La coupe est pleine : les victimes des prêtres pédophiles priées de « s’indemniser » elles-mêmes !

La coupe est pleine : les victimes des prêtres pédophiles priées de « s’indemniser » elles-mêmes !

« Des personnes ont souffert. C’est une reconnaissance, une forme de manifestation de la solidarité que nous devons vivre avec elles. »

Thierry Magnin, porte-parole de la conférence des évêques de France

Un « geste de reconnaissance financière » sera prochainement attribué à toutes les victimes de pédophilie au sein de l’Église catholique, a confirmé, ce 3 novembre, à franceinfo, le porte-parole de la conférence des évêques de France, Thierry Magnin. 

« La décision de principe est actée. »

Les victimes des prêtres pédophiles ne sont pas au bout de leur peine. Après avoir été priées de se taire pour préserver la réputation de l’Église, après avoir été invitées à prier pour les prêtres pédophiles, ne voilà-t-il pas qu’elles sont désormais acculées à « s’auto-indemniser ». Ou pire encore.

De quoi s’agit-il ? D’une énième claque dans la figure des victimes. D’une absence totale de prise de conscience de la gravité du fléau. Et des responsabilités. Il s’agit rien moins que d’un appel aux dons pour « indemniser » les victimes. Voilà la dernière trouvaille de l’Église pour ne pas mettre la main aux poches ! Mettre la main dans la culotte, c’est péché ! Mais « indemniser » sur fonds propres, c’est trop demander ! D’ailleurs, elle le voudrait qu’elle ne le pourrait pas, nous assure Thierry Magnin : « Nous ne prendrons pas d’argent sur les associations diocésaines, d’ailleurs juridiquement et fiscalement ce n’est pas possible. » Cette Église, terriblement perverse, a le don de m’exaspérer !

Dans le jargon ecclésial, on appelle donc ça un « geste de reconnaissance financière ». À votre bon cœur Mesdames et Messieurs les fidèles dindons-de-la-farce ! Mais, reconnaissance de quoi, pardi ? Le premier geste à faire ne serait-il pas de nommer clairement les choses – enfin ! : « Un pédophile est un pédophile », « un crime est un crime » ! Et d’abandonner définitivement un phrasé alambiqué du style : « Allocation de reconnaissance de la souffrance des victimes. » Il s’agit de nommer d’abord le criminel ! On marche sur la tête là ! Et dire que certains bons catholiques continuent d’espérer une église « à frais nouveaux »

La question du montant des « indemnités » n’a pas encore été tranchée. La Commission « Sauvé » estime qu’il y a 2500 victimes, l’Église n’en comptabilise que 200 pour le moment. François Devaux, lui, explique que des « victimes en Suisse ont touché 15.000 euros chacune. Si on applique ce montant à 2500 victimes, on arrive à 37 millions d’euros ! » Aux frais des généreux donateurs ! À la décharge de l’Église, il est vrai que Notre-Dame de Paris fait partie du patrimoine de l’humanité ! Et qu’être ravagée par les flammes, c’est plus choquant que d’être ravagé par un pédophile ! S’agissant de la foi en Christ, le bon « peuple de Dieu » saura reconnaître les priorités !

Ah oui, j’allais oublier. Les ecclésiastiques coupables d’actes pédophiles pourront aussi contribuer au financement de ce « fond spécifique ». Et le montant de cette obole sera « forfaitaire ». Entendez : quelques miettes donc. Pour un être fracassé à vie, avouez que c’est là un geste de grand Seigneur ! On touche vraiment le fond ! Heureusement, personne n’est cette fois exclu et il y en aura pour tout le monde. Thierry Magnin s’en porte garant : « Nous pensons que cette allocation est pour tous ». Une allocation « universelle », comme le monde en rêve !

Le plus choquant dans toute cette histoire ? C’est encore les fidèles qui vont trinquer pour les crimes du clergé. On ne demande pas à une victime de payer à la place de son bourreau ! On prend sa part de responsabilité systémique ! On prend, enfin, la mesure de ses turpitudes et tergiversations, et on finance sur fonds propres ! On ne rend pas complice les fidèles, du silence coupable des Évêques ! On ne les instrumentalise pas, lorsque c’est le système ecclésiastique qui est la cause de leur malheur !

