La mort, et après ?

La mort, et après ?

La mort est un sujet douloureux, qui nous laisse sans réponse. Parfois même sans voix, seulement avec une souffrance indélébile. Qu’offrir comme réconfort à un ami ou un parent qui perd un être cher, peut-être un enfant ? Que dire, si on délaisse les promesses des religions, qui de tout temps auront su s’engouffrer dans la brèche de nos peurs et de nos ignorances ? Dans notre besoin, insatiable, de croire que tout ne fini pas à la tombe.

Une chose me paraît certaine. Il nous faut intégrer la mort au plus profond. Si pas pour en faire une amie, pour lui faire la paix. Lutter contre une réalité serait ajouter une difficulté de vivre, une souffrance inutiles. La mort nous est consubstantielle, elle rend la vie éphémère, dérisoire et si précieuse. Il nous faut donc la regarder en face, ne plus la fuir, comme tout ce qui nous dérange. Quitter nos sécurités, notre besoin de confort, nos réponses bouche-trou.

À ceux qui restent, nous pouvons offrir notre silence, notre réconfort, notre sourire, notre bienveillance. Nos mots sont souvent dérisoires, notre présence parfois salutaire. Les ravages de l’imaginaire, des questions « folles » laissées sans réponse. Bien se connaître, faire la paix avec soi. Au plus profond. Pour accueillir au mieux, comme l’on peut. Sa mort, et celle de l’autre. Certains de mes proches ou connaissances sont décédés de mort naturelle, d’autres se sont suicidés. La vie sur terre, avec son lot de souffrances, paraît bien dérisoire. Et vouloir à tout prix y trouver un sens, plus dérisoire encore.

La mort me surprendra toujours. Seul « aimer », avec nos failles et nos défaillances, m’offre une réponse digne de l’humain. Le reste – « Pourquoi la vie ? », « Dieu existe-t-il ? », « Pourquoi la souffrance et la mort ? » – n’est qu’un concept creux, mouvant, sans réalité tangible pour traverser l’existence. Ici et maintenant. J’aime bien les mots de Christian Bobin, ils me parlent : « Il est possible que nous soyons, chacun de nous, psychiquement, spirituellement, comme des terrains toujours en danger d’inondation : inondations de mots, de traumas, inondation de savoirs inutiles, d’images aveuglantes et que c’est dans la rareté ou dans le peu, que l’immense à la chance de revenir, de resurgir. »

Je crois intensément au besoin de silence. Une nécessité vitale, pour ne pas perdre la substance même de notre être. Pour ne pas se laisser submerger, par le trop plein du vide. Je le ressens au plus profond. Écrivant ces mots, passe sous ma fenêtre un corbillard fleuri. Le mystère de la vie et de son origine. De la mort, et de son après. Je ne vois d’autre réponse qu’un silence méditatif. Face à la mort de l’innocent, de mon père, de chacun d’entre nous. Un cœur apaisé, au moins par moment. Voilà le trésor d’une vie. Celui qui permet de mieux traverser la mort, de regarder enfin la vie avec d’autres yeux.

Aujourd’hui, je me laisse traverser par le souffle de Bobin, rencontré au hasard de mes pérégrinations sur Facebook : « Ce qui compte, à mon avis, c’est d’essayer d’être vivant, et pour être vivant, il faut parler et pour parler vraiment, il faut amener le silence dans sa parole, et amener le secret de sa vie dans cette parole sans le dévoiler, le faire juste vibrer. Il faut faire vibrer la peau de tambour d’un secret qu’on a dans le cœur, sans le dire, parce que ça serait l’anéantir et s’anéantir soi-même : le faire juste vibrer, c’est ce que j’appelle ‘risquer' »

Risquons d’être enfin vivant, laissons-nous emporter vers le silence…

Pascal HUBERT

Christian Bobin : « J’écris pour trouver ce que je pense. »

N’hésitez pas à laisser un commentaire sur mon blog, un avis, une réflexion ou une suggestion…

ou à m’écrire à deviens.ce.que.tu.es333@gmail.com

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s