L’invention du péché originel : le génie « diabolique » du christianisme

L’invention du péché originel : le génie « diabolique » du christianisme

« On donnera à l’Histoire ‘sainte’ le nom qu’elle mérite : celui d’histoire maudite ; on emploiera les mots de ‘Dieu’, ‘Messie’, ‘Rédempteur’, ‘Saint’ comme des injures, et pour désigner les criminels. »

Nietzsche, L’Antéchrist

L’invention du péché originel. Voilà le génie « diabolique » du christianisme, le ver enfoui dans la pomme, la culpabilité logée dans chaque cœur. De la naissance à la tombe, chaque être humain naît et meurt coupable. L’Église crée de toute pièce un « paradis perdu » pour vous offrir ensuite un remède chimérique : le « Salut ». À condition de se soumettre désormais à la doxa qui veut que chaque être humain ne puisse plus penser ni agir librement. Au nom de la foi, l’emprise peut commencer…

Pourtant Ève n’a jamais existé, la Bible n’est qu’un ramassis de superstitions, sujette à d’infinies interprétations. Dès lors, tout l’édifice devrait s’effondrer comme château de cartes et les croyants retrouver joyeusement leur liberté injustement confisquée. Or, que voit-on ? Les réformes se succèdent et le clergé continue à exiger la loyauté de ses fidèles. Exactement comme si rien ne s’était passé depuis vingt-et-un siècles. L’Église entend conserver son autorité divine et sa doctrine infaillible. Comment se fait-il que pareil système fonctionne encore, malgré ses innombrables mensonges ?

J’y vois l’ampleur du conditionnement, l’oubli du passé criminel, le besoin sécurisant de se soumettre à l’autorité, la croyance irrationnelle aux promesses de vie éternelle. Aucune autre institution ne pourrait conserver un tel crédit si elle ne prétendait agir au nom de Dieu. C’est dire combien notre mort est instrumentalisée par le pouvoir des clercs sur les masses. C’est dire combien nous sommes gouvernés par la peur, l’ignorance et l’amnésie collective.

Et le pouvoir restera toujours le pouvoir. Pour se maintenir, il doit taire, mentir, louvoyer. Et lorsque la raison démontre l’ineptie de la foi, le pouvoir doit se réformer. Pareil lorsque les scandales savamment cachés éclatent. Si l’on doit reconnaître la vérité à la justesse de la pensée et des actes, force est de constater que nous avons affaire à un imposteur. Que cela dure depuis des siècles, qu’il y ait de brillants esprits, des gens de bien et de belles œuvres d’art n’y change rien. Le pouvoir se réforme toujours à contrecœur. Pire, il ne doit son existence qu’à notre infantile soumission.

Une soumission acquise au nom d’un ignoble mensonge : le péché originel !

Pascal HUBERT

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3 réponses sur « L’invention du péché originel : le génie « diabolique » du christianisme »

  1. Coucou Pascal

    L’institution religieuse quelle qu’elle soit (de quelque obédience se réclame-t-elle) s’est constituée en pouvoir temporel sous couvert de spiritualité.
    Elle a conditionné la spiritualité, la foi à la seule religion de préférence avec ses croyances. Or, la religion est là pour dominer, soumettre.
    Imposer du totalitarisme à la fois politique, économique, militaire, territorial, social. On est loin de la foi, on est loin de la spiritualité.
    Mais effectivement ça peut rassurer et surtout, c’est une logique de caste, de classe aussi qui se voit comme une sorte d’élite qui doit dominer le monde par tous les moyens. Appartenir à cette caste, c’est de façon égotique quelque chose de désirable pour certaines personnes. Notamment celles qui n’ont pas résolu leur fantasme de toute-puissance infantile.
    Alors comment s’étonner que tout cela persiste?
    Derrière tu as des enjeux et des intérêts matériels énormes.
    Voilà ce qui fait perdurer ces institutions par delà mensonges, crimes, délits de toutes sortes, manipulations.

    Aucune institution religieuse ou pas, n’est en capacité ni de se réformer ni d’évoluer.
    Car elle se construit sur un principe de domination perpétuelle.
    Comment veux-tu qu’elle puisse changer en ce cas?
    Ce n’est pas la spiritualité ou le bien commun qui compte, mais le désir de puissance qui est son moteur…
    On est très loin de la foi, très loin de Dieu, très loin du spirituel.
    On est juste dans le matériel bien temporel.

    Il faut voir derrière l’histoire du péché originel, la dualité humaine et ses contradictions.
    Là où cette histoire est très forte, c’est qu’elle récupère tout un tas de symboles différents.
    Rappelle-toi que cette histoire, elle doit supplanter la culture grecque dominante qui possède une mythologie très développée avec de nombreux héros et personnages très typés.
    Il fallait donc envoyer du lourd.
    En fait, quand tu relis avec recul cette histoire d’Adam et Eve, tu vois qu’on y parle de principe féminin et masculin, de l’éveil spirituel avec l’arbre de la connaissance indissociable du serpent qu’on retrouve dans d’autres cultures avec la kundalini (et qui n’a rien de diabolique contrairement à la présentation qui en est faite dans les écrits judéo chrétiens).
    Quelque part, la Genèse est un condensé de réflexions philosophiques multiculturelles sur ce qu’est l’humain spirituellement et par quoi il passe pour retrouver une unité intérieure.

    Selon Bernard Barc, il pourrait être possible que le rédacteur de ce texte et plus largement de l’Ancien Testament, soit un grand intellectuel juif, très savant sur de nombreuses cultures. D’où peut-être des thématiques communes avec d’autres traditions. Ce qui rend le texte si universel.

