LE LIEN, ENTRE LA VIE OU LA MORT

LE LIEN, ENTRE LA VIE OU LA MORT

« L’appauvrissement du langage (sa frivole désincarnation), fait beaucoup de morts… ‘dans l’âme’. C’est parce que nous ne sommes pas ou plus en mesure de nommer notre mal-être que nous ne nous imaginons plus en mesure d’en guérir. Et pourtant, ils existent, ces mots des profondeurs – voix de nos instincts éclairés – capables de nous sauver, par une espèce de danse intérieure, de nos désaccords avec nous-mêmes. »

Marcel Moreau, Corpus Scripti 

Un lien toxique au parent empêche tout lien sain avec autrui. Peur de l’autre, méfiance, incapacité de nouer une relation équilibrée, épanouissante. Peur de vivre, peur de se réaliser, peur de prendre la parole, peur d’être soi. Destruction de l’être. L’intellect est sauf, il tourne à plein régime, il s’épuise, il refoule. Mais l’affectif ? Bousillé, en miettes, brisé en mille morceaux. Ce n’est pas une image, c’est la stricte vérité.

Reste à désenfuir, à creuser, à remonter les gravats, à s’enfoncer en soi. Pour retrouver sa voix, sa vérité, sa vie. Pour retrouver l’enfant en soi, l’autoriser à vivre. Pour faire la part des choses, sortir de la confusion, mettre fin au déni. Sortir du mensonge qui étouffe, de la dépendance au parent. « Une mère nuisible est un parent qui n’autorise pas son enfant à exister », affirme Véronique Maraldi, thérapeute. Mère intrusive, autoritaire, défaillante, jalouse ou dominante…

À cause de sa propre histoire. Cette incapacité à donner ce que l’on n’a pas reçu… Les parents sont nuisibles à partir du moment où ils ne respectent pas les désirs de l’enfant. Tout ce temps pour m’en apercevoir, pour sortir de la confusion, pour faire la part des choses, pour faire la vérité sur moi et sur elle, pour désentraver cet œil avec lequel il me fallait voir dans la clarté. Ces angoisses interminables à ne pas comprendre ce que je vivais, puis à revenir sur ce passé pour tenter d’y voir clair. Cette peur de remettre en cause celle qui vous a donné la vie… celle à laquelle vous êtes existentiellement redevable… cette peur de remettre en cause le lien, de vivre un second abandon.

Pourtant, poursuivre, même dans la confusion. Un pas en entraîne un autre. Toujours plus loin, toujours plus lucidement. De l’obscurité à la lumière. De l’angoisse à la paix. C’est le chemin, c’est la tentative, c’est le besoin vital. C’est la marche laborieuse, angoissante. Tenter de quitter le rivage, stagner, s’enfoncer, se perdre. Se retrouver seul, loin de ses semblables. Avec le tourment et le désarroi pour seules compagnies. Avec le doute en tenaille. Avec l’espoir d’en être sorti et la réalité qui vous rattrape. Lorsque tout semble vain, que tout est vanité, que vous êtes écrasé par la tâche.

Sisyphe, Icare, Job. La tâche est redoutable, la marche douloureuse. Mais avais-tu seulement le choix ? Insensé qui voulait vivre loin des tiens, paies-en désormais le prix ! Tu as voulu partir, faire ta vie ! Ingrat ! Maudit ! Pour qui te prends-tu ? Regarde, te voilà seul ! À cause de toi ! C’est ton propre choix ! Et tu prétends vouloir vivre ? Mais tu fais fausse route ! Tu t’enfonces dans la mort ! Personne ne comprend ton choix, m’entends-tu ?

Ô oui, j’entends très bien ! Cette voix en moi ! Ô oui, je vois très bien ! Cet œil mauvais en moi ! Cette voix et cet œil qui me jugent, qui me somment de faire demi-tour ! Mais, quitte à passer pour fou, je poursuis… Non par choix, par nécessité vitale ! Une autre voix, fragile, faible, imperceptible m’enjoint de poursuivre. Une voix déraisonnable, une voix amie. Une voix qui me veut du bien ! C’est l’enfant qui pleure et qui crie ! C’est l’enfant qui me supplie de ne pas l’abandonner, de le sortir de sa geôle ! Il étouffe, mais il n’est pas mort ! Il veut enfin faire entendre sa voix ! Il veut sortir du mutisme et de la castration !

