Et si ça nous arrivait ?
Observatoire des Fondamentalismes à Bruxelles
22 octobre 2020, à 18:34 · lecture de 9 min ·
« La tolérance illimitée doit mener à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la tolérance illimitée même aux intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l’impact de l’intolérant, alors le tolérant sera détruit et la tolérance avec lui. »
Karl Popper, philosophe
Par Pascal Hubert, pour l’Observatoire
Après le temps de la sidération vient le temps de la réflexion et des actes plus encore. Après les trop nombreux « débordements » islamistes vient l’urgence de pointer du doigt les dysfonctionnements systémiques. Après l’affaire Mohamed Merah, l’affaire des caricatures de Mahomet, l’attentat de Charlie Hebdo, du Bataclan et des terrasses, après l’affaire Mila, sans oublier les attentats au musée juif, à Bruxelles, à Cologne, et d’autres encore, voici la décapitation d’un professeur français, Samuel Paty, dans une rue de Conflans en région parisienne, ce vendredi 16 octobre.
Son seul tort aura été, aux yeux de certains obscurantistes, de faire usage d’une liberté fondamentale dont ils savent pourtant si bien user : la liberté d’expression, consacrée en France par les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789, et en Belgique par l’article 19 de la Constitution, mais aussi par l’article 10, § 1er, de la Convention européenne des Droits de l’homme du 4 novembre 1950, qui stipule que « toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontières ».
Nous le saisissons peu à peu, il ne peut plus s’agir d’un « fait divers » parmi tant d’autres. Il s’agit de la montée croissante de l’islamisme, en France, en Belgique, et plus largement en Europe, au cœur même de nos démocraties. Une montée de la « peste noire » rendue possible par nos silences complices, nos lâchetés, nos compromissions, nos petites visions électoralistes, nos « oui mais ils sont un peu responsables ». Commémorer nos morts, affirmer à l’occasion « Je suis Charlie » ou « Je suis Mila », c’est bien mais c’est devenu largement insuffisant. Pour enrayer le totalitarisme islamiste, il faut donc agir.
Fadila Maaroufi, cofondatrice de l’Observatoire des Fondamentalismes à Bruxelles, en sait quelque chose. Ainsi, elle raconte cet évènement marquant :
« Je suis d’origine marocaine. Lorsque j’étais animatrice dans une association bruxelloise, durant la période du mois du ramadan, je mangeais dans le local de l’asbl pendant l’heure du midi car je ne pratiquais pas le jeûne. Trois enfants de 8, 9 ans qui fréquentaient l’institution sont passés dire bonjour. Ils me questionnent sur mes origines et pourquoi, en tant que Marocaine, je ne pratiquais pas la religion musulmane. Ils sont repartis et l’histoire a fait le tour non seulement du quartier mais également d’un autre quartier de la ville, en moins d’une heure de temps. Le lendemain, une mère de famille et un barbu sont entrés à des moments différents pour m’insulter en arabe, tout en voulant me frapper. Mon collègue a dû les mettre à la porte.
« Deux jours plus tard, alors que je circulais dans le quartier sur une place, un groupe d’une dizaine de jeunes, âgés entre 12 et 18 ans, m’ont bloqué contre une palissade. Ils ont utilisé de l’essence et ont mis le feu. L’un d’eux a pris une photo, ils riaient tous. Mon collègue, de loin, a vu la scène et a accouru vers moi avec sa veste pour éteindre le feu. »
Nous avons également connaissance du témoignage d’une enseignante dans une école bruxelloise :
« Il y a trente ans, il n’y avait pas de foulards dans l’école, même les élèves n’en portaient pas. Pourtant, la population était déjà majoritairement belge d’origine maghrébine. Il y a environ une quinzaine d’années ou un peu plus, une collègue (Belge d’origine marocaine) a demandé l’autorisation de porter le voile (suite à son divorce, elle s’était réfugiée dans la religion), ce qui lui a été accordé même si ça ne plaisait pas aux enseignants : on ne leur a pas demandé leur avis. J’avoue avoir dit, à l’époque, ‘bah, c’est son choix !’ portée par mes beaux idéaux du ‘vivre ensemble’, de ‘touche pas à mon pote’, bref toute ma candeur naïve et humaniste….
