INSOUMIS

 

« Soyez résolus de ne servir plus, et vous serez libres. »

Étienne de La Boétie

« Pensez vos propres pensées et non pas les miennes ! Vivez votre vie ! Ne me suivez pas aveuglément, restez libres ! Celui qui pense librement pour lui-même honore toute liberté sur terre. »

Stefan Zweig

 

INSOUMIS

 

La vie a fait de moi un insoumis. Non pas un être parfait, de cela je me fous désormais. Seulement un insoumis, qui ne s’en laisse plus compter. Qui a appris à penser par lui-même, loin de ses semblables s’il le faut. Et il le faut souvent, pour être contre vents et marrées.

À contre-courant

Je n’aurai pas beaucoup ri dans l’existence, quand je me conformais pour ne pas déplaire. À la norme, à la religion, à la bienséance. Aux parents, aux amis, aux religieux. Aux autres. Mais que d’ennui, de mensonge, de prêt-à-penser et d’agir contre soi. Je n’avais pas encore les mots, alors j’empruntais ceux des autres. Mais tout cela n’est plus. Désormais, je pars au loin. Sur des chemins de traverse, là où sévissent tous les hérétiques en liberté. Là où vivent les femmes et les hommes honnêtes. Loin des chimères et des impostures.

À contre-courant

« Croix de bois, croix de fer… », si je mens, je n’irai pas en enfer. Ne plus jamais se fier, tête baissée, aux adultes qui savent pour vous. Ceux-là qui, trop souvent, ne font que suivre d’autres bonimenteurs, sans jamais avoir rien expérimenté. Au nom de leur ignorance, de leur culture, de leur religion, de leurs conditionnements. Mais, tout cela est si puéril, si millénaire. Et c’est tout cela qu’il nous faut abandonner. La peur de penser par soi-même, de peur de mal agir. Non, l’autorité des « sages » n’a jamais été gage de vérité.

À contre-courant

La vie a fait de moi un insoumis. C’était une question de vie, une question de mort. Nullement un choix, seulement un besoin vital. Plus nous oublions celui ou celle que nous devrions être, et plus nous nous fondons dans la pensée d’autrui. C’est ainsi, à chaque fois, et long est le chemin pour s’en déprendre. Aussi long qu’indispensable. Je l’ai compris bien tard, mais ne pouvais alors faire autrement.

À contre-courant

Liberté chérie, tant de fois ignorée. L’étouffante peur de vivre. Lorsque le sacrifice de son être devenait de l’amour, et le désir de liberté un péché. Lorsque ses chaînes devenaient un bien, et la vie un mal. Envolés toutes les illusions et les idéaux, tous ces mensonges. Tendrement aimé le retour à la réalité, dans sa vérité nue et sa nécessaire complexité.

Insoumis, enfin…

Pascal HUBERT

 

 

 

 

 

MICHEL ONFRAY

 

 

LETTRE DE CAVANNA AUX CULS-BÉNITS

Lecteur, avant tout, je te dois un aveu. Le titre de ce livre est un attrape-couillon. Cette « lettre ouverte » ne s’adresse pas aux culs-bénits. […]

Les culs-bénits sont imperméables, inoxydables, inexpugnables, murés une fois pour toutes dans ce qu’il est convenu d’appeler leur « foi ». Arguments ou sarcasmes, rien ne les atteint, ils ont rencontré Dieu, il l’ont touché du doigt. Amen. Jetons-les aux lions, ils aiment ça.

