En état de légitime colère

En état de légitime colère

« Les hommes passent la moitié de leur temps à se forger des chaînes

et l’autre moitié à les porter. »

Octave Mirbeau

Je suis en colère

Et ce grondement vient de la nuit des temps
De ces hommes et de ces femmes humiliés
Justes bons à expier leurs « pauvres péchés »
De la naissance à la tombe
Du baptistère à l’extrême onction
De la Sainte messe au confessionnal du curé
Mais, c’est chose certaine et indiscutable
Ces saints hommes sont au-dessus de tout soupçon
Leur appel divin en témoigne
Des hommes de Dieu
Pétris de grâce et d’amour pour leur prochain
Entre leurs mains, vous ne risquez rien
Ils tiennent le Corps du Christ !
Aucun scandale connu
Ou seulement par vengeance
Par quelques malheureux impies
En mal de vivre
Pour ternir la belle image
De la Sainte Église et de ses Serviteurs
Mais, puisque la Vérité rend libre
Refermons vite le grand livre du Mensonge
Demeurons fidèlement dans le sein de notre Mère l’Église
Celle qui est la porte de votre Salut
Bannir la chair, l’avortement, les doubles vies, les abus de pouvoir, l’argent sale, et le sexe coupable
Pour l’Amour de Dieu et de sa Sainte Église

Je suis en colère

Les belles apparences se fissurent enfin
À la face du monde et des croyants sidérés
Les belles paroles du dimanche
La proclamation de l’Évangile
L’amour du prochain
Vous qui prétendiez convertir l’humanité entière
Rien ne doit demeurer caché…
En voilà une farce, une imposture, un mensonge universel
Les fidèles y ont cru, à l’enfer, au péché originel, aux sacrements qui sauvent, à la prière qui guérit, à la sainteté du prêtre
Ces mêmes prêtres qui, trop nombreux, forniquent en secret, ont une double vie, ont femmes et enfants, ont forcé à l’avortement de leur rejeton, ont mis sous emprise, ont violé femmes et enfants, vivent une homosexualité débridée, abusent des corps et des consciences sans vergogne
Omerta et Sainte réputation priez pour nous…

Je suis en colère

Devant tant de vies gâchées
Pour avoir cru à ces bondieuseries

Au nom même de l’Amour
Pour ne pas avoir vu l’abîme

Entre vos « saintes » paroles et vos actes innommables
La vérité vient, une fois encore, de la société civile et des médias
Jamais du pouvoir religieux
Et il faudrait encore rester ?
Et il faudrait réformer ?
Et il faudrait encore se laisser berner ?
Au nom de l’Évangile ?
Au nom de Jésus ?
Au nom de Dieu ?

Au nom de « tous pécheurs » ?
Vous nous prenez pour des imbéciles ?
Que nous avons trop longtemps été
Au nom de votre imposture
Au nom des sachants le Bien pour nous
Au nom du déni
Au nom d’une foi pervertie
Au nom d’un idéal imaginaire
Au nom d’un sacrifice rédempteur
Au nom d’une soumission infantile
Par peur de la mort
Par ignorance
Par peur de vivre
Par oubli des abus innombrables du passé
Il est temps d’ouvrir les yeux
De reprendre sa liberté
De mettre fin aux abus sur les consciences et les corps
D’appeler un mal un mal, un crime un crime, une dérive sectaire une dérive sectaire
Bref, de nommer les réalités par leur nom

L’Église n’est jamais qu’une secte

Comme il en a existé tant d’autres

Avec leurs gourous et leurs fidèles adeptes

Avec, toujours, ces mêmes abus et dérives
Depuis la nuit des temps

Je suis en état de légitime colère

Et ce ne sont pas vos œuvres d’art ni même vos « bonnes œuvres », encore moins vos « bonnes victimes », celles qui demeurent encore dans le giron de l’Église malgré les abus subis, ni vos quelques « saints » pris aujourd’hui pour modèle de vertu avant la prochaine sidération, qui effaceront vos abus millénaires et tant de vies brisées à jamais au nom d’une prétendue Vérité tombée du Ciel…

Église et clercs, vous n’êtes pas au-dessus des lois des hommes. Il vous faut réparer pour tout le sang versé sur le Mont de vos infamies. En mémoire de vos victimes, s’il vous reste une once d’humanité, passez désormais de la parole aux actes : réparez vos crimes, au nom de l’Évangile que vous continuez à proclamer avec tant de foi. Mais, à dire vrai, je ne me fais aucune illusion. Le passé, définitivement, parle contre vous. Il vous faut durer, à n’importe quel prix. Au nom d’une Vérité autoproclamée, jamais vécue ni démontrée. Poursuivre votre Œuvre de soumission, telle est l’Essence même de votre Mission ! Puisqu’il vous est impossible d’admettre qu’il nous est possible de vivre sans vous, enfin…

Pascal HUBERT

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