Une dernière précision, de taille. « Le fait qu’ils prévoient une ‘allocation’ et non une ‘indemnisation’ montre bien qu’ils n’assument pas la responsabilité collective de ce fléau », a déclaré, ce 4 novembre, à l’AFP Olivier Savignac, du collectif « Foi et résilience ». De fait, comme l’indique Thierry Magnin à l’AFP, il s’agit d’allouer un « forfait, dont le montant fait partie des discussions ». En clair, la même part du « gâteau » pour toutes les victimes, peu importe la durée des abus, le degré du handicap subi, l’ampleur des soins nécessaires. Et, ce faisant, l’Église entend anticiper les conclusions du rapport de la Commission « Sauvé ». Histoire d’éteindre au plus vite l’incendie, et de sortir l’Église de son état de crise. Bref, un incroyable nivellement par le bas, d’un bout à l’autre de ce drame.

« Une reconnaissance financière », financée par un appel aux dons des fidèles… Fallait vraiment oser ! Enfin une décision « prophétique » ! À l’instar de leur modèle, si bien prêché, dimanche après dimanche : Jésus et les valeurs évangéliques ! Espérons néanmoins qu’une fois « indemnisées », les victimes fermeront enfin leur gueule ! Parce que des victimes, nos bons clercs s’en foutent comme de leur premier col romain ! Il est temps, pour eux, de passer à autre chose ! Le champ de la moisson amazonienne est tellement vaste ! Apporter la « Bonne Parole », telle est la véritable Mission de l’Église ! Allez, je m’en vais ravaler ma colère sous des cieux plus cléments. Pour paraphraser Michel Audiard : « Les culs-bénits, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »

Pascal HUBERT

« Nous sommes bien face à un large problème de pédocriminalité. »

Jean-Marc Sauvé, président de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église de France

La passivité de l’Église rend d’autant plus nécessaire le fait que les victimes d’abus s’adressent massivement, et en toute confiance, à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (CIASE). Là, leur souffrance pourra enfin être entendue et leur plainte prise au sérieux ! C’est l’appel national lancé par la CIASE pour recueillir le témoignage de tous ceux qui, en France, ont été victimes d’abus sexuels de la part d’un prêtre ou d’un(e) religieux(se) depuis les années 1950. Un numéro de téléphone (00 33 1 80 52 33 55), une adresse mail (victimes@ciase.fr) et une boîte postale (Service CIiase – BP 30 132 – 75525 Paris cedex 11), ont été mis en place à cet effet.

Voy. « Église de France: les victimes d’abus appelées à témoigner. »

P.S. : la CIASE est « chargée de faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique depuis 1950, de comprendre les raisons qui ont favorisé la manière dont ont été traitées ces affaires et de faire des préconisations, notamment en évaluant les mesures prises depuis les années 2000 ».

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5 réponses sur « La coupe est pleine : les victimes des prêtres pédophiles priées de « s’indemniser » elles-mêmes ! »

  1. L’expression « ça va mieux en le disant » n’a jamais été aussi pertinente. En total accord avec tout, et surtout la citation de Michel Audiard qui ne peut résumer mieux la situation :o)

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    1. comme me le signalait très justement un lecteur :

      « demander des dons aux fidèles c les rendre complices de ces méfaits.
      Encore une fois le magistère rend tous les chrétiens solidaires des actes de pédophilie des prêtres.
      C ainsi l’Eglise mais c un scandale car chaque individu est responsable de ses actes et non pas tous les membres de son organisation. »

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  2. https://www.lci.fr/direct/

    A 11h30 une interview intéressante au Père Pierre Vignon.

    Renata PATTI

    Il dom 3 nov 2019, 16:00 DEVIENS CE QUE TU ES. (Pindare) ha scritto:

    > LA VÉRITÉ SI JE MENS posted:  » Ras-le-bol des miettes : les victimes des > prêtres pédophiles priées de s’indemniser ! « Des personnes ont souffert. > C’est une reconnaissance, une forme de manifestation de la solidarité que > nous devons vivre avec elles. » Thierry Magnin, port » >

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  3. Souvenons-nous tout de même que, aux USA, les avocats de la SNAP INTERNATIONAL leur ont fait rendre gorge : plusieurs diocèses ont été mis en faillite sur ce continent, coincés dans les obligations de satisfaire aux sentences des tribunaux pour des indemnisations millionnaires aux victimes, individuellement ! Aux Pays-Bas et en Allemagne, notamment aussi, ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuiller, comme en Belgique et en France, pays dans lesquels « la culture du viol » a servi largement la cause des complices en chasubles… Qui se ressemblent s’assemblent et se protègent les uns, les autres ! C’est pourquoi notre capacité à réagir violemment doit contribuer à la « Lutte contre LES cultures du viol » (page FB). Résister à la sordide et mafieuse criminalité de l’Église, c’est un devoir de citoyen : contre le crime (organisé), dénoncer est un combat !! (« Résister, c’est créer » – Stéphane Hessel)

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