Crimen sollicitationis

Crimen sollicitationis

 

« La vérité vous rendra libre. »

Jean 8, 31

« L’Église romaine ne s’est jamais trompée et sera infaillible jusqu’à la fin des temps. »

Pape Grégoire VII

« L’homosexualité dans le clergé est une question très sérieuse qui me préoccupe. »

Pape François

 

 

Tâchons de comprendre l’incompréhensible, à savoir le décalage abyssal entre la Morale inflexible proclamée par l’Église catholique et les innombrables dérives en son sein (pédophilie, viol de religieuses, dérives sectaires). Les explications faciles viennent spontanément à l’esprit : « Nous sommes tous pécheurs », « Il convient de prier et de faire miséricorde », ou « Ne confondons pas l’Institution religieuse et la fidélité du Christ à son Église ».

 

Derrière le crime, le texte sacré

La rhétorique est parfaitement huilée, servie en boucle par l’Église elle-même, connue et répétée à l’envi par tout bon chrétien. C’est ce qui aura permis à l’Église de ne jamais remonter aux causes véritables et de perpétuer ainsi les abus en tout genre. Nous connaissons tous les singes de la sagesse (aussi appelés « les trois petits singes »), symbole d’origine asiatique constitué de trois singes, dont chacun se couvre une partie différente du visage avec les mains : le premier les yeux, le deuxième la bouche et le troisième les oreilles. Ils forment une sorte de maxime picturale : « Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal. »

À celui qui suit cette maxime, il n’arriverait que du bien…

La réalité, derrière l’imaginaire fantasque, sait se montrer brutale : derrière le crime se cache la loi du silence, la réputation de l’Église avant l’honneur des victimes. Une vérité apparaît désormais clairement : derrière le crime se cache le texte sacré. Ainsi, une autre maxime, bien catholique celle-là, imite à la perfection les trois petits singes… En l’occurrence, une lettre intitulée Crimen sollicitationis (Crime de sollicitation), envoyée en 1962 par le Saint-Office (qui deviendra la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, suite au concile Vatican II), à « tous les Patriarches, Archevêques, Évêques et autres Ordinateurs locaux, dont ceux de rite oriental ».

Le document, rédigé par le cardinal Alfredo Ottaviani, secrétaire de la Congrégation, et approuvé par le pape Jean XXIII, établit la procédure à suivre dans les cas où des clercs (prêtres ou évêques) de l’Église catholique romaine seraient accusés d’avoir utilisé le sacrement de la pénitence (c’est-à-dire la confession) pour faire des avances sexuelles à des pénitents.

De plus, il établit que les mêmes procédures devraient être suivies en cas d’accusations contre des clercs pour homosexualité, pédophilie et zoophilie. Les abus sexuels commis par des clercs sur des mineurs  sont condamnés par ce document, qu’ils aient eu lieu dans le cadre d’une confession ou de toute autre façon.

Cette procédure suit et complète le Code de droit canon alors existant. Elle sera revue en 2001 avec la lettre De delictis gravioribus.

De quoi s’agit-il ? Le silence est imposé à tous, y compris à la victime, sous peine d’excommunication : c’est le secret du procès. La lettre impose, en effet, un secret absolu, lors du déroulement du procès, même lorsque le verdict, favorable ou non, a été rendu et mis en application (§ 11). Un serment de silence éternel doit être fait par tous les participants au procès : non seulement les membres du tribunal (formule du serment incluse dans les Appendices), mais aussi le(s) dénonciateur(s) du prêtre, le(s) témoin(s) éventuel(s) et le prêtre accusé lui-même (§ 13).

Ainsi violer le secret, libérer la parole par souci de vérité s’avère bien plus grave que la commission des abus eux-mêmes. On comprendra mieux pourquoi l’Église, face aux dérives en ses murs, a tout fait pour nier les abus, étouffer les scandales, déplacer les abuseurs et omis de prendre en considération le sort de ses innombrables victimes de par le monde. Or, une victime qui n’est pas écoutée meurt à petit feu, ici au nom d’intérêts supérieurs qui tordent les valeurs de compassion et de charité qu’est pourtant censée vivre et promouvoir l’Église. C’est, purement et simplement, de la perversion systémique et au plus haut niveau.

