Relève-toi
Relève-toi, tu n’es pas mort. Traverser ses peurs, c’est ne plus se fuir, c’est enfin prendre sa vie à bras le corps. Ainsi, avec mes voisins, ainsi avec ma propriétaire. J’ai cessé de faire semblant, j’ai pris la parole, j’ai dit la séparation. Pareil avec ma mère, qui m’invite ce soir pour un repas. Ne plus se laisser déposséder de sa propre vie, s’autoriser à la vivre enfin. Oser prendre le risque. Que perdre encore que je n’aie déjà manqué, par peur de vivre précisément. À cause de l’enfant mort en moi, de ce corps étranger incapable de danser et de se mouvoir dans la vie. Un corps à la dérive, sans envie ni désir. Un bois mort qui s’anesthésie pour oublier, pour moins souffrir, mais l’alcool ne peut pas tout, ne répare rien. Pour réparer, il faut affronter, il faut vivre avec soi ce face à face terrifiant. Il faut mettre fin au déni, ne plus refouler. Le mal est trop important, il revient par vague, irrigue sournoisement, submerge sauvagement, tenaille, harasse, éreinte et m’épuise. Creuser, désentraver, désenclaver. Crever l’abcès, faire éclore la souffrance. Pouvoir dire, sans crainte de s’effondrer. Pouvoir dire, sans crainte d’en mourir. Pouvoir dire et maudire. Sortir, aimer, danser, se prendre par la main, rire, entrer en lien. Tout ce que je n’ai jamais su faire, ne sachant pas comment faire pour vivre. 55 ans désormais et ce besoin vital, contraignant, obsédant de poursuivre toujours plus loin. Jusqu’au bout de ma vie, du réel, de ma vérité nue. Trop longtemps tue, ignorée de tous, maltraitée, enfuie en moi, tournant en boucle, pourrissant au fond du trou, au tréfond de ma gorge. À en crever, à supplier que ça s’arrête. Jour après jour, nuit après nuit, sans la moindre lueur d’espoir. C’est de la folie, à en devenir fou. Comme mon père. Et ce silence qui vous tue à petit feu, vous coupe en deux, vous vide de toute émotion. Comme ma mère. Ne plus perpétuer. Ne plus transmettre, mettre à mort le secret de la folie et du silence. Dire, écrire, vivre. Ne plus avoir honte, ne plus avoir honte de soi. Dissoudre le mal dans la vie, la source, l’amour. Cautériser la blessure du cœur. Ne plus sauver les apparences, se sauver soi. Ne plus avoir peur, ne plus enfuir, ne plus s’enfuir. S’autoriser à dire la souffrance. Au fond, ne plus être cet enfant apeuré, brisé, maltraité. Ne plus être cet enfant qui cherche à disparaître. L’autoriser à prendre sa place dans la vie, à s’épanouir, à se réaliser enfin. Ne plus se sentir coupable ou responsable. Se nettoyer du mal subi. Se nettoyer de cette image déplorable, souillée, défigurée qui gît, agonise, se meurt tout au fond de soi. Ne plus se laisser écraser ni humilier. Se relever de l’injustice, de la mort, du tombeau. Se nettoyer de la boue, du tourment, du froid. Je veux vivre, je veux aimer, je veux désirer. Je veux devenir moi. Pas après pas, depuis toutes ces années. Je veux m’ouvrir le cœur, je veux m’ouvrir au monde. La solitude, l’enfermement, la peur de vivre ne sont pas pour moi. C’est un accident de la route, ce n’est pas moi. Cela ne le sera jamais, plus jamais…
Pascal HUBERT
Si vous désirez témoigner sur ma chaîne YouTube (https://miniurl.be/r-45vs),
Rien de plus simple :
Adressez-moi un mail à hubert.pascal7@gmail.com ou deviens.ce.que.tu.es333@gmail.com
Cher Pascal,
Merci de ce beau texte riche en réflexion.
Je retiens : « C’est un accident de la route, ce n’est pas moi. Cela ne le sera jamais, plus jamais… »
Ce n’est pas moi…
Ne plus se réduire à ce que la non-vie a tué en nous par la folie d’êtres humains sans foi , ni loi
Ne plus se laisser entraîner dans la chute de l’autre par des loyautés invisibles
Ne plus prendre sur soi la honte et la culpabilité par un mécanisme d’ identification à l’agresseur (Sandor Frenczi)
Ne plus tourner en rond dans un système groupal devenu fou et s’extirper du jeu
Chemin de toute une vie qui coûte en énergie. Sentiment d’échec de ce qui n’aurait jamais dû être et qui a massacré tant d’années, mais chemin de libération, tant la famille ne se réduit pas à une question d’ADN.
Etre, dans sa richesse intérieure et faire « fructifier » nos dons, ce pour quoi nous sommes sur terre :
« Etre debout, ce n’est pas être fort à tout prix, c’est savoir qu’on peut se relever après être tombé. C’est accueillir cette fragilité, ces moments de doute ou même de désespoir qui nous habitent, en nous souvenant que nous sommes plus que cela. L’ombre que nous ressentons n’est jamais le tout de nous-mêmes, mais plus profond en nous, il y a la lumière qui nous vient d’ailleurs. » (Francine Carillo)
Bien à vous
Claire-Lise Rosset
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Merci Claire-Lise.
Oui, trouver enfin, ou retrouver cette liberté parfois trop longtemps confisquée. Avec elle rient – je voulais écrire « vient » – … la vie et le désir.
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Cher Pascal,
Il n’est jamais trop tard de faire le pas. La vie intériorisée, la vraie vie, celle à laquelle nous sommes appelés, nous est rendue au centuple.
Comme disait Françoise Dolto : « Eh bien, tu as raison de dire ta souffrance. Je suis là pour l’écouter…Et je ne peux pas y parer, car ta souffrance, c’est ça qui fait ta richesse. »
Bien à vous
Claire-Lise Rosset
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