« Depuis les choses ont bien changé : il y a onze profs voilées et, au moins, deux collègues masculins qui ne font pas la bise. J’ai donc pris pour habitude de dire bonjour ‘de loin’ à tout le monde….
« Certaines profs voilées se permettent aussi de faire des ‘remontrances’ aux jeunes filles qui enlèvent leur voile lors d’une journée à la mer et qui le portent de façon ‘aérée’ (genre turban qui laisse cou et oreilles visibles). Certaines jeunes filles s’isolent pour parler avec des garçons, par peur que les professeurs les voient. »
Or pour « vivre ensemble » malgré nos différences et nos divergences, il importe que notre société sécurisée rappelle avec force ses valeurs fondamentales, non négociables, acquises parfois contre les religions elles-mêmes : le droit de croire ou non, le droit de critiquer les religions, l’égalité entre les hommes et les femmes, le respect intangible des droits humains, à commencer par le droit de vivre sans immixtion du religieux ! Il est hors de question de bafouer ces droits élémentaires pour ménager quelque susceptibilité religieuse. Le « vivre ensemble » exige, au contraire, le respect de toutes les opinions démocratiques. C’est précisément ce qui distingue le régime pluraliste d’un régime théocratique. C’est précisément la raison pour laquelle tant de libres penseurs, pour vivre enfin loin du joug religieux, se voient contraints de fuir les pays régis par la charia.
La liberté religieuse ne doit jamais consister à abdiquer notre liberté d’expression. Elle ne devrait pas davantage permettre des « accommodements raisonnables » pour une partie de la population qui s’avèrerait incapable de partager nos valeurs communes. Chaque accommodement est une entaille à la laïcité, un retour du religieux martelé dans les consciences. Ainsi du halal dans les cantines, du port du voile dans les établissements scolaires, du refus de certaines musulmanes de se baigner sans burkini ou dans des piscines mixtes. Ainsi encore du refus de recevoir certains cours au motif qu’ils viendraient offenser les croyants au nom du Coran. Songeons à la théorie de l’évolution, au cours de citoyenneté et finalement à Samuel Paty, décapité pour avoir montré à ses étudiants une caricature de Mahomet…
Ainsi, quelle est cette « pièce maîtresse » ayant amené Abdoulah Anzorov, réfugié tchétchène de 18 ans, à décapiter un professeur au cri de « Allah akbar » ? Il se nomme Sefrioui, Frère musulman, pro-Hamas, prédicateur de haine (1), militant islamiste actif en région parisienne depuis la fin des années 1980, fiché S, qui avait traité l’enseignant de « voyou ». Maniant un double discours selon qu’il s’exprime en français ou en arabe, Sefrioui n’a de cesse de dénoncer les « organisations sionistes » en France et leurs « valets ». Il fustige aussi l’«islam de France» et ponctue ses prêches enflammés de la formule « Allah akbar ! » (Dieu est le plus grand). On l’aura compris, le « vivre ensemble » n’est pas sa tasse de thé…
Dans la foulée de l’attentat, le Sénat français a examiné le lundi 19 octobre une proposition de loi sur la laïcité, afin d’inscrire dans la Constitution la prééminence des règles de la République. consacrant le principe selon lequel « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer de la règle commune ».
Le même séparatisme religieux se vit en Belgique, même si cela reste encore, à ce jour, dans l’enceinte des mosquées. Ainsi, dans une mosquée bruxelloise, on apprend la séparation entre les « Koffars » (mécréantes) et les croyantes : il leur est demandé de ne pas serrer la main des non-musulmanes alors qu’elles sont du même sexe.
Le discours change aussi : il est question de la fin du monde, lorsque les musulmans seront vainqueurs et que la terre sera complètement musulmane… On pousse les femmes et les jeunes filles à militer pour le port du voile dans le milieu du travail et dans les établissements scolaires. On les pousse à la Dawa (prosélytisme) et aussi à ramener les femmes musulmanes dans le droit chemin.
La question du voile dans la fonction publique, qui ressurgit avec force dans diverses communes bruxelloises, est un autre exemple frappant. Celles et ceux qui manifestent et cherchent à faire avancer leur cause sont, en effet, systématiquement, celles et ceux qui veulent imposer leur vision religieuse au nom de leur conception du « vivre ensemble ».
