La parole LIBÈRE !
« Tu songes de temps à autre à ‘Lambeaux’. Tu as la vague idée qu’en l’écrivant, tu les tireras de la tombe. Leur donneras la parole. Formuleras ce qu’elles ont toujours tu.
Lorsqu’elles se lèvent en toi, que tu leur parles, tu vois s’avancer à leur suite la cohorte des bâillonnées, des mutiques, des exilés des mots…
ceux et celles qui ne se sont jamais remis de leur enfance…
ceux et celles qui s’acharnent à se punir de n’avoir jamais été aimés…
ceux et celles qui crèvent de se mépriser et se haïr…
ceux et celles qui n’ont jamais pu parler parce qu’ils n’ont jamais été écoutés…
ceux et celles qui ont été gravement humiliés et portent au flanc une plaie ouverte…
ceux et celles qui étouffent de ces mots rentrés pourrissant dans leur gorge…
ceux et celles qui n’ont jamais pu surmonter une fondamentale détresse … »
Charles Juliet
Moi le mutique, je veux crever la bouche ouverte. Je veux une parole impétueuse comme le vent, tranchante comme l’épée, vivante comme la folie. Je veux muter d’un bout à l’autre. Je veux crever le plafond du silence, je ne veux plus taire la vérité. Ne plus composer avec le mensonge, encore moins tergiverser. Je ne mourrai pas deux fois, plutôt vivre enfin. Quitte à en crever, je vomirai les tièdes. Et tous ceux qui savent pour vous, mais ne savent même pas pour eux
Le silence peut vous rendre fou à lier. À perdre la raison, à crever en silence. Moi, je veux sauver ma peau. Je ne veux plus vivre ni sage ni fou. D’ailleurs, ceux qui veulent le silence se moquent bien de vous. C’est toujours pour leur réputation, jamais la vôtre. Ils se moquent bien que vous mourriez demain, votre vie n’est pas la leur. Demain, ils vous auront oublié. Alors, vivez donc ! On se moque de ces malheureux.
Je veux conquérir la parole, comme on conquiert l’Everest. Tout m’y contraint, par nécessité vitale. Revenir d’outre-tombe, c’est une longue histoire. Une histoire harassante, « impossible, mais vraie ». Comme ils disent, de chez les fous. Mais c’est juste le début, il n’y aura pas de retour. Seul celui qui est passé par le mortel silence peut comprendre ce que parler signifie. La solitude je connais déjà, alors s’il faut rester seul avec sa parole. Cela ne me fait plus peur, cela m’est indispensable. Puisque je ne peux plus me taire, que la parole enfin me libère. Ce sera mon billet aller simple, cela me va parfaitement.
Plus tu es tombé bas, et plus tu sais la douleur d’être. Plus tu es tombé bas, et plus tu te connais. Tu sais le prix de la parole, tu sais le mensonge. Tu te souviens, lorsque tout était confusion. Bien peu auront pu t’aider, à remonter les mots. Charles Juliet pour moi, sur son chemin de confusion vers l’apaisement. Ses mots que je sentais authentiques, pour la première fois. Ses mots auxquels me raccrocher, pour sortir du gouffre. Je ne trouverai jamais les mots justes, pour dire l’indicible ténèbre. Entre son histoire et la mienne, entre ses mots et ma déréliction. Je sentais qu’il ne trichait pas, alors je l’ai cru. Il avait raison, on peut ôter le bâillon et renaître !
La vie s’écoule inexorablement, avec ses regrets. Et son lot de questions, qui se renouvellent. À chaque saison, ainsi va la vie. Tu crois comprendre une chose, et la vie t’entraîne déjà ailleurs. Regrets de n’avoir pas été, de n’être toujours pas. Alors que tu avances déjà vers ta fin. Ne pas être jeté dans la tombe, avant d’avoir vécu. Ne pas avoir à subir ce plus grand regret, par amour pour cette vie que j’aurai cherchée. Tel un forcené, envers et contre tout. J’ai bien trop faim de la vie, pour demeurer prisonnier de mes ancêtres
Après toutes ces années de léthargie, émerge en moi une urgence de vivre. Et je prendrai la parole, toujours davantage. Pas seulement pour moi, mais aussi pour tous les naufragés de l’esprit. J’ai tant cherché la parole, à travers mes silences forcenés. Cette incapacité d’être, terrifiante de réalité. Encore un peu de temps, et je serai suffisamment libre. Pour ne plus m’inquiéter de ce que peut penser autrui. De ce besoin de reconnaissance, qui m’aura tant anéanti. Par manque d’amour et de sécurité, depuis la naissance
Personne ne me donne la parole, je la prends !
Pascal HUBERT
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