L’imposture religieuse
« Soldats de l’Islam. Soldats du Christ. Chacun est le diable pour l’autre, et Satan ricane dans sa manche. »
Tim Willockx, La Religion
J’ai rarement écrit par plaisir, seulement par besoin vital. Pour me dépêtrer d’un profond mal-être, d’une terrible confusion. Pour recoller les morceaux éparpillés. Et, pour y voir enfin clair, j’ai dû passer des années à disséquer la religion de mon enfance, à extirper son mensonge derrière ses paroles pieuses. En un mot comme en cent, j’ai mis un temps fou à découvrir l’imposteur. Et à admettre que je ne me trompais pas. Que c’était bien le clergé qui nous mentait et nous cachait ses propres turpitudes et dérives séculaires. Je devais « simplement » laisser derrière moi vingt-et-un siècles de mensonges judéo-chrétiens… En étant enfin fidèle à moi, j’ai compris que ce n’était pas « Dieu » que je trahissais. C’est moi que j’apprenais enfin à aimer.
L’ayant écrit cent fois, sur tous les tons, depuis des années déjà, j’avoue être lassé. À quoi bon redire encore les certitudes qui m’habitent, les servitudes millénaires imposées par l’Église, sur les âmes et les corps (à commencer sur celles et ceux des femmes) ? À quoi bon encore, puisque ce n’est plus pour moi un besoin vital, que j’ai jeté au rebut le fourbe et l’imposteur ? À quoi bon encore ressasser tout cela, indéfiniment, au risque de voir ma pensée s’embourber, au lieu de vivre enfin loin de ces illusions dangereuses ?
Oui, mais voilà, les démons de l’obscurantisme nous reviennent encore, inlassablement, sous une forme ou sous une autre. Il y en a toujours pour défendre encore l’indéfendable ou vouloir encore le réformer. Ce qui revient au même. Ils veulent séparer l’Institution religieuse de la « foi », l’Église pécheresse du « Christ » ou des Saints Évangiles. Après toutes les déconvenues et petites réformes, ils veulent encore garder un « petit bout » de Vérité. Ils ne veulent pas se résoudre à couper les amarres, ils espèrent toujours le changement… Ils ne voient pas que, tous modérés qu’ils sont, ils font encore le lit des intégristes. Ils ne font jamais que perpétuer leur éternelle soumission, au nom de leur « Sainte » religion…
Il leur est, décidément, trop difficile d’admettre que tout était faux, qu’il leur faudrait désormais partir. Sur la pointe des pieds ou en claquant la porte. Et c’est pareil pour toutes les religions. Elles passent toutes par les mêmes dérives et, bon gré mal gré, par les mêmes réformes indispensables. Et ce sont, étrangement, toujours la société et la raison qui les y obligent. Et puisqu’elles ne veulent pas mourir, elles font seulement abandon du plus archaïque. Se bornent à réinterpréter sans fin leur texte qui, de fait, n’ont jamais rien eu de sacré. Et les croyants, perplexes, s’interrogent sans fin. Et, certains finissent encore par rester. Pour de mauvaises raisons, encore et encore…
Voilà donc pourquoi il me faut reprendre la plume, face à tous ceux qui refusent encore de prendre leur vie en main. À nouveau, ce n’est pas par plaisir, mais par nécessité vitale. Parce que l’obscurantisme m’est insupportable, parce qu’il divise l’humanité en autant de croyances que de croyants.
Se remettre en question n’est certes pas confortable, mais depuis quand la vie le serait-elle, dites-moi ? Pour croître en humanité, ne faut-il pas se risquer et perdre en certitudes ? Ne faut-il pas impérativement perdre ses illusions, muer ? Sortir, peut-être, de l’enfance si rassurante, mais tellement aveugle face aux abus en tout genre…
Ignorance et peur ont toujours, inéluctablement, conduit à notre asservissement. Promesses de salut contre totale soumission aux religieux. Ce sont des mythes trop chers payés. Il est de loin préférable d’oser ouvrir les yeux et de partir sur son propre chemin d’incertitudes.
Il n’y a pas de Vérité absolue, immuable, tombée du Ciel. Il n’y a que le réel, celui du monde qui nous entoure et celui de notre humanité. Il n’est pas de sens à la vie à chercher dans les étoiles, les grimoires ou les textes « sacrés ». Donner un sens est vain, mensonger, simple représentation chimérique. Il est, certes, douloureux de ne plus être le centre du monde, mais tellement plus lucide et humble. Et tellement moins culpabilisant. Plus d’idéal à atteindre, d’archétype à imiter, de péchés véniels ou mortels à éviter ou confesser. Il n’est d’autre enfer que celui que nous construisons ici sur terre. Nous voilà pleinement responsables de nos frères humains et de notre avenir. Il n’est plus nécessaire de convier un peu facilement les démons. Ni Ève, l’éternelle tentatrice. Il n’est pas de paradis perdu, de pomme croquée ou de femme impure. Il est temps, plus que temps redis-je, de prendre sa vie en main. Il est urgent de ne plus se défausser. Il est vital d’abandonner ses illusions, sur la terre comme sur le ciel.