Nettoyer les écuries d’Augias, puis repartir de l’Évangile ?

La dernière rhétorique en date est désormais connue. L’Église, secouée en son sein par un véritable séisme, tente de prendre la mesure et de se relever… Après que nous ayons assisté, ébahis, à la faillite monumentale de l’église. Après qu’il faille bien admettre que ce n’était pas juste une cabale de la société civile ou de Satan contre l’Église. Après qu’il faille bien reconnaître que ce n’était pas seulement quelques pécheurs qui défiguraient l’édifice sacré. Bref, après avoir admis que c’était bel et bien le système ecclésial qui se trouvait à l’origine des abus, il s’agirait désormais, après purification, de repartir de… l’Évangile.

De quoi parle-t-on ici au juste ? D’une énième tentative pour sauver, malgré tout, l’Église ? D’un nouvel enfumage pour tenter de garder en son sein les derniers fidèles ? D’un même traitement, à plus grande échelle, que celui déjà administré en vain par l’Église aux communautés religieuses et mouvements déviants ? Bref, quel est donc cet Évangile oublié, auquel il s’agirait de revenir enfin ?

L’on sait que la figure centrale du christianisme s’appelle Jésus. Mais ce Jésus n’a laissé, de son vivant, ni écrit ni église hiérarchique. Le second testament a été rédigé bien après sa mort, par des « évangélistes » qui ne l’ont jamais connu. Les textes eux-mêmes ont subi maints remaniements. Ils seront lus d’abord de façon littérale avant que l’exégèse, parmi d’autres sciences, ne vienne bousculer la lettre du texte sacré. Cette lettre, souvent mal comprise, qui pouvait vous mettre à l’index, voire vous tuer. Ainsi, ces textes seront finalement considérés, pour une part, comme mythologiques, repris de mythes païens et de leurs dieux. L’Église s’appropriera le texte pour s’ériger seule dispensatrice du Salut. Elle édifiera prières, rites, sacrements censés perpétuer l’authentique « Parole de Dieu ». Cette Parole qui évoque un Dieu anthropomorphique, à l’image des connaissances et de la mentalité de l’époque. Ainsi, un Jésus qui est Dieu pour certains, devenu désormais pour d’autres un homme « simplement » exceptionnel. Un Jésus qui, à en croire les évangiles, sait aussi se montrer menaçant à l’égard de ceux qui ne croient pas en lui, et qui pense que le Royaume adviendra de son vivant.

Ainsi, force est de constater que les textes bibliques s’avèrent bien incertains, de même que le personnage de Jésus. C’est, précisément, ce qui aura permis à l’Église de prendre sa place, de parler en son nom et de menacer d’enfer tous ceux qui remettaient en cause son enseignement magistériel. Un enseignement infaillible qui, soit dit en passant, se sera édifié sur un péché originel inexistant. Et une contre-vérité qui aura tué la confiance que chacun devrait naturellement se porter, pour reporter celle-ci entre les mains d’une autorité religieuse, censée savoir ce qui est juste et bon pour chacun. Bref, une Vérité mortifère, qui depuis se veut universelle et irréformable.

Voilà où nous conduit la confiance aveugle en un pouvoir totalitaire, autocentré. Et le même danger nous guette lorsque chaque croyant serait désormais invité à vivre selon l’Évangile, c’est-à-dire selon le message de Jésus ou son « esprit ». Non seulement, nous l’avons vu, ses paroles nous sont restées largement inconnues, mais, qui plus est, sommes-nous à ce point incapables de vivre notre vie par nous-mêmes ? Pourquoi donc chercher à l’extérieur de soi ce que vivent et partagent d’ores et déjà tant de femmes et d’hommes en quête de vérité, à savoir le besoin d’être aimé et le besoin d’aimer ? Que peut bien signifier aimer et prier un être jamais entrevu, alors que nous peinons déjà tant à aimer les êtres de chairs et de sang que nous côtoyons chaque jour ? Quel sens peut bien revêtir le besoin d’imitation, alors que nous avons déjà tant de mal à vivre notre vie au mieux de ses potentialités ? Ne serait-ce pas encore une manière de nous faire croire que l’Église est la seule vérité, la porte du salut et qu’en dehors d’elle, nous ne pourrions décidément rien faire ? S’agit-il de s’ancrer dans le réel du quotidien ou d’édifier encore un imaginaire céleste qui, bien que repensé, n’en resterait pas moins foncièrement religieux ? Ne serait-ce pas, en finale, nous faire porter un lourd fardeau au nom d’une chimère ? Et si l’Église cherchait, depuis toujours, à nous enchaîner à sa Morale salvatrice, plutôt qu’à nous faire désirer simplement la vie ?

