Deviens ce que tu es

Deviens ce que tu es

« La cause fondamentale du désordre en nous-mêmes est cette recherche d’une réalité promise par autrui.»

Krishnamurti

Comme souvent, je laisse mûrir les mots en moi, avant de passer à l’acte d’écrire. Et là je vais écrire l’inouï pour qui a longtemps traversé la dépression et cherché désespérément un sens à sa vie, se demandant s’il parviendrait un jour à un certain apaisement. Vous savez, goûter des instants de paix lorsque vous aviez pour seule compagnie la confusion, ce n’est pas rien. C’est juste inouï.

Je me souviens de ces nuits sombres, à en crever. Je me souviens de ces larmes chaudes pour apaiser un peu ma lancinante mélancolie. Je me souviens de mon être coupé en deux. De ce corps étranger que je peinais à mouvoir. Qui étais-je ? Pourquoi cette difficulté de vivre ? D’où vient pareille confusion ? Étranger à moi-même, je l’étais aux autres et au monde. L’éprouvante solitude m’a longtemps pesé, meurtri, durci.

Avant d’entreprendre un lent retour sur soi, une descente aux enfers, un ébranlement de mes murs et certitudes. Renouer intégralement avec le réel, retrouver l’enfant enfermé en soi. Comprendre la folie du père, le silence de la mère qui peuvent vous rendre fou et silencieux à la fois. À votre tour, l’air de rien. Mutique j’étais devenu, et la peur de devenir fou. Ces heures interminables à errer en moi, à la recherche d’un peu de clarté. Ces nuits blanches à chercher les mots, à se relever pour écrire un rien qui pourrait me sauver. Ces nuits profondes à désirer une autre vie, avant de comprendre que fuir ne servirait à rien.

Prendre conscience et remettre en question les loyautés infidèles. Les parents indigents, et leur religion étouffante. Autre chemin de croix sur lequel j’ai trébuché. À la recherche du vrai, pour débusquer le mensonge. Pour renouer avec le réel, le corps, l’humanité entière. La véritable incarnation, à mille lieues d’une morale et de dogmes qui vous dessèchent le cœur et font de vous un misérable de la naissance à la tombe. Pour aimer la vie, il est besoin de parents aimants qui vous conduisent sur votre chemin d’autonomie et de liberté. Et, pour s’aimer en vérité, il m’était nécessaire d’abandonner peu à peu mes croyances mortifères. Être fidèle à soi – terrible et douloureuse conversion – passe souvent par de déchirantes mais salutaires ruptures.

Sur mon chemin d’humanité, j’ai rencontré des êtres profondément blessés, mais d’une infinie richesse. Ils m’ont aidé à rejoindre le réel, le possible, le beau. Le vrai dans sa nudité, dans son essentielle vérité. À leur insu, ils m’ont redonné confiance, ont reconstruit le lien, ont fait tombé mon armure. Alors la vie a surgi de la faille, alors je leur ai tendu la main, alors je me suis redressé. Moi le prisonnier, le courbé, le mort-vivant, j’ai ouvert les portes de ma cellule. J’ai rejoint l’étranger, l’autre au dehors et l’autre en moi.

Ma source se clarifie à mesure de mes pas, du chemin, du lâcher-prise. Il est impossible de se mentir, le corps sait et fait sentir. L’inouï de la vie surgit lorsque vous mesurez le chemin parcouru. Vous savez exactement d’où vous venez, de quels gouffres, de quelles peurs, de quels dénis. Il est des réalités que vous comprenez enfin. « Deviens ce que tu es », disait déjà Pindare. Je n’étais pas la mort, la confusion. Je n’étais pas mes parents, leur religion. J’étais seulement dépossédé de moi, et je devais partir à la recherche de ma véritable identité.

Je sais peu de choses sur la vie. Mais ce que je sais est infiniment précieux : deviens ce que tu es…

Pascal HUBERT

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