D’une Vérité à l’autre

D’une Vérité à l’autre

 

I

Les religions mensongères

 

     Les religions ont un livre dit « Sacré » et des millions d’adorateurs. Le veau d’or s’est mué des dieux de pierre aux dieux imaginaires. Mais c’est la même ignorance, la même violence, les mêmes peurs ancestrales. Le sacré ne veut rien savoir, sa vérité lui suffit. La science et la démocratie lui sont ontologiquement néfastes. Elles sapent les fondements de son autorité, la relèguent dans la sphère privée. Celle des chimères et des superstitions.

     Les religions veulent régir la Cité, mais ne vous apportent aucun progrès, aucune solution, aucun confort de vie. Au contraire, au nom de leur Vérité, elles luttent contre toute évolution. Au nom de leur Vérité, elles condamnent l’Humanité. Elles mettent à l’index, jugent, persécutent, menacent de l’enfer. C’est une constante : là où la raison s’ouvre, le besoin de religion recule. Là où la religion est au pouvoir, là cesse la liberté de croire ou non. La pensée religieuse est unique, totalitaire. Le vrai fonds de commerce des religions, c’est finalement votre mort.

    Si l’humain était immortel, les religions disparaîtraient – on n’embrasse pas une religion par amour, mais par besoin, par intérêt, pour donner un sens à sa vie. Ce qui est vrai entre les humains sur terre, l’est évidemment envers le Dieu invisible : un même égoïsme, un même besoin de posséder et de détenir la vérité envers et contre tous, le même humain. En retour, le croyant fidèle doit être comme son livre : figé, pétri de certitudes immuables. Sa foi est sa boussole. Il doit rester aveugle et sourd au monde. Sa soumission – qu’il apprendra à aimer telle une vertu – sera la clef de voûte de son salut. Les promesses de vie éternelle exigent, en retour, qu’il renonce au bonheur de vivre. Il rythmera sa vie par la prière, les rites et autres comportements prétendument moraux. Puisqu’il est né pécheur, il devra expier sa faute – mais, heureusement, Dieu est Miséricorde.

      À un moment, je n’ai plus pu croire à ces fariboles d’un autre âge.

 

     Écrire, aimer, vivre, c’est au fond défier les dieux et leurs livres sacrés. C’est remettre en cause le royaume des cieux, le pouvoir des religieux sur les masses. Ainsi, toutes les religions engendrent un puissant conditionnement. Il n’est qu’à voir la réelle difficulté d’en sortir, malgré leurs innombrables hérésies (à commencer par l’origine du mon-de !). Mais les croyants seront les premiers à justifier ces errances. Fussent-ils victimes, ils en sont les gardiens – le « Peuple de Dieu » ! – et leur fidélité est à la mesure de leur servitude : sans limites.

    Pour dénoncer un même mensonge, plusieurs voies sont possibles et des mots différents. Nous l’avons dit, ceux-ci ont peu de prise sur les certitudes du croyant. D’autres s’y sont évidemment déjà essayés, mais leurs arguments de bon sens se trouvent toujours désamorcés de leur tranchant, puis je-tés aux oubliettes par les usurpateurs religieux. Ainsi les mots sans appel de Nietzsche, Voltaire, Krishnamurti, Dostoïevski, Renan, Drewermann, Dawkins, Dennett, Harris, Hitchens ou Meslier. Il suffira d’un beau parleur, d’une petite réforme, d’une réinterprétation des textes, d’un peu de pourpre comme survêtement. Et le sacré repartira de plus belle. Rien n’y fait. Le besoin de certitudes, malgré tout, est si fort.

     Pourtant, si j’ai vécu une conversion, de la croyance à la raison, d’autres peuvent y parvenir. Je suis bien placé pour décrire les mauvaises raisons de croire et les mécanismes de résistances qui empêchent ou freinent les remises en question. Et puis, perdre ses illusions, c’est être libre et finalement plus heureux. C’est prendre enfin sa vie en main au lieu de la déléguer à l’autorité. Et puis, il ne s’agit pas de fermer une porte sur l’inconnu, seulement sur les superstitions.

