Petit biais cognitif : pourquoi ai-je cru ?

Petit biais cognitif

 

« Mais enfin, regarde ! Regarde la foule immense de ceux qui ont cru. Et le nombre incalculable de ceux qui ont consacré toute leur vie à Dieu. Beaucoup étaient autrement plus intelligents que toi…. »
« Les erreurs systématiques maintiennent chez les personnes leurs croyances de base en dépit de la présence d’éléments concrets contradictoires. »

 

 

Pourquoi ai-je cru ?

Qui ne se pose des questions existentielles ? Croire pour expliquer le monde et son origine, c’est commode. Surtout quand tes proches y croient aussi. Et la culture, et la société dans laquelle tu vis et grandis. Dimanche après dimanche, tu entends les mêmes prêches, le même refrain, les mêmes mots culpabilisants et salvateurs. Péché originel, victime expiatoire, mais aussi résurrection. Mort, fruit du péché. Souffrance rédemptrice, prière. Voilà, en quelques mots, le sens de ce qui est, de la vie sur terre, de la mort. Voilà l’évidence des croyances partagées.

Tu t’accroches à ce que tu connais, ce qui donne sens à ta vie. D’autant que la vie, tu peines avec. Tu vis en toi quelque chose que tu ne comprends pas. Une souffrance refoulée qui te fait voir la vie différemment. Une enfance blessée que tu subis. Heureusement, Dieu existe, il comprend, il sauve. Croire, prier, ne pas douter. L’édifice est bancal, mais il doit tenir. S’accrocher, c’est une question de foi.

D’ailleurs, des milliards croient aussi. Et le doute est péché. Il ne vient pas de Dieu, mais du Mauvais. Il doit être combattu, refoulé. Il fait partie intégrante de toute vie chrétienne. La foi a toujours été éprouvée, mise à mal. Regarde la vie des Saints. Eux savent mieux que toi. Et l’Église, dont ils procèdent, mieux encore. Elle est de Dieu, voulue par Dieu. Suite discontinue et si belle de fidèles. Elle ne peut nous tromper ni se tromper. D’ailleurs, ne dure-t-elle pas depuis vingt-et-un siècles déjà ?

La boucle est bouclée. Autant de rhétoriques, de garde-fous, de vérités inoculées, pour demeurer sur le droit chemin. Et puis, la récompense ultime, enjeu de toute une vie : les promesses de Vie Éternelle, à qui restera fidèle à Dieu.

Ce n’est pas rien, ton Salut…

Qu’est-ce qui, finalement, a ébranlé mes croyances ?

L’édifice a fini par se fissurer. Lectures après lectures (parmi tant d’autres : Charles Juliet, Irvin Yalom, Sigmund Freud, Eugen Drewermann, Chahdortt Djavann, Jean Delumeau, Amandier et Chablis). Mots après mots (plusieurs livres écrits : de Paroles d’un libre croyant à D’une Vérité à l’autre, en passant notamment par Des illusions à soi). Rencontres après rencontres (de personnes sceptiques, d’autres mondes mentaux que le mien…). Le douloureux questionnement, le refus de voir. Et pourtant, le doute revient, lancinant.

Le péché originel, soubassement de tout l’édifice magistériel, n’a jamais existé. Personne n’a jamais vu Dieu, mais tous les croyants en parlent. Les scandales que l’on sait et que l’Église a caché, puis nié, puis admis. Son omerta, sa réputation avant tout, ses innombrables victimes tenues pour rien. Et ses innombrables dérives sectaires. Malgré les prêches du dimanche. Épiphénomènes ou systémiques ? Quelle cause ? Creuser !

Une brique de l’édifice bouge. Et si, du coup, tout était faux ? Édicter une morale et une doctrine sur le fondement d’un Livre sacré ? Tant d’intransigeances et de menaces au nom de Dieu ? Un Dieu à l’image des hommes, anthropomorphique, Père Fouettard… Une Bible écrite par les hommes de leur temps… Tous ces mythes pris aux pieds de la lettre… L’exégèse, les sciences, l’émancipation, la Démocratie, la modernité… Tant de contre-vérités dispensées au nom de la foi… Rien ne tient plus, tout s’effondre. Vraiment ? Résister pourtant ! Ce n’est pas possible, pas toute une vie bâtie sur du toc. Et Dieu dans tout cela ? Son Amour, sa Présence, sa Fidélité, notre Résurrection ? Tout serait donc faux, absolument tout ?

