L’Église, ce grand corps malade
Pouvoir et perversion
« Venez et voyez. »
Jean 1:39
Névrose, emprise, conditionnement, perversité, dissonance cognitive, syndrome de Stockholm. Ces réalités morbides s’appliquent parfaitement à l’Église catholique. Et ce, de manière structurelle, à la racine même.
Reprenons :
- Névrose : affection caractérisée par des troubles affectifs et émotionnels sans cause anatomique, et intimement liée à la vie psychique du sujet.
- Emprise : domination intellectuelle ou morale.
- Conditionnement : technique répétitive qui permet l’organisation d’un nouveau comportement par l’acquisition de réflexes conditionnés.
- Perversité : tendance maladive à accomplir des actes immoraux, agressifs.
- Dissonance cognitive : tension interne propre au système de pensées, croyances, émotions et attitudes (cognitions) d’une personne lorsque plusieurs d’entre elles entrent en contradiction l’une avec l’autre.
- Syndrome de Stockholm : phénomène psychologique observé chez des otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont développé une sorte d’empathie, de contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci, selon des mécanismes complexes d’identification et de survie.
La société était coupable de tous les maux, pervertie et immorale. Elle souffrait forcément de son éloignement avec Dieu et devait être rachetée de ses fautes. Toute remise en cause de l’Institution religieuse était, à l’inverse, un « péché », un complot, une tentative de Satan pour détruire l’Église du Christ. Il appartenait à l’être humain de se convertir et, à cette fin, de se laisser guider par le Magistère, détenteur infaillible de la Vérité sur terre.
D’où, pour tenter de concilier malgré tout l’inconciliable, la fuite devant la réalité, la chasse aux hérétiques, la menace de l’enfer et les persécutions en tout genre, tantôt physiques, tantôt spirituelles. Le tout, à l’évidence, pour l’Amour de Dieu.
Désormais, l’omerta se fissure de toute part et que voit-on ? L’Église souffre des maux qu’elle dénonçait. Elle a privilégié sa réputation à celle de ses victimes. Elle n’a rien d’une experte en humanité. Les dérives sont innombrables et planétaires – abus de faiblesse, cléricalisme, viols, pédophilie, etc. – et leur dénonciation provient de la société civile et des médias. Il n’est pas de complot ourdi, pas de forteresse assiégée, pas de comportement éthique dans son chef. Seulement d’immenses scandales recouverts impunément du manteau de l’omerta.
Il ne s’agit pas seulement du « péché » de quelques-uns, mais de crimes. Il ne s’agit pas seulement de crimes de quelques-uns, mais d’une structure mortifère qui a permis au Mal absolu de proliférer et d’atteindre d’abord les plus vulnérables, ceux qui ont cru en cette « Église-Mère », protectrice et dispensatrice des dons de « Dieu ». Ainsi, le Mal qui ronge et gangrène l’Église provient bien de l’intérieur. Et il n’est là, en réalité, rien de neuf. C’est juste qu’oublier l’histoire, c’est l’amener à se répéter, inlassablement. Le déni et l’hypocrisie n’ont que trop duré.
Disons-le clairement. Remontons à la source du Mal : l’Église a un problème avec le sexe. Avec la vérité faite de chair et de sang. Elle prétend parler au nom de « Dieu ». Elle ne cesse de brimer la vie. Elle s’est, de fait, construite et développée grâce à la contrainte, au malheur des gens, à la peur et à l’ignorance. Sa structure même s’est édifiée sur un régime totalitaire et un prétendu péché originel, censé être la cause du malheur de l’humanité.
Faute originelle. Chute. Rédemption. Voilà le triptyque, la pierre angulaire, le venin insufflé dès notre premier souffle. Les Sacrements – à commencer par le baptême -, les prières, les rites, les pèlerinages sauront vous rappeler, jour après jour, mois après mois, année après année que vous êtes « pauvres pécheurs ».
Comme le relève Jean Delumeau, dans Le péché et la peur. La culpabilisation en Occident (XIIIe – XVIIIe siècles), parlant de la névrose collective de culpabilité : « Un Dieu terrible plus juge que père en dépit de la miséricorde dont on le crédite par raccroc ; une justice divine assimilée à une vengeance ; la conviction que, malgré la Rédemption, le nombre des élus restera petit, l’humanité entière ayant mérité l’enfer par le péché originel ; la certitude que chaque péché blesse et injurie Dieu ; le rejet de toute distraction et de toute concession à la nature parce qu’elles éloignent du salut : tous ces éléments d’une ‘théologie primitive du sang’, pour reprendre l’expression de Bultmann, renvoient à une ‘névrose chrétienne’ que les recherches de la psychiatrie contemporaine ne permet plus de mettre en doute. » Voilà qui est dit avec clarté et qui, de fait, ne saurait laissé sans séquelle le croyant par trop fidèle.
Et face à l’ampleur du Mal, et de la pédophilie des clercs en particulier, comment réagit l’Institution religieuse ? Après le déni, elle parle de « péché », de conversion, de prière et de faute à… Satan. Sa vision de l’homme, de la femme et de « Dieu » n’a pas changé d’un iota. Sa doctrine mortifère, incapable d’aimer la vie et de prendre en compte le désir, poursuit son oeuvre de destruction. Empreinte d’un imaginaire religieux, elle se montre viscéralement incapable d’examiner ses propres défaillances pour ce qu’elles sont et, dès lors, de traiter les causes par des moyens rationnels et radicaux. Le déni s’est juste déplacé. Telle est l’anthropologie chrétienne, viciée d’un bout à l’autre, de la racine à ses fruits.