Demain, je mourrai. Ni moins bon ni meilleur que vous. Mes croyances reniées ni changeront rien et ne devraient m’entraîner ni en enfer ni au paradis. « Dieu », s’il existe, ne saurait jouer à la roulette russe. Selon l’endroit et l’époque de ma naissance. Je crois qu’il n’a que faire de mes petites croyances et compromissions. Des vôtres aussi, d’ailleurs. Pour ne plus me leurrer, je ne crois que ce que je vois et peux expérimenter. Qui pourrait ainsi me condamner pour ma lucidité et mon honnêteté ? Mieux, pour le chemin parcouru et les résistances courageusement surmontées. « Dieu », s’il existe vraiment, ne peut être à la mesure de mes petits calculs ni des vôtres encore d’ailleurs. Souvent hypocrites, manipulateurs et, au fond, tellement peu aimants. Et puis, si je devais me perdre, ce serait à coup sûr la faute de « Dieu ». Lui qui est « Dieu », plein d’Amour et de Miséricorde, ne pouvait-il pas se faire entendre ? Plutôt que de passer par tous ces religieux, incapables de s’entendre et de parler d’une seule voix. Non, sérieusement, à qui la faute ? À lui, à vous ou à moi ? Je ne sais plus qui parle pour qui, ni de quoi encore…
Non, sérieusement, il n’est plus question de faute. Ni vénielle ni mortelle, moins encore originelle. Tout cela c’est de l’enfumage de rabbins, de curés ou d’imams. C’est cela, une histoire humaine, trop humaine. Une histoire de soumission, sur les âmes et sur les corps. Une histoire d’injonction, savamment mise en oeuvre au fil des siècles. Des siècles pétris d’ignorances et de peurs. Depuis le temps, voyez la profondeur du conditionnement, tant il (m’)est si difficile d’en sortir…
Malgré les scandales millénaires, les dérives et l’omerta. Ni justice ni exemple à donner. Seulement des prêches et, soi-disant, des saints canonisés après deux miracles, mais (heureusement) impossibles à imiter. Juste bon pour assurer notre soumission, notre culpabilité au fil de toute une vie. La névrose religieuse n’est jamais très loin… Il n’est décidément ni juste ni bon que femmes et hommes soient libres. Il leur faut rester enchaînés chacun à leurs croyances. Infiniment diverses et perverses, infiniment mensongères et mouvantes. Mais, étrangement unanimes sur un point : tout pouvoir religieux doit sa perpétuation à la soumission de ses fidèles respectifs. En d’autres mots, à notre renonciation à vivre libre… Dans la Caverne de Platon, là se trouve la Vérité disent les religieux et ceux qui, à leur suite, n’osent se risquer au dehors…
Toutes ces masses croyantes sont comme des moutons conduits à l’abattoir. Mais, par pitié, réveillons-nous ! Il n’est pas de fatalités, seulement celles que nous nous imposons. À cause de grossiers menteurs et de leurs fausses promesses. Il est temps de prendre conscience, de sortir enfin de l’emprise. Ainsi va l’évolution du monde. De prise de conscience en prise de conscience. Et de remise en question en remise en question. Ainsi, recule le pouvoir et notre soumission… Ainsi se construisent le monde, et notre humanité. Vers moins d’ignorance, plus d’égalité. Sachant aussi que rien n’est jamais acquis, que les faussaires sont légion ! Cherchant à revenir sans cesse cachés sous de nouveaux et attrayants déguisements. …
Non, je n’écris pas par plaisir. Encore moins pour plaire ou pour déplaire. Seulement par nécessité, dans l’espoir que recule l’obscurité. L’entreprise est sans doute vaine, autant que vitale…
Et dire que nous avons cru en tous ces religieux, des plus conservateurs au plus progressistes. Depuis si longtemps déjà…
Mais depuis quand l’autorité aurait-elle raison ? Il ne suffit plus de se parer du sacré pour nous faire croire en sa divinité. Il est certes toujours plus confortable de s’y fier, mais ce serait, encore et encore, s’appuyer sur le mur de leur hypocrisie. Tous les pouvoirs cherchent à se maintenir et à défendre leurs intérêts. Raison pour laquelle ils menacent, plus ou moins ouvertement, et cachent tous leurs abus. Le sacré se confond désormais avec l’humain. Et il appartient à l’humain seul de s’humaniser.
La religion est bel et bien une imposture…
Pascal HUBERT
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