Cujus regio, ejus religio
Eh, vous ! Oui, vous, les haineux ! Vous qui n’acceptez pas notre religion de « paix et d’amour »! Oui, vous qui nous critiquez depuis la nuit des temps ! Vous qui critiquez le bûcher, l’omerta, Adam et Ève ! Oui, vous les haineux ! Qui dénoncez nos supercheries millénaires, égratignez notre réputation ! Oui, vous les haineux, qui refusez de croire encore à l’enfer qui vous est promis ! Eh vous, les athées ! Attendez voir que notre religion de « paix et d’amour » revienne au pouvoir ! Et vous verrez de quel bois nous savons vous aimer !
Cujus regio, ejus religio (Tel Prince, telle religion) est une maxime latine définissant le principe politique instauré au XVIe siècle dans le Saint-Empire romain germanique, suivant lequel la religion d’un peuple devait être nécessairement celle de son souverain.
Un principe tellement bien ancré dans les consciences qu’à cette fameuse question « Mais pourquoi es-tu croyant.e (juif, catholique ou musulman) ? », nous sommes nombreux à avoir reçu pour toute réponse : « Mais, parce qu’on a toujours fait comme ça ! » Du coup, plus de doute possible, de questionnement, de raison critique à exercer. Je suis né au bon endroit, Dieu l’a voulu ainsi, la vie est Mystère, Dieu est incréé, notre religion est la seule vraie. L’autre est dans le péché et, fût-il notre être aimé, il pourrait bien tomber en enfer s’il ne venait à se convertir (pour la religion juive, c’est malheureusement plus compliqué…) Prions donc le Seigneur, qu’il lui ouvre enfin les yeux, lui donne la foi. Puisque tout est grâce, n’est-ce pas… ?
Le problème, quand on ose se déconditionner, faire fonctionner ce fameux cerveau créé par dieu pour notre perte, force nous est alors de constater qu’il existe autant de croyances religieuses que de peuples, qu’elles sont différentes selon les époques, les endroits du globe et les réformes successives que la raison leur a précisément fait subir. Bref, ce qui était tenu pour certain en un temps et en un lieu, s’avère bien relatif.
Ainsi, dieu condamnerait pour ne pas avoir cru en la bonne croyance ? Si croire en lui conditionne à ce point notre Salut, il eût été raisonnable qu’il se fasse connaître avec un peu plus de certitude, plutôt que de nous envoyer des hérétiques brouilleurs de pistes et de jouer ainsi notre sort à la roulette russe. Et, qui plus est, pourquoi dieu vient-il donc si tard sur la ligne du temps, omettant ainsi de se faire connaître des premiers êtres humains ?
Non, décidément, quand la raison peut librement œuvrer, elle éreinte fameusement les prétendues certitudes de la foi. Et elle laisse apparaître combien grande est le besoin des religieux de dominer les masses croyantes. Tout n’est effectivement qu’une question de pouvoir, savamment orchestrée sous le verni du service sacré, de la vocation tombée du Ciel, de la mission directement dévolue par dieu à quelques hommes triés sur le volet (enfin, quand la tentation ne les conduit pas tout droit dans les bras de Satan…) C’est, pour dire les choses crûment, ce qu’il est désormais convenu d’appeler une imposture, un bourrage de crâne, un abus de pouvoir sur les consciences, un crime contre l’humanité qui dure depuis la nuit des temps !
Un peuple a la foi de son chef, un enfant celle de ses parents, un adepte celle de son gourou. Ainsi va le monde, avec ce besoin de croire, de se fier à autrui, de déléguer les questions existentielles à des sectes pour obtenir des réponses « clés sur porte ». Ainsi sont conçus tous les catéchismes de « paix et d’amour ». Ils n’exigent rien moins que notre soumission, en échange d’un prétendu Salut. En échange d’une vie éternelle, il nous faudrait renoncer à notre liberté de penser et de vivre comme bon nous semble. Et ça marche, depuis des millénaires déjà et malgré nos connaissances empiriques…
Pourtant, à y regarder de plus près, depuis quand la vérité serait-elle automatiquement détenue par un autre que soi ? Depuis quand serais-je dispensé de cheminer personnellement ? L’expérience serait-elle valable dans tous les domaines où ma raison s’exerce d’ordinaire, excepté lorsqu’il s’agirait d’adhérer à une croyance religieuse ? Quel principe exorbitant me ferait soudain renoncer à penser par moi-même ? L’argument d’autorité, plus encore lorsqu’il se prétend « sacré », devient vite un abus de langage et de pouvoir, une terrible imposture aux dérives innombrables.
Finalement, en matière de catéchisme et après bien des remises en question, je préfère de loin celui de Voltaire. Écrit sous forme de dialogue, son Catéchisme de l’honnête homme s’en prend ainsi avec une ironie mordante aux trois principales religions, en affirmant notamment : « Oui, il faut une religion ; mais il la faut pure, raisonnable, universelle : elle doit être comme le soleil, qui est pour tous les hommes et non pas pour quelque petite province privilégiée. Il est absurde, odieux, abominable, d’imaginer que Dieu éclaire tous les yeux, et qu’il plonge presque toutes les âmes dans les ténèbres. »
Ne déléguons à personne ce que d’aucun tente de nous confisquer : notre liberté !
Pascal HUBERT
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Ce n’est pas juste faire fonctionner le cerveau, parce que si c’est juste le cerveau qui fonctionne, c’est l’égo aux commandes et l’égo fabrique de l’illusion autant que la croyance de type habitude sociale.
Le déconditionnement, c’est certes de réfléchir mais aussi et surtout de faire confiance à notre intuition, à nos ressentis profonds, c’est à dire à une intelligence de l’âme. Ce qui suppose de rentrer dans nos profondeurs. Et c’est toute autre chose. Et pour y accéder, il faut sortir aussi de l’égo.
Personnellement, je ne pense pas que la religion quelle qu’elle soit est utile. Et la tentation de la pureté religieuse est il me semble, pire: c’est l’emblème de l’intégrisme et du sectarisme. Pas de l’illumination.
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Je suis parti de « Cujus regio, ejus religio »…, pour tenter de montrer la relativité des croyances et, dès lors, leur absolue fausseté respective. D’où la nécessité de faire fonctionner honnêtement son cerveau, pour se déconditionner de ce que nous pensions être LA Vérité 😉 !
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