Nous venons de le voir à grands traits : au-delà des bons sentiments et des doléances, des « plus jamais ça » et des manifestations – où se côtoient d’ailleurs simples opportunistes et authentiques laïcistes, au-delà des mots pour s’alarmer ou dénoncer, au-delà des textes de loi et de leurs beaux principes, il faut désormais veiller urgemment à leur stricte application. C’est bel et bien sur ce terrain-là que les politiques et leurs alliés doivent œuvrer.
Comme le relève l’Observatoire des Fondamentalismes à Bruxelles, il est urgent que les gouvernements et l’Europe prennent des mesures et cessent de financer les structures islamistes comme le CCIB (Collectif Contre l’Islamophobie en Belgique), et l’ENAR (European Network Against Racism) liée aux Frères musulmans, auxquels sont affiliées plusieurs de leurs organisations-membres telles que FEMYSO ou Etudiants Musulmans de France (anciennement UOIF).
De même, il importe que des structures associatives telles que le Délégué général des droits de l’enfant, UNIA, Actiris et d’autres « idiots utiles » (professeurs d’université, journalistes, médias et partis politiques) cessent de porter la voix des islamistes au sein de nos institutions.
Bref, nous voyons chaque jour un peu plus que ce n’est pas en nous taisant que nous éviterons les violences qui, tôt ou tard, s’imposeront à nous. Il est, au contraire, urgent de faire face ensemble à l’islamisme politique. Pouvons-nous compter sur les vrais démocrates pour défendre la liberté de conscience et d’expression ?
Pascal Hubert est avocat, président de la Commission Juridique de l’Observatoire
(1) Étienne Girard et Paul Conge : « Frère musulman, pro-Hamas : Sefrioui, le prédicateur à l’origine de la fronde contre l’enseignant décapité », hebdomadaire Marianne, 17 octobre 2020
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What if this happened to us ?
by Pascal Hubert for the Observatory of Fundamentalisms in Brussels
October 22, 2020, at 6:34 p.m. (9 min read)
“Unlimited tolerance must lead to the disappearance of tolerance. If we extend unlimited tolerance even to the intolerant. If we are not prepared to defend a tolerant society against the impact of the intolerant, then the tolerant will be destroyed and tolerance itself.«
Karl Popper, philosopher
After the moment of stupefaction comes the moment of reflection and even more, of action. After the numerous Islamist « excesses » comes the urgency to point the finger at systemic dysfunctions. After the Mohamed Merah affair, the Mahomet cartoons affair, after the attack on Charlie Hebdo, the attack on the Bataclan and the terraces, after the Mila affair, not forgetting the attacks on the Jewish Museum, in Brussels, in Cologne, and many others, here is the beheading of a French professor, Samuel Paty, on a street in Conflans in the Paris region, this Friday, October 16.
In the eyes of certain obscurantists, their only mistake would have been to make use of fundamental freedom that they know how to use so well, however : freedom of expression, enshrined in France by articles 10 and 11 of the Declaration of the « Rights of Man and of the citizen » (sic) of 1789, and in Belgium by article 19 of the Constitution, but also by article 10, § 1, of the European Convention on Human Rights of November 4, 1950, which stipulate that « Everyone has the right to freedom of expression. This right includes the freedom of opinion and the freedom to receive or impart information or ideas without interference from public authorities and regardless of borders ».
We are grasping it little by little: it can no longer be one piece of news among so many. It is about the increasing rise of Islamism in France, Belgium and, generally already, throughout Europe, in the very heart of our democracies. A rise of the « black plague » made possible by our complicit silences, our cowardice, our commitments, our small electoral visions, our « yes but they are a little responsible » … Commemorate our martyrs and say, from time to time, « I am Charlie » or « I am Mila » is fine but it is already, decidedly, insufficient. To curb Islamist totalitarianism, we must act.
Fadila Maaroufi, a co-founder of the « Observatory of Fundamentalisms » in Brussels, knows a lot about this.
