« La nuit, j’écrirai des soleils. » CYRULNIK

 

« La nuit, j’écrirai des soleils »

 

« Crier son désespoir n’est pas une écriture, il faut chercher les mots qui donnent forme à la détresse pour mieux la voir, hors de soi. Il faut mettre en scène l’expression de son malheur », écrit Boris Cyrulnik, dans La nuit, j’écrirai des soleils.

Il a raison, infiniment. Et c’est difficile, infiniment. On ne quitte pas son malheur d’un claquement de doigt, on peut s’y enfoncer une vie durant. Jusqu’au suicide parfois. Alors, comment sortir du gouffre, du cercle vicieux du « malheur » ? Comment, au moins, tenter l’aventure ?

En brisant le tabou. Celui du silence. Causé par la honte, la culpabilité. Alors, on sort de sa solitude. Ne plus être seul ! S’apercevoir soudain que les maltraitances existent pour bien d’autres que soi, sont même systémiques.

À la suite d’un trauma, comprendre que l’estime de soi est morte, le lien provisoirement rompu. Et que sans lien, c’est la mort à soi, la mort à l’autre. Tout est intrinsèquement lié. Puis, comprendre que l’on peut sortir du gouffre, du ressassement sans fin. Il est possible d’écrire des soleils, à partir de sa nuit.

Comme en miroir, Fatou Diome dit pareil : « La peur de vaciller au contact des autres ne peut vous atteindre quand vous êtes sûr de votre identité. » Tout est là : qui suis-je ? C’est qu’il s’agit de passer, peu à peu, du « moi » au « soi ». L’aventure d’une vie, un chemin à parcourir, souvent tourmenté.

Charles Juliet le dit aussi, à sa manière : « Il faut parfois toute une existence pour parcourir le chemin qui mène de la peur et l’angoisse au consentement à soi-même. À l’adhésion à la vie. » Autant que nous sommes, nous avons à vivre cette même réalité. Si nous souhaitons sortir de la glaise plus ou moins informe, pour devenir peu à peu soi-même.

Ainsi, il n’est plus de raison de désespérer, de se sentir seul, d’attendre de l’autre qu’il répare le mal commis. Il n’est besoin que de partir seul, courageusement. Sur ce chemin ardu de notre vie singulière. Il est certes des malheurs subis, mais il est des malheurs qui vous contraignent d’advenir.

Enfin, autre.

Pascal HUBERT

 

 

 

 

 

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4 réponses sur « « La nuit, j’écrirai des soleils. » CYRULNIK »

  1. Hello Pascal

    Avant de pouvoir écrire des soleils, il faut affronter ses traumatismes, ses blessures. Et c’est certainement le plus difficile parce que c’est long, ça prend du temps. Et tout le monde ne souhaite pas faire cette démarche.

    – Parce que pour certains, garder les traumatismes, les blessures tout en ne les affrontant jamais, permet de pouvoir d’une certaine manière, faire payer ses problématiques à l’entourage, à la société et demeurer dans la plainte, ce qui maintient l’attention des autres sur soi. Ainsi, la personne en souffrance se recréée une estime de soi artificielle (mais qui ne comble jamais, qui la maintient en insatisfaction) en trouvant des compensations à se dire uniquement sous le prisme de la plainte, sans jamais traiter le noeud gordien.

    – Parce que pour d’autres, c’est trop lourd, douloureux. Ils ne parviennent pas à trouver les mots pour le dire comme disait Marie Cardinale. C’est plus facile d’enterrer le problème sous tout un tas de pathologies ou de comportements post-traumatiques permanents plutôt que d’aller traiter la racine du problème. Tu en as qui développent une dépression chronique, d’autres des phobies, des tocs, des incapacités sociales diverses.

