au service de pouvoirs politiques en place les plus détestables, étant elles-mêmes, pour ceux qui l’exercent institutionnellement, un lieu et une occasion de pouvoir personnel, très éloigné de la vocation spirituelle mise en avant officiellement. S’agissant de leur nocivité politique, deux exemples, empruntés à notre triste actualité mondiale, suffiront. Ce sont les Évangélistes qui, au Brésil, ont porté au pouvoir un homme d’extrême-droite, peu éloigné du fascisme. Quant aux Etats-Unis, Trump n’est-il pas un croyant forcené, s’appuyant sur une base populaire très « croyante » et façonnée comme telle ? Alors oui, il faut dénoncer au nom de la raison, de la morale et des intérêts profonds de l’humanité tout entière, le retour désolant d’une religiosité collective aujourd’hui ! Ne pas le faire, relève de la lâcheté et d’un mépris de l’homme que je ne supporte pas en tant que philosophe progressiste. Entre le culte de Dieu et le respect authentique dû aux hommes, il faut choisir. C’est ce que j’ai fait. »

Ainsi, les chimères religieuses ne datent pas d’hier, leur déconstruction méthodique non plus… Parmi d’autres livres, émissions, vidéos ou blogs qui peuvent nous aider à y voir plus clair, voyez notamment :

Livres :

Articles :

Émissions :

Vidéos :

Blogs :

Bref, si l’on consent à s’informer sans a priori, il est impossible de garder la foi, sans perdre la raison. C’est que les croyances religieuses ne cessent de refluer au fil des siècles, à mesure de nos connaissances empiriques… et du recul de nos résistances à penser par nous-mêmes !

Il est vrai que les idées religieuses mortifères étant invisibles aux yeux du corps, elles demeurent d’autant plus difficiles à déloger de nos esprits influençables. Telles une hydre à mille têtes, une idéologie totalitaire, elles renaissent sans cesse. Tant est prégnant notre besoin de croire, malgré tout…

Peut-on perdre la foi ? Oui, mais ce n’est jamais « cent bonnes raisons » !

Pascal HUBERT

*

Quelle religion ?

Tableau synoptique des grandes religions

Quel christianisme ?

BranchesChristians

L’histoire naturelle de la religion (Hume) :

histoirenaturelletableau

An 2000 et au-delà :

AN 2000 ET AU-DELÀ : CROISADE DE MORALISATION « RELIGIEUSE » ET RETOUR DE L’INTOLÉRANCE RELIGIEUSE

« De tout temps, les humains ont eu besoin de croire en des êtres supérieurs, qui ont été qualifiés de ‘dieux’ et de ‘déesses’ par les hommes, et que le christianisme et d’autres religions ont par la suite récupérés en fusionnant les diverses croyances pour en faire des religions mono­théistes et patriarcales. Ce besoin de ‘croire’ en une religion ou en un dieu créateur et maître de l’Univers a toujours fait partie de la nature humaine, et des humains en ont également toujours profité pour utiliser à leur avantage les attentes et les espoirs de leurs semblables en une vie future meilleure où tout n’est que paix, bonheur et béatitude… »

Claude Mac Duff (extrait)

N’hésitez pas à laisser sur mon blog un commentaire, un avis, une réflexion ou une suggestion…

ou à m’écrire à deviens.ce.que.tu.es333@gmail.com

6 réponses sur « Ma bibliothèque : peut-on perdre la foi ? »

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