Ce n’est donc pas à eux, brebis bêlantes ou sombres fanatiques, que je m’adresse ici, mais bien à vous, mes chers mécréants, si dénigrés, si méprisés en cette merdeuse fin de siècle où le groin de l’imbécillité triomphante envahit tout, où la curaille universelle, quelle que soit sa couleur, quels que soient les salamalecs de son rituel, revient en force partout dans le monde. […]

Ô vous, les mécréants, les athées, les impies, les libres penseurs, vous les sceptiques sereins qu’écœure l’épaisse ragougnasse de toutes les prêtrailles, vous qui n’avez besoin ni de petit Jésus, ni de père Noël, ni d’Allah au blanc turban, ni de Yahvé au noir sourcil, ni de dalaï-lama si touchant dans son torchon jaune, ni de grotte de Lourdes, ni de messe en rock, vous qui ricanez de l’astrologie crapuleuse comme des sectes « fraternellement » esclavagistes, vous qui savez que le progrès peut exister, qu’il est dans l’usage de notre raison et nulle part ailleurs, vous, mes frères en incroyance fertile, ne soyez pas aussi discrets, aussi timides, aussi résignés!

Ne soyez pas là, bras ballants, navrés mais sans ressort, à contempler la hideuse résurrection des monstres du vieux marécage qu’on avait bien cru en train de crever de leur belle mort.

Vous qui savez que la question de l’existence d’un dieu et celle de notre raison d’être ici-bas ne sont que les reflets de notre peur de mourir, du refus de notre insignifiance, et ne peuvent susciter que des réponses illusoires, tour à tour consolatrices et terrifiantes,

Vous qui n’admettez pas que des gourous tiarés ou enturbannés imposent leurs conceptions délirantes et, dès qu’ils le peuvent, leur intransigeance tyrannique à des foules fanatisées ou résignées,

Vous qui voyez la laïcité et donc la démocratie reculer d’année en année, victimes tout autant de l’indifférence des foules que du dynamisme conquérant des culs-bénits, […]

À l’heure où fleurit l’obscurantisme né de l’insuffisance ou de la timidité de l’école publique, empêtrée dans une conception trop timorée de la laïcité,

Sachons au moins nous reconnaître entre nous, ne nous laissons pas submerger, écrivons, « causons dans le poste », éduquons nos gosses, saisissons toutes les occasions de sauver de la bêtise et du conformisme ceux qui peuvent être sauvés! […]

Simplement, en cette veille d’un siècle que les ressasseurs de mots d’auteur pour salons et vernissages se plaisent à prédire « mystique », je m’adresse à vous, incroyants, et surtout à vous, enfants d’incroyants élevés à l’écart de ces mômeries et qui ne soupçonnez pas ce que peuvent être le frisson religieux, la tentation de la réponse automatique à tout, le délicieux abandon du doute inconfortable pour la certitude assénée, et, par-dessus tout, le rassurant conformisme. Dieu est à la mode. Raison de plus pour le laisser aux abrutis qui la suivent. […]

Un climat d’intolérance, de fanatisme, de dictature théocratique s’installe et fait tache d’huile. L’intégrisme musulman a donné le « la », mais d’autres extrémismes religieux piaffent et brûlent de suivre son exemple. Demain, catholiques, orthodoxes et autres variétés chrétiennes instaureront la terreur pieuse partout où ils dominent. Les Juifs en feront autant en Israël.

Il suffit pour cela que des groupes ultra-nationalistes, et donc s’appuyant sur les ultra-croyants, accèdent au pouvoir. Ce qui n’est nullement improbable, étant donné l’état de déliquescence accélérée des démocraties. Le vingt et unième siècle sera un siècle de persécutions et de bûchers. […]

François Cavanna

 

 

2 réponses sur « INSOUMIS »

  1. Félicitations, Pascal ! Très beau texte que chacun peux comprendre en toute Liberté… enfin LIBRE !!!

    Renata PATTI

    Le mer. 13 févr. 2019 à 19:19, DEVIENS CE QUE TU ES. (Pindare) a écrit :

    > LA VÉRITÉ SI JE MENS posted:  » INSOUMIS La vie a fait de moi un > insoumis. Non pas un être parfait, de cela je me fous désormais. Seulement > un insoumis, qui ne s’en laisse plus compter. Qui a appris à penser par > lui-même, loin de ses semblables s’il le faut. Et il  » >

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