    – Parce que d’autres ont peur du rejet, de l’abandon, deux blessures majeures que tout un chacun vit dans sa vie, plus ou moins longtemps, et que lorsqu’il s’agit de parler des traumas et des blessures aux proches, à la famille, il y a la peur de ne pas être crus, d’être exclus, rejetés, moqués, voire traités de malades, de menteurs, etc.

    Chacun va trouver ses propres astuces pour contourner, éviter l’indispensable traitement thérapeutique des blessures et traumatismes.

    Et malheureusement, c’est un choix que font énormément de personnes. Plus ou moins consciemment.Qui entraîne des répétitions de situations, de relations de souffrances, aggrave blessures et traumatismes. Et l’on y peut rien. Juste espérer, prier pour que ces personnes aient un jour un déclic pour affronter blessures et traumatismes.

    Existent aujourd’hui pourtant une énorme information psy et des offres thérapeutiques variées, sûres, dispensées par des professionnels de santé diplômés, compétents. Mais tu as encore trop peu de gens qui osent s’engager dans ces démarches thérapeutiques, par peur d’être déconsidérés socialement encore plus, qu’en gardant leur traumas et blessures.
    Et dans le monde religieux, c’est pire encore. La plupart préfèreront aller suivre des thérapies douteuses psycho spirituelles, opérées par des charlatans, plutôt que de traiter vraiment et sainement leurs problèmes avec l’aide professionnelle d’un vrai médecin.

    C’est hallucinant, décevant au possible, mais hélas, une réalité concrète à laquelle nous nous confrontons chaque jour. Et que nous devons respecter. Même si ça nous heurte, nous fait peine.
    On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux.

    Maintenant, ce qui changerait la donne, c’est une vraie éducation durant la scolarité sur les 5 blessures que chaque humain doit traiter dans sa vie: le rejet, l’abandon, la trahison, l’humiliation et l’injustice. Et qui feront qu’à un moment donné, tous les humains feront une thérapie psy pour aller un peu mieux, pour passer un cap. Pour se redonner les moyens de se vivre debout, plus centré, plus aligné, et plus heureux aussi de vivre.

    L’éducation ne devrait pas se limiter à l’étude de la biologie, mais aller jusqu’à enseigner la psychologie humaine.

    Je te mets un lien qui me parait très aidant pour repérer les 5 blessures et plus facilement être en mesure de les traiter:

    Cliquer pour accéder à Compte-rendu%20Maryline%20VINET.pdf

    J’espère que tu as passé un bon été.
    Bises
    Françoise

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      1. Oui, Pascal. C’est du vécu et de l’observation, de l’introspection aussi. Je me dis souvent, quel dommage d’avoir attendu d’avoir dépassé 40 ans pour enfin commencer à vivre pleinement.
        Si notre génération avait été suffisamment éduquée et informée dans notre jeunesse sur les valeurs de Shalom Schwartz, sur l’enfant intérieur de Jung, sur les 5 blessures et comment les soigner, le triangle de Karpman, etc, nous aurions eu des clés pour avancer beaucoup plus vite et nous vivre mieux, de façon plus libre et plus autonome, plus vite aussi.
        En même temps, je me dis que nos parents et grands-parents ont dû se dire la même chose parce que la psychanalyse était peu démocratisée à l’époque de leur jeunesse et qu’ils ne l’ont parfois jamais découverte ou trop tardivement…Donc finalement, chaque génération éprouve cet agacement, cette impression d’avoir attendu la cinquantaine pour enfin comprendre certains trucs.
        Bon, tu me diras, c’est peut-être l’âge qui veut ça…mais tant qu’à faire, autant que les jeunes générations aient tout ça à disposition dès l’adolescence plutôt que galérer comme nous l’avons fait.
        Et informer notre génération et la génération intermédiaire qui n’auraient pas encore ces infos.
        Si ça peut leur faire gagner un peu de temps et d’énergie, les amener plus facilement à la sérénité et à un certain mieux-être…Ce serait cool. Amitié réciproque.

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