Tout déconstruire, tout reconstruire. Désormais, ne plus se faire illusion. Tout passer au crible de la raison. Abandonner toute image, toute représentation, tout… conditionnement. J’avais cru… Mais quoi au juste ? Sur quelle expérience personnelle ? À quel prix ? Après combien de reniements de soi ? J’ai cru, mais sans oser vivre. Comme par procuration, par fidélité à un « Autre ». Une idée, un concept. Qui s’avère nécessairement différent selon les cultures, sociétés, religions… Finalement, à quoi tout cela tient ?

J’ai cru sur la Parole d’une autorité religieuse. Pas de vérité absolue, la vie est nécessaire cheminement. Avec ses indispensables tâtonnements, ses rencontres diverses et enrichissantes. Ne plus juger ni se juger, ne plus culpabiliser, ne plus savoir. Apprendre à devenir soi, à s’aimer, à se réconcilier. Avec soi, les autres, la vie. Étonnante déconversion, en vérité.

Sacré bouleversement que de quitter son groupe d’appartenance, par fidélité à soi désormais. Malgré les sirènes, tout ce que tu pensais savoir. Tout ce qui, la veille, faisait encore ta vie. Et pourtant, il ne s’agit plus de lutter contre soi, il s’agit au contraire de s’aimer intégralement. Et de faire ainsi en soi l’unité, là où tout était confusion, fausseté, mensonge. Passage obscur, mort à soi-même, renaissance espérée.

La Vérité n’est pas là où on croit…

Étrange difficulté d’en sortir, pour une Vérité qui se voulait liberté…

Une dernière chose, capitale : dès que tu quittes les bancs de l’Église – là où tu priais sagement la « foi des apôtres » -, pour oser un regard du côté de sa hiérarchie, tu mesures le gouffre entre le dire et le faire. Entre le pauvre sujet et son riche monarque, la brebis docile et son Pasteur fourbe. Tu saisis, peu a peu, l’origine de ton mal-être. Tu comprends que les dogmes sont conçus comme autant de vérités indiscutables, ayant pour effet, si pas pour but, d’étouffer toute vie saine et toute liberté de penser par soi-même.

Tu comprends alors que ces vieux hommes célibataires entendent régir ta vie d’homme et de femme, dans ses moindres détails et malgré sa grande complexité. Au nom de leur Dieu, d’une idéologie, d’un Livre. D’une pensée unique, fluctuante au gré des siècles. Tu comprends alors que le pouvoir religieux n’est qu’un pouvoir parmi d’autres, destiné à soumettre les âmes crédules. En brandissant, depuis la nuit des temps, la menace de l’enfer. Tu vois, peu à peu, avec netteté et sidération, que derrière le bel édifice, où tu priais Dieu, se cachait seulement une secte…

Il n’est pas de Vérité divine, seulement des vérités humaines. L’Église n’aura cessé d’affirmer le contraire, de condamner au nom d’une seule Vérité. Toujours pour de mauvaises raisons, pour sauvegarder son édifice dogmatique. Voilà une bonne raison d’abandonner ses chimères totalitaires… Elle n’aura jamais été qu’une terrible imposture !

 

Et tu comprends désormais qu’il n’y a plus rien à sauver, si ce n’est le plus important : la fidélité à soi.

Pascal HUBERT

 

 

 

Pour aller plus loin : Raison, démarche scientifique versus foi, biais cognitif…

UNE GUIDE SPIRITUELLE DEVENUE SCEPTIQUE 

Jessica Schab, alias Jessica Mystic, a contribué à la diffusion de la spiritualité New Age à travers le monde. Aujourd’hui sceptique, elle s’exprime sur les dangers de croyances qui lui furent un jour si chères.

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