Thus, she relates to this significant fact:
« I am from Morocco. When I was moderating an association in Brussels, during the Ramadan period, I used to eat at the premises of this non-profit organization, at noon, because I did not practice fasting. Three 8, 9-year-old children came in to greet. They asked me about my origins and also why, as a Moroccan, I did not practice the Muslim religion. Then they left and the anecdote went around not only the neighborhood but also another neighborhood in the city, in less than an hour only. The next day, a mother and a bearded man entered the premises, separately, to curse me (in Arabic) and try to hit me. My colleague had to kick them out.
« Two days later, while I was walking through the neighborhood square, a group of ten young people between 12 and 18 years old, blocked me against a fence. They brought gasoline and set it on fire. One of them took a photo, while everyone was laughing. My colleague, from afar, could see the scene and came running towards me to put out the fire with his jacket. »
Here is also the testimony of a teacher from a school in Brussels :
« Thirty years ago, the Islamic veil was not seen or talked about in school, the students never wore it. However, the population was already predominantly « Belgian of Maghreb origin ». Some fifteen years or more ago, a colleague (a Belgian of Moroccan origin) asked permission to wear the veil (after her divorce, she had taken refuge in religion), something that was granted – even if the teachers did not like it but their opinion was not asked. I admit to having said, at the time: « well, it’s her choice! », driven by my beautiful ideals of ‘living together’ and of the saying ‘Don’t touch my friend’, that is : all my naivety and humanist frankness …
« Since then things have changed a lot: there are eleven veiled teachers and at least two male colleagues who refrain from kisses. So I got used to greeting everyone from afar…
« Some veiled teachers also allow themselves to reprimand young girls who remove the veil during days at sea or who wear it in a ‘graceful’ way (like a turban that leaves the neck and ears visible). Some girls even isolate themselves to talk to boys, fearing that the teachers will see them. »
However, to « live together » despite our differences and different opinions, it is important that our secure society strongly remembers its fundamental, non-negotiable values, sometimes acquired against religions : the right to believe or not, the right to criticize religions, equality between men and women, intangible respect for human rights, the right to live without interference from religions ! Violating these elementary rights to avoid any religious susceptibility is out of the question. On the contrary, « living together » requires respect for all democratic opinions. This is precisely what distinguishes a pluralistic regime from a theocratic regime. This is precisely the reason why so many freethinkers are forced to flee countries governed by Sharia laws, in order to finally live far from the religious yoke.
Religious freedom should never be about abdicating our freedom of speech. Nor should it allow « reasonable accommodation » for a part of the population that would be unable to share our common values. Each accommodation is a cut in secularism, a return of the religious hammered into consciousness. Thus halal in canteens, the use of veils in schools, the refusal of some Muslim women to swim without burkini or in mixed pools. Thus, also, of the refusal to receive certain courses on the grounds that they would offend believers in the name of the koran. We must also respect the theory of evolution, the citizenship course and, of course, the memory of Samuel Paty, beheaded for showing his students a caricature of Muhammad …
Now, what is the « centerpiece » that led 18-year-old refugee Abdoulah Anzorov to behead a teacher with the cry of « Allah Akbar » ? Well, his name is Sefrioui, Muslim Brother, pro-Hamas, a preacher of hatred (1), Islamist activist, active in the Paris region since the end of the 1980s, classified S, who had qualified the deceased teacher as a « criminal ». With a double talk depending on whether he spoke in French or Arabic, Sefrioui repeatedly denounced the « Zionist organizations » in France and their « servants ». He also criticized the « Islam of France » and always punctuated his fiery sermons with the phrase « Allah Akbar! » (God is the best). Thus we see that « living together » is not exactly his favorite topic…
Immediately after the recent attack, the French Senate examined a bill on secularism, on Monday, October 19, in order to enshrine in the French Constitution the pre-eminence of the rules of the Republic. Consecrating the principle that « no individual or group can base on their origin or religion to exempt themselves from the common rule ».
The same religious separatism is experienced in Belgium, although it still remains, to this day, within the confines of the mosques. Thus, in a mosque in Brussels, we learn of the separation between the « Koffars » (disbelievers) and the believers : they are asked not to shake hands with non-Muslims (of the same sex). The discourse is also changing : they are about the end of the world when Muslims will be victorious and the earth would be completely under Muslim power… Women and girls are encouraged to campaign for the wearing of the veil in the place of work and within educational institutions. They are urged to Dawa (proselytism) and also to convince Muslim women to return to the right path.