Joseph Ratzinger, à l’époque théologien, résume à lui seul cet enfumage, ce verbiage qui rend toute réalité simple extrêmement confuse et empêche finalement le croyant d’y voir clair. Ainsi, en 1969, après avoir posé le constat d’une église « remplie d’humains corrompus », il écrivait, dans son livre Introduction au christianisme, que la particularité de l’Eglise se situe au-delà de son organisation, « dans la consolation de la Parole de Dieu et des sacrements qu’elle apporte dans les jours de joie ou de tristesse ». Ainsi, « les vrais croyants ne donnent jamais une importance excessive à la lutte pour la réorganisation des formes ecclésiales. Ils vivent de ce que l’Église est toujours. Si l’on veut savoir ce qu’est vraiment l’Église, c’est eux qu’il faut aller voir. L’Église n’est pas là où l’on organise, où l’on réforme, où l’on dirige ; elle est présente en ceux qui croient avec simplicité et qui reçoivent en elle le don de la foi, qui devient pour eux source de vie ».

Bref, ce serait une illusion de croire en une « Église des Saints », car ce qui existe réellement est une « Église sainte », car « le Seigneur lui prodigue le don de la sainteté, sans aucun mérite de notre part ».

Personnellement, je me demande si l’illusion vantée n’est pas encore plus profonde. Au-delà des enseignements d’une chapelle se pose la question véritable de leur intérêt pour notre temps. Autrement dit, qu’est-ce qui la distinguerait des sagesses humaines vécues en dehors de toute croyance religieuse ? Et, plus encore, au-delà d’un enseignement et du personnage Jésus, en quoi m’aideraient-ils à vivre mieux ou autrement ma vie ici-bas ? Et, en finale, si tant est que tout ne soit pas « mystère de foi », quelle expérience de chair puis-je en avoir (si possible partageable, voire universelle) ? N’est-il pas vrai, au vu de l’histoire, que les religions n’ont jamais eu le monopole, ni des horreurs, ni de la compassion ?

Comme le relevait déjà Eugen Drewermann, dans Fonctionnaires de Dieu : « Quelle mesure de temps et d’engagement personnel ne faut-il pas contre les résistances de la peur et l’idéologie ecclésiastique du ‘sacrifice’ et du ‘don total’ pour en arriver à être un peu plus proche de l’autre, ne serait-ce qu’un peu ! »

Depuis toujours, l’église aura su nous mener en bateau, nous conduire dans les impasses de l’ignorance et les méandres de sa Vérité. Et, une fois encore, il semblerait que Jésus, bien que toujours fidèle, se soit endormi au fond de la barque… Ce qui permet à l’église de parler, encore et toujours, en son nom : « L’Église du Christ est appelée à renaître ! »

 

Les religions me font peur, de plus en plus peur. Toujours à chercher une légitimité, malgré tous les signes contraires. De réinterprétation en réinterprétation, de réforme en réforme, d’illusion en illusion. Toujours prêtes à allécher le chaland. Mais, elles ne mènent jamais nulle part, seulement à la division. Elles sont toutes pareilles, à subir les mêmes maux, à nous infliger leurs sempiternelles vérités. Et tout cela, au nom d’UNE Vérité imaginaire.

Et si l’on revenait enfin sur terre, histoire de marcher ensemble sur notre chemin d’humanité ?