    Quand tu réalises ça, tu sors de la dialectique du péché originel (niveau 1 de compréhension) pour aller regarder au-delà, une sorte grimpette panoramique de la question.
    Et personnellement, là où j’en suis rendue actuellement de mes réflexions sur le sujet, c’est que ça ressemble fort au principe du yin et du yang, aux polarités féminines et masculines que chacun porte en soi, qu’il faut harmoniser, et que tout finalement dans une vie spirituelle est question d’équilibre et de conscience éveillée qui forcément passe par des étapes difficiles: d’acceptation de soi, d’acceptation d’autrui, d’affronter la peur de l’abandon, du rejet, de la trahison, de l’humiliation, de l’injustice pour ensuite pouvoir vivre une vie spirituelle apaisée et harmonieuse.
    On retrouve tout ça sous forme symbolique. Ce que ne t’expliqueront jamais les clercs mais qui me paraît, si l’on ouvre son regard de façon culturelle et internationale, rejoindre nombre d’autres textes issus d’autres cultures sur la nécessité d’un parcours spirituel qui correspond à des étapes très marquées, de découvertes, de doutes, d’errances avant de pouvoir vivre une certaine paix, une harmonie.

    Je pense que les clercs ont récupéré et interprété ce texte sous la forme qui pouvait le mieux servir leurs intérêts de domination en agitant le principe de culpabilité et d’indignité. Alors que le texte était là pour de tous autres motifs.
    Tu as le texte originel et ensuite ce qu’en font et disent ses promoteurs. Qui peut complètement partir à l’opposé de la volonté de l’auteur. Tu sais, le principe de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours…
    Dans une logique religieuse comme sectaire, donc de domination spirituelle, c’est plus pratique pour dominer les gens de prétendre d’emblée qu’ils sont pécheurs, indignes. Ca place tout de suite le ton et induit une hiérarchie entre les personnes.
    Pour moi ça relève de l’instrumentalisation et de la manipulation.
    Pour des intérêts particuliers.

    Et tant qu’il y a au coeur des hommes une volonté de domination d’un petit groupe sur l’ensemble de l’humanité, que ça se traduise par du religieux ou pas, il semble primordial de continuer de maintenir cette interprétation pour continuer à asseoir et justifier des empires, des systèmes de pouvoir, des religions peu importe leurs dérives, leurs crimes, leurs mensonges, leurs abus.

    Regarde à quel point le discours théologique prédomine médiatiquement contrairement au discours scientifique sur les religions. Et combien tous les pouvoirs (politique, économique, média, éducatif,, judiciaire) s’acharnent à ce que le discours dominant reste théologique.
    Ca va avec le désir de contrôle et de domination des individus. Ca correspond à la fameuse logique d’empire qui sévit depuis l’Antiquité, et à peu près au moment où s’écrit le fameux texte de l’Ancien Testament.

    Là où je trouve l’époque que nous vivons intéressante, c’est que peu à peu, nous comprenons tout ça. Par la lecture de documentations pointues sur ces sujets (documentations numérisées), par l’accès à l’information au sens général…et puis aussi par des expériences spirituelles fortes, mais hors pratique religieuse.
    Il s’opère depuis quelques décennies une sorte de basculement dans une autre ère qui font s’effondrer progressivement les vieux schémas de domination. Dont les institutions religieuses qui ne parviennent plus à recruter des clercs, qui ne parviennent plus à être audibles ni crédibles, au même titre que les politiques massivement rejetés par les populations qui comprennent l’opportunisme et la volonté de domination derrière les beaux discours.
    Pour moi, nous sommes dans une période de mutation sur plusieurs niveaux (spirituels, matériels, intellectuels, environnementaux, scientifiques, économiques, politiques). Que n’avaient pas du tout prévu les instances de pouvoir qui ont tout misé sur une domination éternelle. Et qui voient progressivement leur monde s’effondrer.

    Il me semble qu’à partir du moment où un certain nombre d’humains comprennent la vacuité et l’envers du décor de différentes structures de pouvoir et osent en parler, ces structures s’effondrent. Parce qu’elles ne font plus sens ni unité du moment que leurs contradictions profondes et leurs crimes sont mis en lumière.
    C’est ce qui se passe pour nombre d’institutions, religions comprises.
    D’où leur recours à l’intégrisme et aux dérives sectaires, aux mafias pour tenter d’empêcher leur disparition.
    Sans comprendre que ces outils sont des accélérateurs d’autodestruction.

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  2. Moi aussi, grand plaisir de te lire. J’espère que tu vas bien aussi.
    Ca va hormis grosse fatigue et un peu décompensation d’avec un mois de juin très agité au plan professionnel, comme tous les ans à la même époque, avec beaucoup de stress et de demandes et de déplacements sans compter des cours à réinventer en extérieur pour partie du fait de la pandémie, démarches administratives, organisations drastiques, donc pas mal d’épuisement physique et nerveux.

    C’est chouette de voir que chacun de nous avance à la fois différemment mais de façon similaire malgré tout. Je ne sais pas si ça vient de l’âge, du vécu, du cheminement spirituel, du contexte. Mais tu vois, on peut ne pas communiquer tous les deux pendant des semaines, des mois, finalement, quand on se retrouve, je m’aperçois en te lisant qu’on a fait des prises de conscience interpellantes.
    Et je me dis souvent quand je termine ma lecture de tes textes que tu es décidément une belle rencontre humaine et existentielle.

    Amitiés, Pascal!

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