The issue of the Islamic headscarf in the public service resurfaces strongly in several municipalities of Brussels. It is another striking example. Those who demonstrate and seek to promote their cause are, in fact, in a systematic way, those who want to impose their religious vision in the name of their conception of « coexistence. »
We have just seen it broadly : beyond the good feelings and grievances, the « never again » and the demonstrations – where, in addition, simple opportunists and authentic secularists coexist, beyond words to be alarmed or to denounce, beyond the laws and beautiful principles, we must now urgently ensure their strict application. This is where politicians and their allies must work.
As the Observatory of Fundamentalisms in Brussels points out, it is urgent that governments and the European Council take action and stop financing Islamist structures such as the CCIB (Collectif Contre l’Islamophobie en Belgique) and ENAR (European Network Against Racism) linked to the Muslim Brothers, to which several of its member organizations are affiliated such as FEMYSO or Etudiants Musulmans de France (formerly UOIF).
Likewise, it is important that associative structures such as the General Delegate for the Rights of the Child, UNIA, Actiris and other « useful idiots » (university professors, journalists, the media and political parties) stop transmitting the Islamist discourse within our communities institutions.
In short, every day we see a little more that it is not through the silence that we will avoid the violence that, sooner or later, will be imposed on us. On the contrary, it is urgent to confront political Islamism together. Can we count on true democrats to defend freedom of conscience and expression?
Pascal Hubert is a lawyer, president of the Legal Commission of the Observatory of Fundamentalisms.
(1) From the article by Étienne Girard and Paul Conge: « Muslim brother and pro-Hamas: Sefrioui, preacher behind the sling against the beheaded teacher », Marianne Weekly, October 17, 2020.
VK translates
Auteur de romans, nouvelles, poésies et essais « Rebelles homéostasiques ». http://www.monpetitediteur.com
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¿Y si esto nos pasara a nosotros?
por Pascal Hubert para el Observatorio de los Fundamentalismos
en Bruselas, 22 de octubre de 2020, a las 6:34 p.m. (9 min de lectura)
« La tolerancia ilimitada debe conducir a la desaparición de la tolerancia. Si ampliamos la tolerancia ilimitada incluso a los intolerantes, si no estamos preparados para defender una sociedad tolerante contra el impacto de los intolerantes, entonces los tolerantes serán destruidos y la tolerancia con ellos. » (Karl Popper, filósofo)
Después del momento de sideración llega el momento de reflexión y aún más, de las acciones. Después de los numerosos « excesos » islamistas surge la urgencia de señalar con el dedo las disfunciones sistémicas. Después del asunto Mohamed Merah, del asunto de las caricaturas de Mahomet, despues del ataque a Charlie Hebdo, del ataque al Bataclan y de las terrazas, después del asunto de Mila, sin olvidar tampoco los atentados al museo judío, en Bruselas, en Colonia, y otros tantos, aquí está la decapitación de un profesor francés, Samuel Paty, en una calle de Conflans en la región de París, este viernes 16 de octubre.
A los ojos de ciertos oscurantistas, su único error habrá sido hacer uso de una libertad fundamental que ellos saben utilizar tan bien, sin embargo : la libertad de expresión, consagrada en Francia por los artículos 10 y 11 de la Declaración de los « Derechos del hombre y del ciudadano » (sic) de 1789, y en Bélgica por el artículo 19 de la Constitución, pero también por el artículo 10, § 1, del Convenio Europeo de Derechos Humanos del 4 de noviembre de 1950, que estipulan que “Toda persona tiene derecho a la libertad de expresión. Este derecho incluye la libertad de opinión y la libertad de recibir o difundir información o ideas sin injerencia de las autoridades públicas y sin importar las fronteras ».
Lo vamos captando poco a poco : ya no puede tratarse de una noticia entre tantas. Se trata del creciente aumento del islamismo en Francia, Bélgica y, generalmente ya, en toda Europa, en el mismísimo corazón de nuestras democracias. Un auge de la “peste negra” hecho posible por nuestros silencios cómplices, nuestras cobardías, nuestros compromisos, nuestras pequeñas visiones electorales, nuestro “sí pero son un poco responsables”… Conmemorar a nuestros muertos y decir, de vez en cuando, « Yo Soy Charlie » o « Soy Mila » está bien pero es ya, decididamente, insuficiente. Para frenar el totalitarismo islamista, debemos actuar.