Quelles conséquences d’une relation toxique ? Je reprends les mots de Moraldi, tant ils me parlent : « Pour une femme, il sera très difficile de trouver le bon partenaire. Elle pensera qu’elle n’est pas digne d’être aimée et accumulera les mauvaises relations. Chez l’homme, la vision du féminin sera ravagée et il pourra être difficile de côtoyer des femmes. » Nous y voilà ! En plein dans le mille ! La dépendance à la mère rend impossible toute relation saine avec une autre femme !

À défaut d’un véritable amour maternel, impossible de construire une relation amoureuse ! Et la honte ! Et la culpabilité ! De ne pouvoir nouer le lien, de devoir fuir devant la femme ! D’avoir une tête d’adulte avec, enfui en soi, un enfant affectivement ravagé ! La honte d’être incapable de vivre ! La honte de ne pouvoir être soi ! La honte que cette honte de soi puisse se voir ! Que l’autre voit sur mon visage que je suis un raté, un être fragile et sans défense ! Que la moindre remarque pourrait blesser et mettre à terre ! La peur de ne pouvoir se relever d’une épreuve supplémentaire ! La honte d’être soi !

J’ai vécu sous emprise ! Comment en sortir ? Comment ne pas reproduire avec les siens ? Comment aimer et vivre libre ? C’est proprement vertigineux, abyssal ! Renaître à partir du néant ! Sortir du gouffre ! Trouver le chemin dans la nuit ! Ne pas mourir ! Pas avant d’avoir vécu ! Réaliser le vide sous ses pieds ! Comprendre d’où l’on vient ! Et tenter de se réaliser ! Épuisante est la route !

Pascal HUBERT

« De vous à moi » (extrait)

De vous à moi
EN VENTE SUR :
https://www.thebookedition.com/fr/de-vous-a-moi-p-361599.html

RÉSUMÉ

Enfant, j’ai vécu un trauma dont j’ignorais l’existence. Il était enfui au plus profond, tel un secret tombé au fond du gouffre. Mais les mots ont désenfoui le silence de la mère, la schizophrénie du père. Des mots nus, d’une lucidité sans faille ni tabou. Pour remonter à la source de l’être et se réconcilier avec soi. Pour se connaître et rebâtir sa demeure. Chemin faisant, j’ai passé au crible l’enfance, la religion et ma vie. Tout ce qui est inextricablement lié et a failli me tuer. Ces maux sont ma vérité. Ils sont miens, un peu vôtres peut-être.


El vinculo, entre vida y muerte

« El empobrecimiento del lenguaje hace de mucha gente unos ‘muertos en el alma’ porque ya no tienen esta capacidad de nombrar su malestar y que, consiguientemente, ya no se imaginan poder sanearlo… Y ¡sin embargo, existen estas palabras de las profundidades, esas voces de nuestros instintos llenos de luz, capaces de salvarnos de nuestros desacuerdos con nosotros mismos ! »

Marcel Moreau, Corpus Scripti

Un vínculo tóxico con uno o con los dos padres impide cualquier vínculo saludable con los demás : miedo al otro, desconfianza, incapacidad para establecer una relación equilibrada y satisfactoria,  miedo a la vida, miedo frente a su propio desarrallo, miedo a hablar, miedo a ser uno mismo… destrucción del ser. 

El intelecto está a salvo, incluso funciona a toda velocidad pero se agota por estar reprimiendose. Lo afectivo, sin embargo, está patinando, se queda en migajas, en mil pedazos : ¡esto no es una simple imagen, es la verdad estricta !
¡Queda entonces la pesada tarea de desenterrar, de cavar, de traer a la luz los escombros, y en hundirse en sí mismo para encontrar su voz, SU verdad, SU vida !  Para encontrar al niño en su interior, en permitirle vivir. Para aclarar las cosas, salir de la confusión, y acabar con la negación de sí mismo !  Salir de la mentira sofocante, salir de la dependencia de los padres : « Un padre toxico, una madre dañina, son los que no permiten que su hijo exista. » Lo dice Véronique Maraldi, terapeuta. 

Una madre intrusiva, autoritaria, fracasada, celosa o dominante … ¡por su propia historia ! Esta incapacidad para dar lo que no pudimos recibir… 

Los padres son dañinos desde el momento en que no respetan los deseos del niño. (..)