Pascal HUBERT

 

 

CRIMEN SOLLICITATIONIS

 

Siervo de Dios…
Serviteur de Dieu
Tocamientos, sacramentos, felaciones, juramentos
Atouchements, sacrements, félations, serments
Te enseño mi doctrina en forma de erección
Je t’enseigne ma doctrine en forme d’érection
Abuso de los niños, perversión y puro vicio
Abus des enfants, perversion et vice pur
Bajo mi sotana puedes encontrar a Dios
En dessous de ma soutane tu peux trouver Dieu

El confesionario es nuestro « tortuario »
Le confessionnal est notre lieu de torture
Ay ! Padre nuestro líbranos de él
Oh ! Notre Père délivre-nous de lui
En la sacristía hay mucha pederastia
Dans la sacristie il y a beaucoup de pérédastie
Ay ! Padre nuestro mas líbranos de él
Oh ! Notre Père délivre-nous de lui

CURAS, Violación, vejaciones a un menor
Curés, viols, vexations d’un mineur
CURAS, ¡Qué más da ! si nadie se va a enterar
Curés, qu’est-ce que ça peut faire ? Personne ne s’en rendra compte
CURAS, sin precaución tengo plena protección
Curés, sans précaution j’ai une pleine protection
CURAS, Meditad ! ¿Quién me dio la inmunidad ?
Curés, Méditez ! Qui m’a donné l’immunité ?

JUDAS, MI NOMBRE ES RATZINGER
Judas, mon nom est Ratzinger
JUDAS, SOY BENEDICTO XVI
Judas, je suis Benoit XVI
JUDAS, YO LO FORMALICÉ
Judas, moi je l’ai régularisé
JUDAS, JUDAS, CERRANDO BOCAS
Judas, Judas, en fermant les bouches

JUDAS, EN EL NOMBRE DE DIOS
Judas, au nom de Dieu
JUDAS, FINANCIAREMOS SU PERDÓN
Judas, nous financierons son pardon
JUDAS, DÁNDOLE PRIORIDAD
Judas, en lui donnant la priorité
JUDAS, A TAPAR ESCÁNDALOS
Judas, pour couvrir les scandales

Miembros de la Curia, párrocos del sufrimiento
Membres du Clergé, prêtres de la souffrance
Crueles violaciones que al final se lleva el viento
Viols cruels qui au final s’envolent au vent
Babosos violadores, carecéis de sentimientos
Violeurs baveux, vous manquez de sentiments
Los llantos de los niños que el pontífice ha encubierto
Les chagrins des enfants que le Pontife a dissimulé

Oremos mis infantes por detrás y por delante
Prions mes enfants par derrière et par devant
Todos desnuditos a los ojos del señor
Tous tout nus aux yeux du seigneur
Se encargan mis hermanos, los perros del Vaticano
Les chiens du Vatican se chargent, mes frères,
De maquillar la mierda, que no llegue el mal olor
De maquiller la merde, pour que la mauvaise odeur n’arrive pas.

1 y 2, es tu religión, 3 y 4, tu alma ya está a salvo
1 et 2, c’est ta religion, 3 et 4, ton âme est sauvée
5 y 6, silencio a lo que veis, 7 y 8, Lágrimas y Gozos
5 et 6, passez sous silence ce que vous voyez, 7 et 8, Larmes et joies
CRIMEN SOLLICITATIONIS
CRIMEN SOLLICITATIONIS
1 y 2, que no te vea Dios, 3 y 4, malditos bastardos
1 et 2, que Dieu ne te voie pas, maudits bâtards
5 y 6, cuidado con lo que hacéis, 7 y 8 Lágrimas y Gozos
5 et 6, faites attention à ce que vous faites, 7 et 8, Larmes et joies
¡Basta de tiranos ! ¡¡¡ODIO AL VATICANO ! ! !
Assez des tyrans ! JE DÉTESTE LE VATICAN ! ! !

2 réponses sur « Crimen sollicitationis »

  1. Je comprends que l’auteur est Ska-P ? Il nous a fallu à toutes et tous de nombreuses années avant que nos yeux se dessillent et que le voile tombe pour que nous prenions la mesure de cet enfer qui porte cependant une étiquette très parlante : « le saint siège » !!… Merci.

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