Fadila Maaroufi, cofundadora del « Observatorio de los Fundamentalismos » en Bruselas, sabe mucho de esto.
Así, relata ella este significativo hecho:
« Yo soy de Marruecos. Cuando actuaba de moderador en una asociación de Bruselas, durante el período del Ramadán, comía en las instalaciones de esta organización sin fines de lucro, durante el mediodía, porque no practicaba el ayuno. Surgieron tres niños de 8, 9 años para venir a saludar. Me preguntaron sobre mis orígenes y también por qué, como marroquí, no practicaba yo la religión musulmana. Luego se fueron y la anécdota dio la vuelta no solo al vecindario sino también a otro barrio de la ciudad, en menos de una hora solamente. Al día siguiente, una madre y un hombre barbudo entraron en el local, por separado, para maldecirme (en árabe) e intentar pegarme. Mi colega tuvo que echarles.
« Dos días después, mientras caminaba por la plaza del barrio, un grupo de diez jóvenes de entre 12 y 18 años, me bloquearon contra una valla. Traían gasolina y le prendieron fuego. Uno de ellos tomó una foto, mientras todos se reían. Mi colega, de lejos, pudo ver la escena y vino corriendo hacia mí para apagar el fuego con su chaqueta. »
Hé aquí también el testimonio de una profesora de una escuela de Bruselas:
« Hace treinta años, no se veía ni se hablaba de velo islamico en la escuela, las alumnas no lo llevaban nunca. Sin embargo, la población ya era predominantemente « belga de origen magrebí ». Hace unos quince años o un poco más, una colega (belga de origen marroquí) pidió permiso para llevar el velo (tras su divorcio, se había refugiado en la religión), algo que se le concedió – incluso si a los profesores no les gustó pero no se les pidió su opinión. Admito haber dicho, en el momento : « bueno, ¡es su elección! », llevada por mis hermosos ideales del ‘vivir juntos’ y de ‘No toques a mi amigo’, o sea : toda mi ingenuidad y franqueza humanista…
« Desde entonces las cosas han cambiado mucho : hay once profesoras con velo y, al menos, dos compañeros varones que se abstienen de besos. Así que me acostumbré a saludar desde lejos a todo el mundo…
« Algunas profesoras con velo también se permiten reprender a las jóvenes que se quitan el velo durante las jornadas en el mar o que lo llevan de manera ‘airosa’ (como un turbante que deja visible el cuello y las orejas). Algunas niñas incluso se aíslan para hablar con chicos, por temor a que las profesoras les vean. »
Sin embargo, para « vivir juntos » a pesar de nuestras diferencias y distintas opiniones, es importante que nuestra sociedad segurizada recuerde con fuerza sus valores fundamentales, no negociables, adquiridas a veces en contra de las religiones : el derecho a creer o no, el derecho a criticar las religiones, la igualdad entre hombres y mujeres, el respeto intangible de los derechos humanos, el derecho a vivir sin injerencias de parte de las religiones ! Violar estos derechos elementales para evitar alguna susceptibilidad religiosa queda fuera de lugar. Por el contrario, “vivir juntos” requiere el respeto de todas las opiniones democráticas. Esto es precisamente lo que distingue a un régimen pluralista de un régimen teocrático. Esta es precisamente la razón por la que tantos librepensadores se ven obligados a huir de países regidos por las leyes de la Sharia, para poder finalmente vivir lejos del yugo religioso.