     Ce qui doit enfin nous guider, disons-le : c’est l’honnêteté face à – l’origine de – nos croyances, c’est la fidélité à ce qui monte en soi, c’est la nécessaire différence entre ce qui nous a été enseigné et ce que chacun a réellement expérimenté. En effet, voyons déjà combien il est aisé de rejeter la croyance de l’autre. Ainsi, un catholique n’aura aucune peine à remettre en cause le Dieu des juifs ou des musulmans – et il a raison. Mais qu’il s’agisse d’opérer de même à l’égard de ses propres croyances et ce sont soudain ses résistances et son insécurité qui se manifestent et font barrage. Il pourra bien, peut-être, admettre certaines erreurs, mais il ne remettra rien de fondamental en question. Ce serait pour lui « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Cela montre déjà combien chacun se trouve influencé par ses préjugés doctrinaux, par ce qu’il a appris parfois dès la naissance. En d’autres termes, il serait bien incapable d’échafauder lui-même – ex nihilo – tout ce système de croyances. Il y croit parce que quelqu’un le lui a inculqué, y a cru avant lui. Quelqu’un qui fait autorité, en qui il a confiance, qu’il estime plus compétent que lui pour juger de ce qui est vrai.

     Ainsi, croire n’a rien d’évident – au contraire, il est parfaitement légitime de douter. Je n’ai pas besoin de croire à la nature, elle s’offre à mon regard. En matière de religion, par contre, c’est bel et bien un système de croyances – parmi des centaines d’autres – qui se construit à une époque et en un lieu. Et qui, à chaque fois, serait censé faire autorité.

     Avant de poursuivre, je crois utile de citer, parmi d’autres, quelques livres qui m’ont aidé en chemin à décaper mes croyances, à m’ouvrir les yeux, à oser un pas de plus. Bref, des livres qui m’ont conforté et réconforté dans mes remises en cause successives et solitaires : Peut-on encore sauver l’Église, de Hans Küng ; De Veritate, de Rodolphe de Borchgrave ; Pourquoi je ne suis pas chrétien, de Kurt Flasch ; Pourquoi nous ne pouvons pas être chrétiens (et encore moins catholiques), de Piergiorgio Odi-freddi.

     Les religions évoluent, me dira-t-on. Oui, mais toujours avec une guerre de retard. Après avoir condamné tant de fois le monde, sans le moindre prophétisme. Nul besoin de religion s’il s’agit de demeurer à la traîne, freiner tout progrès et démontrer, par là même, sa nature purement humaine.

     Le tour de force de l’Église aura été de faire croire qu’elle était fondée par et sur le Christ. Aussi, toutes ses turpitudes sont finalement le fait des hommes – les femmes ne faisant pas (encore) partie du système –, mais ne sauraient remettre en cause son essence divine. Ainsi, le Christ lui reste indéfectiblement fidèle et, hors de l’Église, il n’est point de salut véritable. Il est pourtant un point faible que peu veulent bien voir. Tout l’édifice religieux repose, en effet, sur une supercherie : le « péché originel », prétendument causé par un premier couple Adam et Ève. Un couple qui n’a jamais existé, mais dont la femme tentatrice aurait entraîné la mort du genre humain qui pourtant le précède. Ce qui s’avère être finalement un mythe permet aujourd’hui encore à l’église de légitimer son existence et ses Sacrements, à commencer par le premier : le baptême, censé effacer ledit péché originel… (ces sacrements qui seraient des signes visibles du don gratuit – la grâce – de Dieu, institués par le Christ et confiés à l’Église…) C’est ainsi qu’au-delà de l’homme pécheur, n’oubliez jamais que le prêtre et l’évêque agissent in persona Christi : à travers eux, « la présence du Christ comme chef de l’Église est rendue visible au milieu de la communauté des croyants » (Vatican II, Lumen Gentium 21). Bref, la théologie repose sur un mythe qui verrouille à la base toute critique du système ecclésial. À ne pas remonter à la source du mal, on ne voit jamais que la partie émergée de l’iceberg – le moindre mal.

     « La Vérité vous rendra libres » (Jean 8, 32). L’Église a confisqué la Vérité. Elle en a fait sa chasse gardée, un absolu, un envers et contre tous. Et même un régime totalitaire, inquisitorial, assassinant, mettant à l’index, excommuniant au fil des siècles. Par amour de la Vérité et de Dieu dont elle porterait et proclamerait le « message évangélique ». Aussi, n’allez pas croire que la virulence de ma charge démontrerait une quelconque aigreur, une volonté de régler des comptes, voire une simple volonté de nuire à l’Église. Il s’agit seulement de rétablir une vérité, de mettre fin au joug, de retrouver la seule vérité qui vaille : la fidélité à soi, à partir de ce qui monte en soi. Il s’agit ni plus ni moins de se réconcilier avec notre humanité, avec tout ce qu’elle peut revêtir de complexe et de trouble. Il n’en est pas d’autres à attendre, ni sur le plan personnel ni sur le plan universel. Il incombe – à chacun et à tous – de se construire hors des croyances religieuses qui, depuis la nuit des temps, exploitent notre crédulité, abrutissent notre intelligence et divisent la race humaine.

