Croyant, jusqu’à quand ?

Croyant, jusqu’à quand ?

« C’est le croyant qui croit détenir la vérité ‘unique et universelle’. Ce n’est pas l’incroyant. Celui-ci est, au contraire, convaincu que cette vérité est inaccessible à l’homme. »

René Pommier, libre-penseur

Elisabeth Feytit pose parfaitement le problème, en quelques mots seulement : « Toutes les religions (toutes) demandent explicitement la soumission à leurs dogmes. C’est un fait. Qu’elles se présentent comme pacifiques ou non, qu’on se donne la liberté d’en analyser les textes, de les interpréter ou pas, elles sont toutes porteuses de la violence de l’obéissance et du prosélytisme (à un niveau familial, communautaire ou social) nécessaires à leur survie et sans lesquels l’appartenance religieuse n’existerait tout simplement pas. »

Nous sommes de plus en plus nombreux à en être désormais convaincus, en ce compris parmi certains croyants. Grâce ou à cause de tous les scandales que l’on sait, tombés enfin sur la place publique après avoir été soigneusement cachés ou niés par ceux-là mêmes qui auraient dus nous montrer l’exemple. Grâce ou à cause de la fausseté des doctrines démontrée maintes fois par les sciences. Comment expliquer alors qu’il y ait encore tant de fidèles qui peinent à renoncer à leurs croyances, alors qu’ils sont parfois les premiers à avoir subi durement dans leur chair les abus infamants de leur religion ?

Bref, comment expliquer les croyances en un Dieu invisible, et ce besoin de croire en l’irrationnel, malgré tout ce que l’ont sait désormais avec certitude ? À cause des promesses d’éternité, sans doute; à cause de l’insécurité que génère toute remise en question qui, bien que salutaire à terme, pourrait bouleverser dans l’immédiat tout l’édifice d’une vie; mais, peut-être et avant tout, à cause de ce qu’il est convenu d’appeler « la dissonance cognitive« , et ces autres phénomènes périphériques et purement psychiques, tels que :

De fait, plus on a baigné jeune et durablement dans une croyance et plus de temps il faudra pour s’en libérer. La peur de faire fausse route, de trahir « Dieu », d’aller en enfer, de quitter le groupe, de se retrouver seul, de vivre par soi-même sans béquille. Ces différents états sont habituels, normaux. Des étapes bien nécessaires avant de recouvrer la liberté intérieure. Avant de penser librement, d’être soi, de goûter enfin à la vie. À ce fameux « fruit défendu » de la connaissance.

Les mythes, l’imaginaire, les mensonges, les croyances ont la dent dure, la vie longue. S’en arracher enfin est pourtant vital, parfois l’oeuvre de toute une vie. Mais, le juste chemin se ressent à une seule chose : on peut enfin devenir soi, sans plus culpabiliser; sans aucune crainte et sans être encore divisé intérieurement ! Cela s’appelle l’estime de soi, ou la fidélité à soi !

Renoncer à tout savoir, à commencer sur la mort…

Et comme sait nous le rappeler, à merveille, René Pommier : « Critiquer et combattre les religions est et restera toujours pour les incrédules non seulement un droit inaliénable, mais un devoir impérieux tant que ces religions resteront oppressives. Et elles ne peuvent mieux les inciter à le faire qu’en osant invoquer les droits de l’homme au secours de Dieu, qu’en osant se réclamer des Lumières pour défendre l’obscurantisme, qu’en osant brandir l’étendard de la tolérance contre le libre examen, et qu’en osant prétendre lutter contre le racisme quand elles cherchent à perpétuer l’asservissement. »

Depuis la nuit des temps déjà, il n’est là nulle question de foi…

Pourquoi renoncer aux croyances religieuses ?

Par amour de la vie, tout simplement !

Pascal HUBERT

Pour aller plus loin :

Pour aller toujours plus loin :

N’hésitez pas à laisser sur mon blog un commentaire, un avis, une réflexion ou une suggestion…

ou à m’écrire à deviens.ce.que.tu.es333@gmail.com

6 réponses sur « Croyant, jusqu’à quand ? »

  1. Tu as oublié une dimension qui fait je pense que beaucoup de gens ont peur de lâcher leurs croyances, c’est l’attrait pour ce qu’on appelle la perfection. Qui constitue une sorte de fantasme pour plein de gens et aussi un but dans la vie.
    Mais qui peut facilement passer dans les extrêmes à certaines périodes de vie, dans ces moments transitionnels où l’on est plus fragile, ou en période de deuil, ou en période de remise en cause du fait d’évènements difficiles (chômage, divorce, difficultés familiales, handicap, maladie chronique d’un proche, etc).
    L’idée de pureté liée à la dimension de perfection, largement véhiculée par le New Age comme la publicité mais aussi tout ce qui concerne l’univers bio, mais aussi les sectes, les groupes fondamentalistes qui prétendent incarner une élite humaine pure qui va sauver le monde, surfent largement sur cette thématique. Même chose quand tu regardes les groupes extrémistes néocons qui se réclament tous d’une tradition pure jus, pur sucre.
    Cet essentialisme qui peut apparaître très bon enfant, dès que tu creuses un peu, tu découvres des gens qui vraiment te font peur et qui sous couvert de développement personnel vont demander aux gens de se purifier jusqu’à renoncer de se nourrir, jusqu’à ne plus dormir, pour épurer leur karma, leurs vies antérieures…T’as des trucs complètement dingues comme le respirianisme, des histoires d’ADN reprogrammé…Je trouve personnellement ça très glauque, d’autant que généralement, tu finis toujours par aboutir sur des groupes un peu fondus du ciboulot qui te proposent d’aller faire un entraînement paramilitaire et donner tout ton argent à un gourou ou une gourelle.
    Et le pire, c’est que ça marche à fond, justement parce qu’il y a je pense en chacun de nous un conditionnement culturel à une dimension de pureté comme la conquête du graal qui est lié à nos éducations religieuses mais peut-être pas seulement.
    Il y a une dimension hygiéniste qui vient des US et principalement du fondamentalisme protestant et des sectes type Amish et qui a progressivement poussé les individus au nom de cette pureté à s’épiler tous les poils du corps ou presque, à refuser la vaccination, à prendre plusieurs douches par jour, à là-bas, se faire circoncire pour les hommes dès la naissance, à porter des bagues dites de chasteté dès l’adolescence, à faire des rites de pseudos purifications dans des ligues de jeunesse…
    Cette mode est arrivée progressivement en Europe et on en voit les dégâts depuis déjà quelques années. Mais les gens ne semblent pas connecter cette mode à une dérive sectaire et à un conditionnement dans un moule fondamentaliste, extrémiste. Même si c’est le cas.
    Merci pour les vidéos. Je ne connaissais pas Elizabeth Feytit. Super nana. Ca fait plaisir.
    Bizzzzz!

    Liké par 1 personne

    1. Merci pour votre analyse, Françoise. Je la partage.
      Un prochain épisode de Méta de Choc évoquera justement l’impact des croyances évangélistes en Europe, au travers du témoignage d’un ancien croyant.

      Liké par 1 personne

Laisser un commentaire