Une vie pour apprendre à aimer
J’en suis de plus en plus convaincu. Cette vie n’a d’autre sens que celui d’apprendre à aimer. Aimer élargit tant notre horizon que je ne vois rien de plus beau ni d’authentique à vivre sur cette terre. Et si les religions ont un sens, elles devraient toutes nous rappeler celui-là. Bien avant leur doctrine et leur morale insipides et mortifères. C’est qu’il s’agit bel et bien de vivre. Non plus par devoir, telle une ligne à suivre, ou un enfer à éviter. C’est d’un retournement de sens dont il s’agit.
L’agonie primitive
Sans amour, le sens de cette vie nous échappe. Nous le savons désormais, et Cyrulnick nous le rappelle dans La nuit, j’écrirai des soleils : « Un nouveau-né abandonné n’a aucune chance de survivre. Le corps de sa mère lui offre une première niche sensorielle qui tutorise ses développements. Parfois, cette niche est altérée par la maladie de la mère, par la violence conjugale, par la précarité sociale, par la famine, par les épidémies, par les guerres et bien d’autres malheurs qui ne sont pas rares dans l’aventure humaine. Ces enfants composent la population des mal partis dans l’existence. »
La réalité du trauma est désormais observable dans le cerveau, grâce à l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM). C’est que, face à une « mort imminente », le cortex et l’hippocampe sont dans l’incapacité de se représenter l’événement, de l’intégrer et de relier à des connaissances ou des repères acquis et donc de moduler ou d’éteindre les amygdales : la réponse émotionnelle reste maximale et les taux d’adrénaline et de cortisol deviennent toxiques pour l’organisme, ce qui entraîne la mise en place d’une voie de secours exceptionnelle qui va faire disjoncter le circuit limbique, déconnecter les amygdales et éteindre la réponse émotionnelle grâce à la sécrétion par le cerveau de drogues dissociantes endogènes, endorphines et drogues « kétamine-like ».
Cette disjonction provoquée va entraîner une anesthésie affective et physique, une dissociation et calmer l’angoisse, mais elle va aussi recharger et aggraver la mémoire traumatique et créer une dépendance aux drogues dissociantes.
Tous les rescapés le savent, désormais, par expérience : renouer avec soi et autrui devient particulièrement difficile. L’être, « coupé en deux », peine à renouer avec son émotion et son désir enfuis. Aimer devient un combat de chaque instant. C’est un fait, les voilà mal partis dans la vie…
Aussi, face aux malheurs du monde, le Dieu d’amour des religions, protecteur et bienveillant, paraît particulièrement mal venu, pour ne pas dire obscène. Il faut consentir à demeurer seul en ce monde, loin des consolations illusoires et de l’omnipotence d’un ami imaginaire. Il faut surtout chercher à vivre encore et à se reconstruire sur les braises du trauma. Il convient, coûte que coûte, de restaurer ainsi les liens brisés : de soi à soi et de soi à l’autre.
Sortir du gouffre
Ainsi, parmi d’autres possibilités existantes, je voudrais faire un petit détour par l’EMDR (acronyme de « Eye Movement Desensitization and Reprocessing », en français : « Désensibilisation et retraitement par le mouvement des yeux »), méthode fondée par la psychologue américaine Francine Shapiro, auteure du livre de référence Des yeux pour guérir. Méthode utilisée pour les états de stress post-traumatique (ESPT) subis par les victimes de conflits, d’attentats, de violences sexuelles ou de catastrophes naturelles. Mais également dans d’autres types d’affections, comme la toxicomanie, l’anorexie ou la dépression.
De quoi s’agit-il ? « Chaque événement douloureux laisse une marque dans le cerveau, précise le psychiatre David Servan-Schreiber, qui a introduit la méthode dans l’Hexagone, et qui préside l’association EMDR-France. Celui-ci effectue alors un travail de “digestion” permettant aux émotions qui accompagnent le souvenir de se désactiver. A moins que le traumatisme ait été trop fort ou ait frappé à une période où nous étions vulnérables. Dans ce cas, les images, les pensées, les sons et les émotions liés à l’événement sont stockés dans le cerveau, prêts à se réactiver au moindre rappel du traumatisme. Dans l’EMDR, le mouvement oculaire “débloque” l’information traumatique et réactive le système naturel de guérison du cerveau pour qu’il complète son travail. »
Comment fonctionne la méthode ? Nous l’avons dit, lorsque nous sommes confrontés à un événement traumatisant, notre cerveau subit des turbulences, ce qui va activer la région de l’hippocampe du cerveau, qui produit les souvenirs, et celle de l’amygdale, qui est le siège de nos émotions. De leur côté, les mouvements oculaires agissent sur l’hippocampe et l’amygdale, mais surtout sur le thalamus, qui va jouer un rôle de régulateur de la mémoire émotionnelle. C’est lui qui va permettre de dissocier le souvenir de l’événement de la douleur qui en découle.