Este miedo a cuestionar a quienes te dieron la Vida, con quienes estarás existencialmente endeudado, este miedo a cuestionar el vínculo y experimentar un segundo abandono… Y seguir así, aún en total confusión. 

Siempre más lejos, siempre más lúcidamente,  desde la oscuridad a la Luz, de la ansiedad a la paz, es el camino, el intento, la necesidad vital. Es un laborioso y aterrador caminar. Intentar abandonar la orilla, con el riesgo de estancarte, de hundirte, de perderte. Encontrarse solo, lejos de sus semejantes, con el desamparo y la consternación de compañeras, con las dudas atenazadas… con la esperanza de salir de aquello y atrapado otra vez por una realidad que te hace pensar que todo es vano y que la tarea es abrumadora, como por Sísifo, Ícaro, y Job…

La tarea es desalentadora, caminar es doloroso. ¿Pero tienes otra opción ?  Insensato que querías vivir lejos de los tuyos, ¡ahora estás pagando el precio !  

¡Querías irte para hacer tu vida, desagradecida ! ¡Maldita seas !  ¿Quién te crees que eres?  ¡Mira, ahí sola te quedas, por culpa tuya !  ¡Fue tu propia elección !  ¿Y pretendes « querer vivir » ?  Pero estás en el camino equivocado, te estás hundiendo en la muerte… Nadie nunca va a entenderte ¿oyes ?  

Oh, sí, puedo escuchar esa voz en mí… ¡Oh sí, puedo percibir aquella mirada malvada en mí, muy claramente !  Esta voz y esta mirada que me juzgan, que exigen de mi la medio vuelta…  Pero, incluso si eso significa pasar por una loca, continúo. No por elección pero por necesidad vital. Otra voz, frágil, débil, imperceptible, me ordena que continúe. Una voz irracional, una voz amigable, una voz que desea lo mejor para mí : es la niña quien llora y que llora, es el niño que ruega que no le abandone, que le saque de su prisión. Se está asfixiando pero no está muerto : finalmente quiere que se oiga su voz.  ¡Quiere salir del silencio y de la castración!

¿Cuáles son las consecuencias de una relación tóxica ?

Considero las palabras de Moraldi que tanto me llaman la atención : « Para una mujer, será muy difícil encontrar la pareja adecuada : pensará que no es digna de ser amada y acumulará por esto las malas relaciones. 

Para los hombres, la versión femenina será devastada y les costará estar a gusto con mujeres. »
Aquí damos en el blanco : la dependencia de la madre hace imposible cualquier relación sana con otra mujer… Sin un verdadero amor maternal, es imposible construir una relación romántica. 

¡Con la vergüenza ! Con el sentimiento de culpa !  No poder atar el vínculo, tener que huir frente a las mujeres… Cómo tener una cabeza adulta con un niño emocionalmente devastado encerrado en tí misma/o…  Con la vergüenza de sentirse incapaz de vivir, la vergüenza de no poder ser uno mismo, con la vergüenza de que se perciba aquella vergüenza, que cualquiera vea en mi cara, que me veo yo misma/o como un fracasado, como un ser frágil e indefenso que el mínimo comentario puede lastimar y poner en el suelo… 

¡El miedo a no poder recuperarse de una prueba adicional, con la vergüenza de ser uno mismo, de haber vivido su vida entera bajo influencia!  ¿Cómo salir de este embudo ? ¿Cómo no reproducir lo mismo con su propia familia ?  ¿Cómo amar y vivir libremente ?  ¡Es realmente vertiginoso y abismal !  

Renacer de la nada, salir del abismo, cómo encontrar el camino en la noche…  

¡No te mueras, no antes de haber vivido !  

Y con este vacío bajo los pies…  

¡Entender, al fin, de dónde venimos y acceder a esta alta aspiración de desarollo personal ! 

El camino es agotador…

Según Pascal HUBERT : « De ti para mí »  /  « De vous à moi »

www.thebookedition.com

Texte aimablement traduit par Victor Khagan, auteur de romans, nouvelles, poésies et essais « Rebelles homéostasiques », http://www.monpetitediteur.com

Si j’ose écrire – Moreau

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ou à m’écrire à deviens.ce.que.tu.es333@gmail.com

2 réponses sur « LE LIEN, ENTRE LA VIE OU LA MORT »

  1. Hello Pascal

    Merci pour ces mots, tes mots.

