Et si Dieu était une femme ?
Noir de monde ce matin, dans la grande salle éternelle du Vatican. Tous ces hommes ordonnés manifestaient, à l’unisson, leur opposition à la dernière hérésie en date. Celle d’une artiste femme ayant peint une femme noire pour représenter Dieu. Bonté divine, c’est que pareille remise en cause de l’histoire sainte serait de nature à ébranler tout l’édifice ecclésial. Ne repose-t-il pas sur un socle sûr : Dieu est un Homme !
Le monde ne cesse de changer, mais l’Église ne le peut, par fidélité à Dieu. C’est bien ce qui la distingue du reste des pécheurs, l’empêche précisément de sombrer. D’inspiration divine, elle se doit de transmettre la « loi naturelle ». Jésus est un homme, les disciples sont des hommes et Dieu est un Père. Seule la Vierge Marie est femme, et l’Église, et Marie-Madeleine la prostituée, et quelques autres. Des femmes servantes, toujours. Bref, aux hommes le pouvoir sacré, aux femmes le sacré du service. Par amour de l’humble Vérité. Pourquoi vouloir changer l’ordre des choses, puisque séculaire ?
Saint Paul lui-même a rappelé la place des femmes : « Que les femmes se taisent dans les assemblées » (1 Corinthiens 4,34-35). Depuis, la chose est entendue. D’autant qu’elles ont désormais une âme, et peuvent même catéchiser sur la place qui revient à chacun.e. Pour tout bon catholique, l’affaire est tranchée. Comme la gorge des sorcières lors de l’Inquisition. Ève a péché. Il lui appartient, désormais, d’accoucher dans la douleur et de rester sous l’autorité de son mari. Ainsi, le monde peut bien changer, l’Église ne le pourrait sans trahir la « loi divine ». C’est une question de Salut, vous dis-je, une cause définitivement entendue.
Heureusement, l’Esprit veille au grain et sait rappeler des évidences éternelles. Parce que du grain, il y en a toujours à moudre. Avec ces femmes qui, siècle après siècle, réclament toujours plus de droits et d’émancipation. À les suivre, Dieu serait une femme. Voilà bien un anthropomorphisme déplacé, une hérésie monstrueuse dont se rend coupable un féminisme outrancier. La femme dans l’Église, c’est un peu comme un cheval de Troie au milieu d’une forteresse retranchée. Il faut s’en méfier, dresser conciles et donjon. Pour, toujours, remettre l’Église au milieu du village.
Aucune misogynie donc dans les propos de la Sainte Église, aucune discrimination, aucune volonté de soumettre qui que ce soit. Seulement une place à garder, une spécificité à conserver, un « génie féminin » à approfondir. Abandonnons ces querelles de clocher, ce désir de la femme d’être un homme, ce besoin sot de désirer une égale dignité que l’Église lui confère déjà. Voyez plutôt combien les clercs et l’Église sont au service du « peuple de Dieu ». Ainsi seulement pourra, siècle après siècle, perdurer la belle harmonie voulue par Dieu, de toute éternité : « Il les créa homme et femme » (Genèse 1, 26-28).
Pascal HUBERT
Inspiré de :
Une artiste a choqué le monde après avoir peint une femme noire pour représenter Dieu
Voy. également : Pascal Hubert, « Église et sexualité ou le mythe de la pureté », Golias Mag, n° 176
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J’ai toujours été tentée moi aussi que Dieu pourrait bien être une femme, la femme met les enfants au monde, c’est une grande créatrice…
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J’ai toujours été tentée de croire que Dieu était une femme, il en a toutes les qualités …..
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Merci Anne. Je crois que « Dieu » homme ou femme, c’est surtout le fruit de nos représentations
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Ça y est je me lance et mets un commentaire sur le blog! Et je commence par un long commentaire. Trop long peut-être.
En lisant l’article ci-dessus j’ai pensé à ce que nous avons vécu ici en Suisse.
Le 14 juin de cette année, nous avons vécu une journée spéciale: la grève des femmes. Cette action fut préparée longtemps à l’avance avec des revendications, des témoignages, des histoires de discrimination, des faits scandaleux…Chacun et chacune fut informée de la raison de cette grève.
Pour une fois, pas de différends entre suisses romands et suisses alémaniques, mais une union forte et une détermination puissante de toutes les femmes.
Cette journée du 14 restera marquée dans nos mémoires.
Manquaient toutefois à cette grève les nombreuses femmes engagées dans l’Eglise catholique. Aucune ne s’est exprimée, aucune n’a dénoncé la misogynie du Vatican, aucune n’a parlé des discriminations dont elles sont victimes. Silence radio et soumission totale face à ce non-respect des droits humains! Pas un mot sur cette structure hiérarchique d’un autre temps qui ne respecte toujours pas l’égalité entre les hommes et les femmes!
Le scandale que vous nous racontez Pascal, provoqué par la représentation de Dieu par une femme, démontre bien que cette clique d’hommes active au Vatican n’est pas prête à la considérer comme un être humain à part entière. Seule Marie toujours vierge et pourtant mère a leur considération. C’est sur cette absurdité biologique et théologique qu’ils s’accrochent pour définir ce qu’est la vraie femme!
Si les religieuses du monde entier et si les femmes engagées dans l’Eglise se donnaient la main et faisaient la grève je pense que l’Eglise en serait bien bouleversée et le Vatican menacé d’effondrement.
Or, en dépit de tout ce que nous savons aujourd’hui sur le comportement scandaleux de nombreux hommes d’Eglise, rien ne bouge. Bien au contraire.
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Merci de vous être lancée ! C’est un fait que toutes les femmes ne se sentent pas concernées par leur émancipation. Certaines voient même leur libération dans la servitude. Ainsi, par exemple, la grève des femmes ou la manif pour tous, c’est clairement pas le même combat. C’est un peu comme s’il existait un féminisme islamique ou une liberté théologique (pape François)… Quand le religieux se mêle de nos affaires, ça tourne toujours à notre détriment. L’histoire ne me démentira pas…
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