Être l’ami d’une femme
Être l’ami d’une femme vous renvoie à l’homme que vous êtes. Grandeur nature, et ce n’est pas toujours glorieux. Pour peu que vous vous regardiez en face, que vous fassiez preuve d’honnêteté. Dans un monde machiste, où la femme est souvent un bon plan. Et l’homme un prédateur en puissance, avec ou sans costard, avec ou sans belle-gueule. Une réalité plutôt à sens unique, tant il est rare que la femme ait l’ascendant sur l’homme. Pour des raisons physiques, économiques, patriarcales. Chassez le naturel, et il revient au galop.
L’homme qui désire être l’ami sincère d’une femme aura beaucoup à travailler sur lui. Pour peu qu’il se laisse bousculer par la femme, il deviendra meilleur. Moins macho, il taillera ses angles morts. Il verra la force dont elle devra souvent faire preuve, dans ce monde où elle doit souvent lutter. Pour se faire simplement une place, à l’égale de l’homme. Si une femme vous fait l’honneur d’être votre amie, faites-lui l’honneur de ne jamais la trahir. Soyez enfin à la hauteur du cadeau offert. Sachant qu’elle aura bien des fois été trahie. Par des hommes pleins de promesses, beaux charmeurs ou prétendument là au bon moment.
Et si vous gagnez un jour sa confiance, elle vous racontera le fond de son être. Si vous vous montrez à la hauteur, elle vous dira ses faiblesses, ses luttes et ses victoires. Elle vous désarmera comme jamais encore, vous dévoilera vos propres failles. Qui ose se révéler fait grandir l’autre en retour. Elle est si différente de vous, vous contraint sans cesse à être vous-mêmes. À grandir en humanité, à vous éroder de ces idées héritées. L’amitié avec une femme est une chose bien étrange. Une différence féconde, qui fait de vous un être en perpétuel devenir.
Être l’ami d’une femme a changé ma vie, je n’en dirai pas plus. Le reste m’appartient, est en devenir. Encore un mot, peut-être. Je vois dans le regard de l’amie, l’enfance qui m’a manquée. Elle m’a rejoint tant de fois, en me racontant sa propre enfance. Il est impossible de dire l’alchimie qui se vit alors. Les mots s’évanouissent, et c’est très bien ainsi. Des moments où vous êtes plus humain que d’ordinaire. Une part manquante qui vous comble, un avant-goût d’humanité réconciliée.
Être l’ami d’une femme, je ne pourrais en dire plus.
Pascal HUBERT