    Les liens toxiques, il me semble qu’on en a tous vécu. On est tous plus ou moins handicapés dans nos vies par un ou plusieurs liens toxiques qu’ils soient familiaux, amoureux, amicaux.

    Il me semble, mais peut-être que j’ai tort, que c’est seulement maintenant que les populations prennent conscience qu’elles portent souvent de vieilles problématiques qui répètent des situations et comportements toxiques de génération en génération. Le fait que la psychanalyse se soit démocratisée depuis quelques décennies et que les ouvrages sur le sujet se soient multipliés permet ces prises de conscience. Je pense notamment au livre de Susan Forward « parents toxiques », qui me concernant, fut d’une grande aide quand j’ai travaillé en thérapie mes traumas familiaux.

    Ceci dit, je pense qu’il n’y a pas de fatalité. A partir du moment où tu es conscient du problème et que tu t’y penches sérieusement pour résoudre ce qui ne va pas, je pense que tu brises la chaîne de répétition. Et donc tu peux nouer des relations saines ensuite, même sans avoir vécu cela dans ta famille. Parce que simplement tu as traité comme tu devais le faire cette problématique de départ.
    Et puis, je me dis que chaque rencontre, chaque lien affectif que tu noues t’apprend quelque chose sur toi, sur comment interagir avec l’autre. Donc ce n’est jamais, même lorsqu’il y a rupture, un lien perdu. Parce que ça t’a fait avancer un peu plus dans la connaissance de toi, de l’humain, du lien…

    Mais c’est sûr que plus tu enterres la toxicité relationnelle de départ, plus tu répètes le même schéma appris dès l’enfance et tu t’étonnes d’être malheureux ou malheureuse.
    Tu as toujours un délai entre la prise de conscience et la sortie véritablement d’emprise et toxicité de départ. Ca prend du temps entre le traitement et véritablement la sortie de la dépendance.
    Car il s’agit bien de cela.

    Et il me semble aussi que le troisième temps est celui où tu essaies de faire la part des choses et de ne pas rester figé dans la rancoeur vis à vis du ou des parents toxiques. Parce que ça aussi tu le transmets et ça participe à te miner également, à figer ton évolution, autant que l’emprise du passé.
    Il y a une forme d’unité intérieure à retrouver pour être simplement bien et pour ça, une espèce de lâcher-prise d’avec le traumatisme initial. Ce qui te permet ensuite de pouvoir nouer des relations positives et respectueuses. Sans pour autant être dans le reniement de cette parenté.

    J’en suis je pense à cette troisième phase.
    J’ai commencé à recontextualiser les comportements toxiques familiaux pour saisir que pour la plupart, ils n’avaient ni les moyens informatifs, ni intellectuels, ni psychologiques de pouvoir comprendre les tenants et les aboutissants. Ca nous est beaucoup plus facile aujourd’hui de par tous les moyens d’informations, de cultures et l’offre médicale thérapeutique dont nous disposons. Qui n’existait pas du temps de nos aînés ou alors seulement pour les très riches, ce que la plupart de nos familles n’étaient pas.
    Mine de rien, ça pèse lourd dans la balance et si nous voulons être justes, c’est quelque chose à prendre en considération avant de juger de façon impitoyable.
    Et puis, s’il y a de l’irréparable, nous ne devons pas pour autant le faire porter à la génération suivante. Que ce soit par du non-dit ou du trop dit. Il y a donc un équilibre à trouver. De la même façon que nous équilibrons notre part masculine et féminine, nos aspirations et nos obligations, il y a je pense un juste milieu à trouver. Qui nous permet de garder une belle énergie et de trouver la paix aussi.

    Je t’embrasse très fort.
    Amitiés

    Françoise

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  2. Bonjour Françoise,
    Merci pour ta réaction.
    Oui, les liens toxiques, nous en connaissons tous.
    Tu as raison, nous devons ensuite traverser des phases.
    Mais que de temps nécessaire souvent.
    Et je songe surtout à celles et ceux qui ne s’en sortiront pas, resteront piégés toute leur vie dans une impasse.
    Amitiés;
    Pascal

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