La libertad religiosa nunca debería consistir en abdicar de nuestra libertad de expresión. Tampoco debería permitir « ajustes razonables » para una parte de la población que resultaría incapaz de compartir nuestros valores comunes. Cada acomodo es un corte en el secularismo, un retorno de lo religioso martillado en la conciencia. Así del halal en los comedores, del uso del velo en las escuelas, de la negativa de algunas musulmanas a nadar sin burkini o en piscinas mixtas. Así, también, de la negativa a recibir ciertos cursos alegando que ofenderían a los creyentes en nombre del corán. También hay que respetar la teoría de la evolución, el curso de ciudadanía y, desde luego, la memoria de Samuel Paty, decapitado por mostrar a sus alumnos una caricatura de Mahoma…
Ahora, ¿qué es la “pieza central” que llevó a Abdoulah Anzorov, refugiado checheno de 18 años, a decapitar a un maestro con el grito de “Allah akbar” ? Pues se llama Sefrioui, Hermano Musulmán, pro-Hamas, predicador del odio (1), activista islamista, activo en la región de París desde finales de la década de los 1980, fichado S, quien había tratado de « delincuente » al maestro. Con un doble discurso según hablaba en francés o en árabe, Sefrioui denunciaba repetidamente a las « organizaciones sionistas » en Francia y a sus « servidores ». También criticaba el « Islam de Francia » y puntuando siempre sus ardientes sermones con la frase « ¡Allah akbar! » (Dios es el mejor). Así vemos que el « vivir juntos » no es precisamente su tema favorito…
Inmediatamente despues del ataque reciente, el Senado francés examinó el lunes 19 de octubre una propuesta de ley sobre laicismo, con el fin de consagrar en la Constitución francesa la preeminencia de las reglas de la República. Consagrando el principio de que « ningún individuo o grupo pueda basarse en su origen o religión para eximirse de la regla común ».
El mismo separatismo religioso se experimenta en Bélgica, aunque todavía permanece, hasta el día de hoy, dentro de los confines de las mezquitas. Así, en una mezquita de Bruselas, nos enteramos de la separación entre las « Koffars » (incrédulas) y las creyentes : se les pide que no estrechen la mano de las no musulmanas (del mismo sexo). El discurso también está cambiando : tratan del fin del mundo, de cuando los musulmanes saldrán victoriosos y que la tierra sea ya completamente bajo poder musulman… Se anima a las mujeres y las jóvenes a hacer campaña por el uso del velo en el lugar de trabajo y en el seno de las instituciones educacionales. Se les insta al Dawa (proselitismo) y también a convencer a las mujeres musulmanas para que vuelvan a seguir el camino correcto.
El tema del velo islámico en la función pública resurge con fuerza en varios municipios de Bruselas. Es otro ejemplo llamativo. Quienes se manifiestan y buscan promover su causa son, de hecho, de manera sistemática, quienes quieren imponer su visión religiosa en nombre de su concepción de « convivencia ».
Lo acabamos de ver a grandes rasgos : más allá de los buenos sentimientos y de los agravios, del “nunca más” y de las manifestaciones – donde, además, conviven simples oportunistas y auténticos laicistas, más allá de las palabras para alarmarse o para denunciar, más allá de las leyes y de bonitos principios, debemos ahora asegurar urgentemente su estricta aplicación. Aquí es donde deben trabajar los políticos y sus aliados.
Como señala el Observatorio de los Fundamentalismos en Bruselas, es urgente que los gobiernos y el Consejo europeo tomen medidas y dejen de financiar estructuras islamistas como el CCIB (Collectif Contre l’Islamophobie en Belgique) y ENAR (European Network Against Racism) vinculadas a los Hermanos Musulmanes, a las que están afiliadas varias de sus organizaciones miembros como FEMYSO o Etudiants Musulmans de France (antes UOIF).
Asimismo, es importante que las estructuras asociativas como la del Delegado General de los Derechos del Niño, UNIA, Actiris y otros “idiotas útiles” (profesores universitarios, periodistas, medios de comunicación y partidos políticos) dejen de trasmitir el discurso islamista dentro de nuestras instituciones.
En definitiva, cada día vemos un poco más que no es por el silencio que evitaremos la violencia que, tarde o temprano, se nos impondrá. Al contrario, urge afrontar juntos el islamismo político. ¿Podremos contar con verdaderos demócratas para defender la libertad de conciencia y expresión ?
Pascal Hubert es abogado, presidente de la Comisión Jurídica del Observatorio de los Fundamentalismos.
(1) del artículo de Étienne Girard y Paul Conge : « Hermano musulmán y pro-Hamas : Sefrioui, predicador detrás de la honda contra el maestro decapitado », Marianne Weekly, 17 de octubre de 2020.
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