    Au fond, il s’agit de suivre le conseil de Jean Meslier, prêtre et philosophe des Lumières : « Pesez bien les raisons qu’il y a de croire ou de ne pas croire, ce que votre religion vous enseigne, et vous oblige si absolument de croire. Je m’assure que si vous suivez bien les lumières naturelles de votre esprit, vous verrez au moins aussi bien, et aussi certainement que moi, que toutes les religions du monde ne sont que des inventions humaines, et que tout ce que votre religion vous enseigne, et vous oblige de croire, comme surnaturel et divin, n’est dans le fond qu’erreur, que mensonge, qu’illusion et imposture. »

Pascal HUBERT, extrait du livre D’une Vérité à l’autre.

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… un pas plus loin après : Des illusions à soi

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2 réponses sur « D’une Vérité à l’autre »

  1. Monsieur,
    Je vous ai lu pour la première fois dans le magazine Golias. Depuis, je ne vous lâche plus! J’ai à chaque fois un grand plaisir de découvrir vos textes sur votre blogue. Votre histoire ressemble un peu à la mienne.
    Eduquée au respect de toutes les règles de l’Eglise catholique, j’ai peu à peu compris, grâce à Drewerman et à d’autres, que cette religion était mauvaise.Que cette religion n’était que mensonges et détestation de la femme. Que cette religion n’avait que les mots « péchés » et « punitions » à la bouche.. Que cette religion n’était que pouvoir et dictature. Que cette religion n’était qu’une …une empêcheuse de vivre sereinement et avec amour.
    C’est lors d’une nuit noire, une nuit de souffrance inhumaine que j’ai rejeté aussi ce Dieu  » d’amour « , ce Dieu »Tout Puissant », ce Dieu « miséricordieux » et toute la foi qui va avec.
    Aujourd’hui je suis nue mais je ne suis pas plus mal ainsi! J’envie encore ceux qui ont la foi simple du charbonnier, qui les met à l’abri des peurs de la vie et de la mort et leur donne la certitude d’un « après »
    Oui, je trouve qu’ils ont de la chance d’avoir cette foi-là .

    Je me réjouis de lire vos livres que j’espère pouvoir me procurer dans les librairies suisses.
    J’espère que vous traiterez aussi la religion musulmane qui est, aujourd’hui tout spécialement, à l’origine de toutes les dérives et qui impose ses règles en Europe.
    Car si l’Eglise catholique perd de plus en plus sa crédibilité elle laisse un boulevard à l’islam partout en Occident.
    Que faire?

    Merci pour vos magnifiques messages, si profonds et si bien écrits.

    Marie-Claire

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  2. Bonjour Marie-Claire,

    Je vous remercie très sincèrement pour ce retour enthousiaste, qui me touche profondément.

    Vous m’aidez à poursuivre la tenue de ce blog, lorsque l’écriture se fait parfois plus difficile et que l’on est pris par un sentiment de « à quoi bon ».
    Rejeter le « Dieu-des-religions » ne consiste nullement à perdre son humanité, comme inculqué trop longtemps. Il s’agit, au contraire, de se réconcilier intégralement avec soi pour être plus vivant et, par là, plus ouvert aux autres. Vous l’aurez compris.

    Lorsque paraîtra mon dernier petit livre en date, « D’une Vérité à l’autre », il sera disponible, comme les deux autres, sur le site TheBookEdition (en version papier ou pdf) => ici : https://www.thebookedition.com/fr/recherche?controller=search&orderby=position&orderway=desc&search_query=pascal+hubert

    Pour ce qui est de l’islam, je suis entièrement d’accord avec vous. Dernière religion en date, elle traverse inéluctablement les même dérives. Vous aurez-peut-être lu le billet écrit sur le sujet, sur ce blog également => https://laveritesijemens242355175.blog/2018/05/06/vous-avez-dit-bonne-nouvelle/
    Il y en aura sans doute d’autres. Merci pour votre suggestion. Je suis toutefois plus prolixe sur Facebook => https://www.facebook.com/pascal.hubert.167/posts/10157222490749642
    N’hésitez pas à m’y rejoindre et à réagir.
    Enfin, je continue également à écrire sur « Golias news ». Je compte y publier des articles plus régulièrement => http://golias-news.fr/auteur2288.html

    Voilà, j’espère avoir été complet et vous souhaite le meilleur sur votre propre chemin d’humanité.
    Il n’y en a, en effet, pas d’autre, mais c’est le plus beau. Puisque c’est le vôtre.

    Bonne continuation et au plaisir de poursuivre l’échange.

    Pascal

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