L’EMDR est une méthode qui a fait ses preuves. Elle est recommandée par la Haute Autorité de Santé et par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) en France, par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans le monde entier comme thérapie de choix des troubles de stress post-traumatique.
Au-delà des croyances religieuses, l’expérience de mort provisoire
Personne ne m’expliquera jamais la blessure d’un enfant, les fours crématoires ou la mort d’un innocent. Rien ne cadre avec la croyance des dieux ici-bas. Il incombe à chacun de vivre son humanité, de traverser comme il peut les épreuves de l’existence. Les inventions religieuses ne dispenseront jamais du malheur et aucune prière ne pourra guérir la blessure. Renaître est toujours un long chemin, dont on ne revient pas toujours.
Mais, à mille lieux du « Dieu bouche-trou », nous pouvons entendre celles et ceux qui sont revenus de la mort et nous parlent de leur « expérience de mort provisoire ». Elle n’est pas affaire de mérite, de sainteté ou de piété expiatoire. Au contraire, elle advient au commun des mortels, au détour d’un banal accident, d’une maladie, d’un coma. De quoi s’agit-il ?
Comme le décrit Jean-Jacques Chardonnier : « Classiquement, les personnes qui vivent une EMP (expérience de mort provisoire) disent assister à leurs manœuvres de réanimation comme si elles étaient en dehors de leurs corps. Elles ont également la possibilité de voir des scènes qui se déroulent à très grande distance de leurs corps et de lire par télépathie les pensées des gens qui les entourent. Elles passent ensuite dans un tunnel au bout duquel elles pénètrent dans une lumière d’amour inconditionnel où elles reçoivent un enseignement : “il faut apprendre à aimer et à pardonner”.
Elles se trouvent parfois plongées dans leur futur ou leurs vie futures, ainsi que dans leur passé ou même leurs vies passées. Elles comprennent que tout est juste et que nos épreuves terrestres sont là pour nous faire progresser. Elles rencontrent des défunts (famille ou amis) mais aussi les animaux qui les ont accompagnés. Il y a aussi souvent décrit une rencontre avec un être de lumière assimilé à Dieu, avec des anges ou avec des guides spirituels. En général, les expérienceurs n’ont pas envie de revenir dans leur corps physique, si bien que le retour à la vie est douloureux et nostalgique. »
Eben Alexander, professeur universitaire en neurochirurgie, racontera également avoir vécu une EMI. Le 10 novembre 2008, à la suite d’une maladie rare (méningite bactérienne), il est plongé dans le coma, en état de mort cérébrale. Au bout de sept jours, alors que ses médecins songeaient à le «débrancher», il revient «miraculeusement» à la vie. Il relate son expérience dans son livre La preuve du Paradis. Voyage d’un neurochirurgien dans l’après-vie.
À ce propos, le Dr Raymond Moody, précurseur des études sur les expériences de mort imminente a déclaré : « L’expérience de mort imminente d’Eben Alexander est la plus stupéfiante que j’ai entendue depuis quarante ans que j’étudie ce phénomène. Il est la preuve vivante qu’une vie après la vie est possible. »
Ainsi, ce ne serait pas le cerveau qui produit de la conscience. Au contraire, celle-ci serait extra-neuronale. La preuve ? « Par exemple, comment une hallucination donnerait-elle la possibilité de recevoir une information inconnue et vérifiable secondairement ? Comment une hallucination permettrait-elle de rencontrer un défunt inconnu et reconnu ensuite sur une photo appartenant à une personne que l’on n’avait jamais rencontré de sa vie? Comment une hallucination permettrait-elle de décrire une scène se déroulant à des kilomètres de son corps physique ? » (Charbonnier).
Une vie après la mort ?
S’il existe une vie après la mort, elle est nécessairement inconcevable. Nos connaissances empiriques le démontrent déjà à foison. Depuis la nuit des temps, celui de toutes nos ignorances… Ces connaissances qui déconstruisent, siècle après siècle, toutes nos pseudos-vérités éternelles. En finale, c’est encore la raison critique – la libre pensée ! – qui nous permettra de concevoir une vie après la mort.
Et si l’Amour existe, eh bien, il est à l’opposé de nos petitesses : il n’est qu’Amour !
Pascal HUBERT
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