Après vingt et un siècles donc, voilà l’Église vouée à se réformer, encore et encore. Elle semble, soudain, découvrir l’ampleur du séisme. Aucun prophétisme, aucun exemple à en tirer, aucune leçon à donner. « De l’art sacré, des œuvres de bienfaisance », me dit-on parfois. Était-ce donc là sa Vocation première ? Était-ce donc le lieu où elle devait se distinguer du reste du monde ? Dans l’affirmative, qu’elle s’y cantonne. Dans la négative, force est de constater qu’elle a raté sa Vocation première, et commis d’effroyables abus de pouvoir sur les consciences.
Structurellement immorale, elle n’aura pas agi autrement qu’un pervers. Et, du haut de sa domination sur les corps et sur les âmes, elle n’aura cessé d’engendrer névroses, emprise, conditionnement, dissonance cognitive et syndrome de Stockholm. Selon la compliance des croyants à l’Église « une, sainte, catholique et apostolique ». Selon l’époque et le lieu de votre naissance.
Et, en prétextant conduire l’humanité au « monde à venir » (son « Credo »), elle se sera désintéressée de notre bien-être ici-bas. Luttant, à l’inverse, contre l’émancipation des femmes, la liberté de conscience, la modernité, la Démocratie. Ainsi, elle s’avère incapable de nous offrir le « salut », « ici-bas » comme « au Ciel »…
L’Église aura, bel et bien, créé un « dieu pervers », à son image. Un dieu anthropomorphique, miséricordieux mais juge, selon que vous confessiez, ou non, vos fautes et croyiez, ou non, en la sainte Doctrine. Mais, ce « Dieu » n’existe évidemment pas, pas plus que le « livre sacré » composé au fil du temps et interprété par le Magistère, censé contenir toute la Révélation divine.
Telle est la vérité, telle est la vraie bonne nouvelle. Mais l’emprise est profonde, et peu de croyants veulent la percevoir dans son tréfonds et en tirer les conséquences qui s’imposeraient. Les clercs, moins encore, mais il fallait s’en douter. Pouvoir et perversion ont toujours fait bon ménage. Et le « peuple de Dieu » sait se montrer fidèle et servile.
Nous voilà donc avec une minorité de « fidèles » qui, malgré tout, entend demeurer dans le « sacro-saint » giron ecclésial. Composée, pour l’essentiel, de croyants d’un certain âge qui, pour certains, espèrent encore des réformes substantielles – « Revenons à l’Évangile ! » – et de jeunes identitaires, pour qui les certitudes pérennes rassurent encore – « Revenons à la Tradition ! » Le tout, au nom du même Christ, encore et toujours…
Mais, a-t-on jamais fait du neuf avec du vieux ?
Je suis de ceux qui n’y croient plus. Et c’est alors que, comme tant d’autres avant moi, j’ai commencé à vivre…
Pascal HUBERT
« Soyez résolus de ne servir plus, et vous serez libres. »
La Boétie
L’idée de ce billet m’est venue après avoir visionné un documentaire poignant sur cinq femmes victimes d’un « pervers narcissique ». Le synoptique est le suivant : « Ce documentaire raconte l’emprise psychologique et la violence verbale d’un conjoint par un autre. De l’anéantissement de leur personne psychique, jusqu’aux déclics qui leur ont sauvé la vie, les victimes retracent leurs failles, leur enfermement jusqu’à leur reconstruction. »
Je me suis alors demandé si l’Église n’était pas elle aussi, à sa manière, une « perverse narcissique » : « Je suis ton salut, et sans moi tu n’es rien… » Derrière la façade, ne se cache-t-il pas une même violence invisible : séduction – emprise – destruction…
Et personne, ou presque, n’aura rien vu venir. Au point où, vingt-et-un siècles plus tard, les catholiques seraient encore plus d’un milliard à croire.
Amour, culpabilité, mensonge, autoritarisme, déni, silence, peur… quelques traits de caractère communs avec, ce qu’il est convenu d’appeler, le « pervers narcissique » ?
À méditer, me dis-je…
Les cardinaux en costume… des donneurs de leçons
L’Église, la sexualité et Satan : quel délire et quelle hypocrisie !
Le pape François vient d’invoquer Satan pour expliquer la pédophilie au sein de l’Église. Par-delà la seule homosexualité cachée des prêtres, qui n’est pas un délit, la pédophilie, elle aussi cachée, en est un et doit être moralement condamnée. Mais il faut expliquer cette dérive et l’hypocrisie qui la masque par la vision négative du sexe qu’a le catholicisme, qui doit être rejetée.
Quiniou, L’Eglise, la sexualité et Satan : quel délire et quelle hypocrisie !
Esclaves sexuelles de l’Église
Des jeunes femmes, novices de l’Église, des sœurs catholiques, forcées aux relations sexuelles avec des prêtres, jusqu’aux portes du Vatican à Rome. Des mères supérieures qui prostituent leurs jeunes sœurs, pour satisfaire les hommes d’Église. Et même des sœurs enceintes forcées d’avorter. C’est l’un des scandales les mieux gardés de l’Église catholique, mais la vérité commence à émerger. Enquête exclusive.
Esclaves sexuelles de l’Eglise. Émission du 28/02/19
Les religieuses abusées de l’Église – C à Vous – 21/02/2019
La parole libérée
Enfants ou jeunes adultes, ils ont tous été les victimes de prêtres prédateurs, membre de leur famille ou de l’entourage proche. Amnésie et syndromes post-traumatiques, silence coupable et chape de plomb, ils vont mettre des dizaines d’années avant de trouver la force de témoigner.
La parole libérée. Émission du 22/02/19
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Merci à vous, pour l’intérêt porté à la question, aux victimes avant tout.
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